Une nouvelle victime est venue s'ajouter hier au triste bilan des
personnes décédées, cette année, parmi les hadjis algériens.
Il s'agit d'une femme habitant Oran, âgée de 33 ans, qui s'est éteinte en
plein ciel, une heure après avoir quitté les terres saintes à bord du premier
vol de retour à destination de l'aéroport international d'Oran-Es Senia. Un vol
arrivé hier aux environs de 12h 30, avec une dizaine d'heures de retard, car
attendu, selon le programme initial, depuis 3h du matin. Selon des informations
recueillies auprès du personnel médical du terminal à chapiteaux de l'aéroport
d'Oran, espace consacré exclusivement à l'accueil des hadjis, «la victime, une
trentenaire souffrant d'une grave maladie chronique, serait décédée d'un arrêt
cardiaque, à peine une heure après le décollage de l'avion».
Les premiers hadjis ayant franchi
la zone de contrôle de la PAF, même parmi les plus jeunes, laissaient
apparaître des signes assez marqués de fatigue et d'épreuves. Quoi de plus
normal, dirait-on, après un aussi long et éreintant voyage. Mais la longue
distance du périple n'explique pas tout.
Beaucoup de hadjis n'ont pas
caché leur déception, voire même leur colère, pour certains, à propos des
conditions de leur séjour dans les terres saintes, qualifiées cette année de
«catastrophiques». «Je suis heureux de rencontrer enfin des journalistes.
Croyez-moi, on a essayé de vous contacter depuis La Mecque pour dénoncer le
calvaire qu'ont vécu les hadjis algériens, dans l'indifférence totale,
particulièrement à Minen, Arafat et Mouzdalifa », nous confie, de prime abord,
un hadji quadragénaire, après qu'on l'ait interpellé pour prendre ses première
impressions. Pour un autre hadji, avocat de son état, ça a été «un massacre»,
dira-il sans ambages, en parlant de «la présence de 36.000 hadjis algériens
pour lesquels on aurait mis à disposition uniquement 25.000 places
d'hébergement.» Personne n'a voulu se casser la tête parmi les responsables de
la mission pour trouver des solutions pour ces gens. C'est simple, les
personnes en surplus ont dû passer leurs nuits à la belle étoile», a-t-il
ajouté.
Même son de cloche pour un autre
hadji qui a accompli le rite du Hadj en qualité d'accompagnateur de sa mère âgée.
Pour ce jeune pèlerin, originaire de Sidi Bel-Abbès, la faute de ce «désastre »
incombe principalement aux membres de la Mission algérienne aux lieux. On n'a
vu personne parmi ces gens là depuis notre arrivée jusqu'à notre retour. On a
dû, ma mère et moi, passer une nuit dehors, à la belle étoile, avant qu'un
groupe de jeunes Algériens se soit porté volontaire pour nous laisser leurs
places sous la tente où ils étaient hébergés. Autre anecdote racontée par un
hadji d'Oran : «vous voyez ce vieil homme ? Il s'est égaré pendant quatre
jours. On a dû s'organiser tout seuls, sans l'assistance d'aucun officiel pour
mener les recherches. On a fini par trouver la trace du vieillard égaré dans un
site lointain grâce à des Algériens qui ont eu vent de l'avis de recherche
qu'on a lancé au sein des hadjis de notre communauté.
Les membres de la Mission qu'on a
réussi à contacter par téléphone n'étaient même pas capables de nous faire
parvenir un véhicule pour ramener le vieil homme. Encore une fois, on a dû
s'organiser tout seuls et on a ramené le vieux hadji en le portant sur nos
épaules jusqu'au campement.» Et d'ajouter: on remercie Dieu pour le courage et
la solidarité qu'il nous a donné, et on rend un hommage particulier aux
médecins algériens qui étaient sur place, les seuls qui étaient disponibles à
tout moment pour prendre soin des personnes les plus faibles.
Aussitôt débarqués à l'aéroport
international Mohamed Boudiaf, les hadjis de la région de Constantine, dont un
premier contingent de 28O membres est arrivé vendredi aux environs de minuit.
