Algérie

Les pauvres sont toujours majoritaires



Aucun gouvernement dans le monde ne l'assumera publiquement, surtout pas en période de campagne électorale, surtout pas quand le pays « n'a pas besoin de ça », ses sources d'inquiétude étant multiples et ses chantiers trop vastes pour se permettre d'ouvrir de nouveaux « fronts ». Surtout pas celui-là ! Il n'est pas besoin d'analyses savantes d'experts en évaluation de conjonctures et de spécialistes de la prospective pour savoir que les crises sociales sont le cauchemar permanent des gouvernants. Les raisons et les explications sont de nature basique. Elémentaire, dirait l'autre : d'abord, les femmes et les hommes d'Algérie et d'ailleurs veulent mieux vivre. Et quand la tendance est plutôt à la régression de niveau de vie, qui se manifeste essentiellement dans la dégradation de leur pouvoir d'achat, les conséquences sont toujours redoutables. Ensuite, les femmes et les hommes d'Algérie qui vivent plus ou moins mal sont nombreux ou trop nombreux. En tout cas, nettement plus nombreux que les « autres ». Quel que soit le niveau de développement et d'émancipation d'un pays, les pauvres ou, pour faire un peu d'euphémisme, les « bourses modestes », sont toujours plus nombreux que les riches, ceux qui n'ont pas de problèmes de fin du mois, ceux qui n'ont pas de problèmes d'ordre matériel tout court. À ce titre, on n'a pas besoin non plus qu'on nous fasse un dessin. Plus on est nombreux, plus on est craint. Depuis quelque temps, on appelle ça la capacité de nuisance même si la formule revêt beaucoup d'approximation. Pour plein de raisons dont la plus importante est que le nombre ne fait pas toujours l'efficacité d'une « force de pression ». Les gouvernants qui sont aux affaires en Algérie n'ont donc « pas besoin de ça » et ça tombe très mal, puisqu'on y est vraiment. Et quand le Premier ministre va à l'Assemblée nationale dire, en appuyant sur les mots, que l'Etat algérien ne renoncera jamais à son caractère social, il dit... ce que tous les pouvoirs d'ici et d'ailleurs disent parce que ce serait le comble qu'il dise le contraire ! Pour autant Aïmene Benabderrahmane est plutôt dans l'explication : réorganiser les transferts sociaux ne veut pas dire y renoncer et, manifestement, tout le monde ne le sait pas. Mais on ne sait pas non plus comment le gouvernement va s'y prendre. Pour l'instant, on distribue encore l'aumône au lieu d'organiser la solidarité. Quant aux subventions, elles sont économiquement aberrantes, moralement humiliantes et, par-dessus tout, socialement injustes. On n'a pas encore vu de projet alternatif en l'occurrence.S. L.


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