Algérie

les personnes âgées sans dispositif de protection les cas de maltraitance en augmentation



les personnes âgées sans dispositif de protection les cas de maltraitance en augmentation
Des personnes du 3e âge sont privées de la chaleur familiale pour être placées dans des foyers, violentées par leur propre chair en perte de repères. La maltraitance des personnes âgées s'installe dangereusement dans notre société.Selon la Gendarmerie nationale, le nombre d'affaires liées aux violences sur ascendants est passé de 461 en 2010 à 637 durant le 1er semestre 2012, alors que 213 personnes âgées vivent dans des centres de l'Etat. Une situation qui a poussé les pouvoirs publics à lancer un plan d'action. Il y a quelques années, frapper un de ses parents ou le chasser de la maison constituaient des actes impensables et impossibles à vivre. Pourtant, les bouleversements qu'a connus la société algérienne en raison de la crise économique et surtout de la décennie de violence terroriste, la prolifération du trafic de drogue et de psychotropes ont engendré des changements radicaux et violents dans les comportements de générations entières. Les premières victimes de ces mutations sont les personnes les plus vulnérables comme les enfants mais aussi les personnes âgées.
Chaque année, les statistiques liées à la délinquance et à la violence sur les ascendants (parents et grands-parents) connaissent une hausse inquiétante et interpellent de plus en plus les spécialistes. Ainsi, le nombre des affaires (de violence sur ascendants), traitées par les services de la Gendarmerie nationale est passé de 461 en 2010, avec 324 victimes (dont 157 femmes) à 602 en 2011 avec 358 parmi lesquelles 8 femmes, pour atteindre 637 durant le premier semestre de 2012. Les coups et blessures volontaires occupent la première position sur la liste des violences, suivis des plaintes pour injures et pour coups et blessures avec arme blanche.
Cette forme de criminalité touche toutes les wilayas du pays, y compris celles du Sud, où généralement la cellule familiale reste encore soudée. La même tendance est constatée au niveau des services de la Sûreté nationale, avec néanmoins des chiffres plus importants, étant donné qu'il s'agit des zones urbaines à forte concentration de la population. Ainsi, le nombre d'affaires enregistrées par la police a connu une baisse relative en 2011 avec 2782 dossiers traités, alors qu'il était de 3100 en 2010. Il a augmenté en 2012 pour atteindre 2816 affaires.
Durant le premier semestre 2013 (du 1er janvier au 31 août), 1900 affaires ont été enregistrées. Pour nos interlocuteurs, derrière chaque plainte il y a ascendant qui subit une violence. Les auteurs sont de plus en plus nombreux aussi bien dans les statistiques de la Gendarmerie nationale que dans celles des services de police. Ainsi, en 2010, les gendarmes ont arrêté 465 personnes auteurs de violences sur ascendant. Leur nombre a atteint 549 en 2011 et 607 durant le 1er semestre 2012, dont 24 mineurs. Les services de police ont, quant à eux, procédé à l'arrestation de 2445 auteurs dont 220 femmes ainsi que 104 mineurs dont deux filles. En 2011, ils ont arrêté 2128 personnes (dont 91 femmes) et 70 mineurs. En 2012, le nombre des mis en cause a atteint 2216 adultes de sexe masculin, 84 femmes et 79 mineurs. Au 31 août 2013, les policiers ont arrêté 1521 jeunes hommes, 58 mineurs (dont 10 filles) et 67 femmes.
Des lois qui attendent des textes d'application
Qu'elles soient traitées par la gendarmerie ou par la police, toutes ces affaires montrent que la tranche d'âge la plus importante des auteurs de violence sur ascendant est comprise entre 18 et 30 ans, alors que les mineurs sont en train de faire une percée considérable. La promiscuité, la crise du logement, le chômage, l'absence de repères, la démission parentale, la déperdition scolaire, l'absence de loisirs sont autant de maux qui poussent les membres de la famille à se rebeller contre l'autorité parentale et souvent avec violence. Si certains recourent aux coups et blessures entraînant parfois la mort pour soutirer de l'argent ou prendre des bijoux, d'autres, plus aisés et souvent plus instruits, pour mettre fin aux disputes familiales, optent pour la solution la plus brutale : placer un des parents dans un centre de vieillesse. Une terrible souffrance qu'il va falloir subir à la fin de la vie.
La situation de nos aînés n'est pas du tout reluisante, elle inquiète les plus avertis parce qu'elle ne cesse de se détériorer.
Promulguée en 2010, la loi (10/12) relative à la protection des personnes âgées prévoit, dans ses articles 32 à 37, des sanctions pénales et met l'Etat dans l'obligation d'assister les personnes âgées, de lutter conte toute forme d'abandon, de violence, de maltraitance, d'agression, de marginalisation et d'exclusion du milieu familial et social ; elle n'a malheureusement pas réduit les souffrances des personnes âgées.
Suspendue à neuf décrets d'application ' dont deux ont été publiés, cinq sont au secrétariat général du gouvernement et deux autres en préparation ' cette loi avait pour objectif non seulement de réprimer les auteurs de violences, mais aussi d'améliorer la prise en charge des personnes âgées, qu'elles soient dans les foyers de l'Etat ou dans des familles d'accueil. Directrice générale de la famille au ministère de la Solidarité, Mme Ladjal estime que parmi les 2130 pensionnaires (dont une moitié de femmes) des centres pour personnes âgées, une bonne partie comprend des malades souvent sans domicile fixe ; certains ont une famille et d'autres non. Elle précise néanmoins qu'entre 2012 et 2013, 90 ont été reprises par leurs familles, alors que 8 ont été placées dans des familles d'accueil.
Hier, à l'occasion de la Journée mondiale des personnes âgées, un plan d'action en faveur de cette catégorie de population a été adopté par le comité national chargé de leur protection et de leur bien-être institué en'1999. Composé de représentants d'une vingtaine de ministères et d'administrations ainsi que de représentants de la société civile, ce comité a mis en place une batterie d'actions de protection juridique, sociale, économique et sanitaire ainsi que des mesures d'accompagnement.
Il s'agit, entre autres, de la promulgation d'une charte pour les personnes âgées, de l'humanisation des centres d'hébergement, d'aide, de soutien et d'accompagnement à domicile, de création de maisons de retraite, d'aménagement d'espaces publics réservés à cette frange de la population, d'assouplissement des procédures de retraite, d'actualisation des pensions, de participation des personnes âgées à la vie économique, d'encouragement des rencontres entre jeunes et vieux, de lutte contre la solitude des femmes âgées, etc. Mais en attendant la concrétisation de ce plan, des milliers de personnes âgées continueront à souffrir encore des années et finiront certainement leur vie sous les arcades de nos villes, dans les centres pour vieux et dans nos hôpitaux sans avoir la chance d'avoir une fin meilleure'.


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