Algérie

Les patrons souhaitent une révision de l'accord



Les opérateurs économiques estiment que l'entreprise algérienne ne pourra pas faire face à la féroce concurrence qu'engendrera l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange (ZLE) prévue par l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union européenne à compter du 1er septembre prochain. La plupart des patrons avouent qu'ils ne se sont pas préparés convenablement à cette nouvelle donne du marché.Ils constatent que les termes de l'accord ont été conclus par les négociateurs au début des années 2000 au détriment des entreprises locales. "Nous serons confrontés à une concurrence déloyale notamment dans les domaines liés, entre autres, à l'agroalimentaire, à la chimie et à la pharmacie, qui ne sont pas favorables aux entreprises algériennes", souligne Abdelwahab Ziani, président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire.
Cela est dû essentiellement au fait que les opérateurs nationaux n'aient pas été consultés lors des rounds de négociation entre l'Algérie et l'UE. "À l'époque, les responsables en charge de ce dossier n'ont pas identifié les producteurs locaux. Avec le démantèlement tarifaire programmé dès le mois de septembre prochain, les sociétés algériennes feront face à une rude rivalité de leurs homologues européennes", affirme M. Ziani. Pour lui, il est grands temps de protéger la production nationale, surtout ceux qui fabriquent de la matière première et des produits finis.
Avec des droits de douanes à taux zéro, avertit-il, ce sont des pans entiers de notre économie qui risquent de disparaître. D'où la nécessité de rediscuter les clauses de l'accord, sinon des milliers d'entreprises vont mettre la clé sous la porte causant ainsi la perte de milliers de postes d'emploi. Il faut, de ce fait, reconquérir le marché national. L'Algérie ne doit pas continuer à importer des produits déjà fabriqués localement.
En revanche, les inputs entrant dans la fabrication des produits dans notre pays peuvent être importés même à taux zéro, indique M. Ziani. Car cela créera davantage d'emplois et de richesses. De son côté, Mohand-Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), relève que l'économie nationale est actuellement sinistrée et la mise en place d'une telle zone reste inopportune, voire dangereuse.
"Il faudrait au préalable mettre de l'ordre dans la maison Algérie et réinventer une nouvelle économie, avant de négocier de tels contrats", précise-t-il. Le président de la CNPA reconnaît que l'Algérie ne doit pas reporter ces échéances indéfiniment, mais tel que les choses se présentent aujourd'hui, l'entreprise algérienne n'est pas prête pour cet espace commercial. Elle pourra se positionner peut-être sur quelques rares créneaux, ajoute-t-il, mais pour la majorité des secteurs, elle ne s'est pas préparée sérieusement. M. Naït Abdelaziz suggère par conséquent, au gouvernement, de chercher un nouveau modèle économique parce que, argue-t-il, rien n'a été fait sur ce plan depuis plus de 20 ans.
Durant toute cette période, le pays a, pour la consommation locale, recouru à l'importation qui a complètement détruit la production nationale. Il faut dire que l'Algérie, étant un pays rentier vivant de ses importations, signe des accords qui permettent à ses partenaires d'envahir son marché sans payer les droits de douane. En contrepartie, notre pays ne bénéficie nullement de ce dispositif puisque ses exportations hors hydrocarbures demeurent insignifiantes. Les produits algériens peinent à se faire une place dans la zone euro, en dépit de leur qualité acceptable, car ils sont souvent frappés de taxes et de blocages parfois bureaucratiques.
Ce déséquilibre donne ainsi le plein droit à l'Algérie de revoir les dispositions de ces accords. La création de la ZLE devrait se faire avec des pays où les produits algériens ont plus de chance de se placer. Si les produits de tout genre en provenance des pays européens entrent sur le marché national, les industriels algériens, notamment ceux de l'agroalimentaire, rencontreront toutes les difficultés du monde pour écouler leurs produits...

B. K.


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