Algérie

LES PERIMETRES PUBLICS DEVENUS PRIVES



Il faudra bien admettre qu'entre la rente et la corruption l'intervalle est bien court. L'une et l'autre s'entremêlent souvent pour que le compromis et la compromission se confondent donnant au sens du droit acquis une compréhension immuable ouvrant la voie à toutes les dérives. Quand elles servent de monnaie d'échange entre un pouvoir et un peuple et quand elles ne reposent pas sur l'exigence de l'effort, les lois sociales ne se limitent plus à un partage équitable des richesses nationales mais elles assoient une gouvernance pervertie.On a beau dire, protester et marcher tous les vendredis mais on ne doit pas être choqué cependant par le trop-plein actuel des personnalités dans les prisons car il est le résultat de ce que l'on doit admettre comme un tacite deal passé, sans doute imposé, il va de soi, entre des gouvernants et une majorité de la population. Selon leurs accointances, leurs amitiés, leurs connaissances, leurs forces et leurs prérogatives, rares sont les Algériens qui ne se sont pas impliqués dans la distribution désordonnée de biens et de faveurs, les uns légitimes, d'autres indus, rendant les périmètres publics et communs d'activité des Algériens des carrés privés et personnels. Une analyse pointue sur le fonctionnement de nombreuses administrations et l'étalage sans pudeur de bon nombre de richesses sans efforts acquises donneraient une indication probante sur la gestion du pays. L'état des lieux révélerait toute la profondeur du dilemme algérien.
A l'évidence, le crime des hauts responsables incarcérés est acté et il n'est pas nécessaire de s'appesantir sur une sacro-sainte innocence présumée car la sacralité de la fonction et la responsabilité qu'elle induit n'autorisent ni le troc des services rendus ni l'obéissance aveugle aux instructions venues d'en haut comme l'a affirmé pour se défendre un ancien Premier ministre. L'histoire de l'Algérie a démontré selon les conjonctures flexibles au gré des gouvernants que seul le peuple a eu le loisir de se dédouaner. Il serait fort à parier que si Bouteflika ne s'était pas cloué sur une chaise roulante, il aurait encore trôné sur un fauteuil d'apparat pour encore un temps.
La règle dont il avait abusé avec outrance et poussée vers la généralisation n'imposait pas de nuance entre le compromis et la compromission.


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