Interrogés à la radio lors des informations locales d'hier, ils sont tombés à
bras raccourcis sur l'organisation générale du pèlerinage de cette année et la
mission algérienne, en dénonçant ses multiples défaillances lesquelles, le
moins qu'on puisse dire, ont-ils affirmé, leur ont occasionné énormément de
fatigue tout en mettant leurs nerfs à rude épreuve. Les récriminations des
hadjis sont très nombreuses: ainsi, entre autres, un hadji affirmera: «A Arafa,
comme à Mouzdalifa, nous nous sommes retrouvés livrés à nous-mêmes… il n'y
avait personne pour nous orienter». Une vieille hadja, visiblement impatiente
de dire ce qu'elle avait sur le cÅ“ur lança à haute voix: «Que voulez-vous qu'on
vous dise, l'organisation était une véritable catastrophe ! » en répétant haut
et fort ce dernier mot à trois reprises. «Nous avons éprouvé de grosses
fatigues et c'est uniquement grâce à Dieu que nous sommes revenus sains et
saufs !», cria une autre.
Un groupe de quatre hadjis a
décrit le calvaire des pèlerins en débarquant à Minen où ils furent fort
surpris de voir que leurs bagages n'ont pas suivi, où on les a obligés à
marcher 7 km à pied. «Il y a pire, dit un autre, car nous avons constaté que
dans les camps de chaque pays participant, flotte le drapeau national, sauf
dans le camp algérien. C'est une honte! ». Ils ont été unanimes à dire qu'ils
ont énormément souffert de l'organisation, ou de l'absence de celle-ci,
toujours en pointant du doigt la Mission algérienne. «Mais Allah Ghaleb, c'est
comme ça ! », dira avec fatalisme un autre hadji.
«Nous sommes bien arrivés, mais
ils faut dire franchement que nous avons été maltraités, soit par les membres
de notre propre mission, soit par les autorités saoudiennes qui nous ont
obligés, par exemple, à se lever à 5h sous peine de ne pas être transportés
alors qu'ils donnent rendez-vous à 10h pour les autres.» Il y a surtout les
conditions de saleté dans lesquelles nous avons été contraints de vivre et que
nous n'avons pu supporter», déclara à son tour une autre hadja. «On nous oblige
à embarquer nous mêmes nos bagages dans les camions», s'est plaint un autre.
«Nous avons été abandonnés et nous n'avons trouvé personne pour nous guider»
ajouta un autre. Enfin, le dernier à parler dira tout simplement qu'il faut
aussi blâmer les familles qui envoient des parents âgés sans aucun
accompagnateur pour les aider, au moins, à porter leurs bagages. Pour terminer,
signalons que l'aéroport de Constantine accueillera, jusqu'au 3 décembre
prochain quelque 25 vols de hadjis en provenance de Djeddah, et ce, à raison
d'une à quatre arrivées par jour. A leur arrivée, les hadjis trouveront,
heureusement, toutes les conditions d'accueil à commencer par la santé où une
équipe médicale, disposant de locaux aménagés, a été installée à l'aéroport
pour intervenir en cas d'urgence ou de constat d'état anormal en prodiguant les
premiers soins aux arrivants.
Les attitudes envers les algériens sont des attitudes de considération politique.On dirait qu'il y un leitmotiv contre eux et une volonté délibérée de porter atteinte à leur dignité,un véritable complot du à une propagande bien orchestrée .
koulidji - retraité - Oran, Algérie
16/12/2010 - 9290
LA mission chargée du Hadj ne s'occupe que d'elle même.Le jour où tous mêmes hadjis seront logés à la même enseigne,nous arriverons peut-être à mieux gérer les pèlerins.Pour le moment ,il y a deux poids et deux mesures.D'autres part il y a un véritable dédain de la part des saoudiens envers les algériens.Les chauffeurs des cars sont presque tous des égyptiens qui méprisent les algériens et refusent de les prendre dans les cars par vengeance.
AG Benahmed - retraité de l'education - Tlemcen, Algérie
16/12/2010 - 9289
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Posté Le : 22/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti & A Mallem
Source : www.lequotidien-oran.com