Les marches et contre-marches en Egypte ont viré au bain de sang. L'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi fait ressortir toute la Tunisie dans la rue, tout comme l'assassinat, hier, d'un opposant et de deux officiers libyens à Benghazi provoque des émeutes.L'Egypte, où le mouvement de renversement du président Morsi et du gouvernement des Frères musulmans n'a pas fini de provoquer des remous, risque de connaître des jours encore plus difficiles. Au-delà du bilan macabre, l'inquiétude reste grandissante, sachant que le ministère de l'Intérieur a annoncé qu'il allait déloger les Frères musulmans des deux principales places qu'ils occupent au centre du Caire depuis la destitution du président Morsi. Mais le pouvoir provisoire en Egypte n'est pas au bout de ses peines, puisqu'au Sinaï, les terroristes continuent de s'attaquer aux forces de sécurité, ouvrant un front qui ne serait pas facile de renfermer, sachant la proximité avec la bande de Gaza. En Tunisie, l'assassinat de Mohamed Brahmi a provoqué un soulèvement de la population qui demande le départ du gouvernement et du Conseil consultatif.
La Tunisie, qui avait découvert avec effroi le terrorisme, avec l'assassinat de Chokri Belaïd et surtout les affrontements de son armée avec le groupe retranché du côté de Djebel Chaâmbi, sait qu'elle doit composer avec cette nouvelle menace, sachant que beaucoup de Tunisiens ont été enrôlés pour aller combattre en Syrie.
Alors que la Tunisie enterrait Mohamed Brahmi, hier, le chaos s'installait à Sidi Bouzid, berceau de la révolte où l'on a décrété une séparation du pouvoir central, ou encore à Gafsa où le gouverneur issu d'Ennahda aurait pris la fuite. Rached El-Ghannouchi, tout comme son Premier ministre ont vite réagi à l'assassinat de Brahmi, accusant des parties, sans les nommer, de vouloir remettre en cause l'expérience tunisienne. En fait, ces deux hommes savent qu'Ennahda était attendue au tournant et que son règne ne tiendrait qu'à un fil.
La Libye n'est pas en reste puisqu'elle vit au rythme d'assassinats et de liquidations ciblées. Plusieurs officiers et personnalités ont été assassinés, notamment à Benghazi, berceau de la révolte populaire contre l'ancien régime, sans que le nouveau gouvernement parvienne à maîtriser la situation. Curieusement, on n'entend plus la voix de la France sur ce dossier, encore moins celle de Bernard Henry Levy, ou encore celle du Qatar.
Tout le monde aura lâché la Libye, la laissant livrée aux règlements de comptes sanglants et en proie aux milices armées qui refusent toujours de rentrer dans les rangs.
Le renversement du président Morsi a été salué par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui ont vite sorti leurs chéquiers. Ce n'est certainement pas par souci de démocratie, mais plutôt pour en finir avec leur ennemi juré : les Frères musulmans, qui contrarient leurs plans d'expansion wahabbo-salafiste dans le monde arabe. En revanche, le Qatar a pris acte, du bout des lèvres, du changement intervenu en Egypte, sans aller plus loin.
«Le Printemps arabe» aura vécu et il serait temps d'en tirer toutes les conséquences.
Le passage d'un régime dictatorial à un régime démocratique peut-il se faire en un clin d''il ' Le monde arabe est-il condamné à une démocratie imposée par les seuls partis islamistes ' Les bouleversements en cours dans le monde arabe, s'ils ne devraient pas remettre en cause le bannissement des dictatures, ne devraient pas, non plus, servir de champ d'expérimentation à des religieux pour qui la politique n'est qu'un moyen d'arriver au pouvoir, quitte à ce que cela provoque un bain de sang et une instabilité chronique.
A B
Nom
Adresse email
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Azzeddine Bensouiah
Source : www.liberte-algerie.com