Algérie

Les patrons inquiets et déçus



L'Exécutif veut serrer davantage la vis aux importations, en adoptant des mesures jugées "contraignantes et dont le coût économique et social est évident".Le gouvernement vient d'ouvrir un nouveau chapitre dans ses tentatives d'encadrement du commerce extérieur, annonçant de nouvelles mesures restrictives dans ce domaine.
Ainsi, il faudra, " à l'avenir, soumettre tout engagement financier dans l'importation et toute transaction en devises à l'approbation préalable du Conseil du gouvernement en vue de protéger le produit national, encourager sa consommation au niveau local et préserver les réserves de change", peut-on lire dans un communiqué de la présidence de la République, rendu public au terme de la réunion du Conseil des ministres, tenue dimanche.
De même, ajoute le document, il faudra, dorénavant, "soumettre à l'approbation préalable du Conseil du gouvernement ou du Conseil des ministres, en cas de nécessité, toutes les mesures relatives à la définition de la liste des produits interdits à l'importation".
Il semble que, ce faisant, l'Exécutif veut serrer davantage la vis aux importations, en adoptant des mesures jugées "contraignantes et dont le coût économique et social est évident", selon certains chefs d'entreprise contactés par Liberté.
"Je pense que cette histoire ne peut pas être vraie et qu'une erreur s'est glissée quelque part dans le texte dont il est question", estime un chef d'entreprise, contacté par nos soins.
"Cependant, si c'est vrai, nous sommes devant une situation qu'il faut refuser. Si c'est vrai, cela donne une impression troublante des annonces que le gouvernement fait pour relancer l'économie.
Si le gouvernement affirme que c'est vrai, cela va à l'encontre du bon sens, car, nous connaissons l'impact présent et futur qu'auront toutes ces mesures sur l'économie de manière générale.
Si cela se vérifie, nous aurons là un sérieux obstacle à une relance efficace et durable de l'économie, de l'entreprise et de la production dont l'Exécutif se veut le promoteur", estime notre interlocuteur. Pour lui, "tout le monde pense que c'est une grave erreur et que le gouvernement se trompe complètement de direction".
Les chefs d'entreprise restent, en tout cas, dans l'expectative, exprimant tantôt des inquiétudes, tantôt des déceptions. De son côté, Mohamed Siad, président-directeur général du groupe Siad, spécialisé dans la distribution de produits et services dans plusieurs branches d'activité, comme la logistique et les équipements de construction et de travaux publics, déclare : "Nous devrions attendre qu'il (le gouvernement) nous notifie les mesures adoptées et qu'il nous les explicite."
Car, dit-il, "cela n'est pas très clair". De son point de vue, "si l'Exécutif a établi de telles dispositions, c'est parce qu'il y a, dans une minorité des cas, des abus en matière d'importation". Il rappelle, par ailleurs, que "dans un passé lointain, l'importation était soumise à ce type de procédure, avec une commission ad hoc qui s'y attelait".
Mohamed Siad explique qu'au-delà de ces mesures, "il nous faut des professionnels qui soient en mesure de tâter le pouls mondial de ce secteur (commerce extérieur) en rapide évolution et des règles de régulation du marché plus claires". "C'est la seule façon par laquelle le gouvernement peut répondre à la demande du marché en matière d'importation et le faire de manière à ne pas souffrir du manque de produits ou de matières premières."

Youcef SALAMI


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