Les pelouses du désert

Voyant profiler à l’horizon des futurs conflits pour l’eau douce, même les pays nordiques, ainsi que ceux à fort taux de pluviométrie commencent à instaurer une politique pour économiser cette précieuse denrée.

En raison de son climat semi-aride et son faible taux de pluviométrie, l’Algérie ne cesse de déployer des efforts colossaux pour l’édification d’ouvrages hydrauliques et stations de dessalement de l’eau de mer.

Pendant ce temps, utilisant les moyens étatiques de cette même Algérie qui lutte, certains de nos concitoyens dans les bases de vie du Sud (Hassi Berkine) sont entrain de pomper en grande quantité à partir de la nappe phréatique une eau millénaire, profonde et désormais non renouvelable, mais dont une grande partie est dilapidée inutilement. Cela pour créer des pelouses de gazon, juste pour le plaisir des yeux du personnel expatrié, ainsi que celui de quelques nationaux inconscients de l’ampleur de l’hémorragie.

C’est donc sous un soleil de plomb qui aspire toute goutte d’eau qui le défie, que sont déversées à profusion de grandes quantités d’eau pour inonder des parcelles de sable pour faire pousser le gazon, puis l’entretenir pour qu’il demeure constamment vert, sinon il jaunira rapidement sous l’effet d’un soleil torride et omniprésent.

Mais l’abondance d’eau fait qu’il demeure toujours vert, périodiquement, ce gazon est soigneusement tondu et…rebelote.

Vu que le gazon et le désert ne peuvent faire bon ménage qu’à un prix insoutenable, n’est-on pas entrain de nous entêter contre la loi de la nature et essayer de remplir des tonneaux de Danaïdes avec une inestimable denrée, qui fera inévitablement défaut à nos arrière-petits-enfants ?

Alors, ces derniers auront toutes les raisons de nous maudire, nous qui connaissions la prescription de Dieu :

« Mangez et buvez, mais ne gaspillez point »


Article d’un citoyen / Hassi Messaoud / El Watan du 24/9/2009
Par Abdelouahab Karaali