Algérie

Les patrons font bouger les lignes



Les patrons font bouger les lignes
Les présidents du FCE et de la Caci, Ali Haddad et Laïd Benamor (à gauche), lors du Forum«Je suis heureux et chanceux d'être un ami de l'Algérie» a lancé Jack Lang, directeur de l'Institut du Monde arabe à la clôture du Forum.Coup de canon jeudi dernier à Paris. L'Institut du Monde arabe a vu, en effet, la présentation officielle de la Caci France (Chambre algérienne du commerce et de l'industrie en France), un «bébé» né en septembre 2014. Et pour couver et entourer des meilleurs soins ce nouveau-né, 400 invités dont des chefs d'entreprises, des professionnels et des responsables d`institutions économiques d`Algérie et de France ont participé à la première édition du Forum économique algéro-français qui a eu lieu toujours jeudi dernier, à Paris.Cette manifestation économique d'envergure présage d'une dynamique économique sans précédent dans la mesure où elle a d'emblée créé une réelle synergie entre le différents participants. Placé sous le thème «Le renouveau d'une économie dynamique», cet événement organisé par la Caci France en collaboration avec le Forum des chefs d'entreprises (FCE) a pour objectif «d'informer et de créer des opportunités d'affaires» dans le cadre du développement des relations partenariales entre la France et l'Algérie.Cet objectif principal étant d'explorer des opportunités d'affaires en Algérie, n'a pas pour autant altéré l'appel du pays. Le langage des tripes était perceptible: «Je ne veux plus repartir dans mon pays, l'Algérie, pour assister au mariage des cousins ou me recueillir sur la tombe de mes ancêtres» se plaint fougueux, le jeune Abdelkrim Bennour, responsable au sein du groupe mondial Igram Micro. Bennour, Kim pour les intimes et qui s'est rebaptisé «Frangérien», s'exprimait en marge de cette rencontre-événement grandiose.Inaugurant les travaux de cette rencontre, l'ambassadeur d'Algérie en France Amar Bendjamaâ a rappelé que l'Algérie et la France entretiennent un «partenariat d'exception», a-t-il affirmé, soulignant que les relations politiques entre les deux pays «sont sans nuages».M.Bendjamaâ a rappelé également que «lors de la rencontre entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika et le président François Hollande, dans le cadre de sa visite en 2012 en Algérie, les deux président avaient décidé de mettre en place un partenariat d'exception et après trois ans, nous sommes dans ce partenariat d'exception et les relations politiques entre les deux pays sont sans nuages». Il a estimé que dans le secteur économique, «les signaux sont au vert», marqués par un échange de visites nombreuses de ministres, d'hommes d'affaires et de parlementaires, ajoutant cependant que «beaucoup restait à faire», avant d'ajouter: «Nous sommes fiers des projets réalisés dans le cadre du partenariat algéro-français mais nous voulons plus pour nourrir et développer le tissu industriel algéro-français qui est en train de se créer en Algérie». M.Bendjamaâ a indiqué, par ailleurs, que depuis 15 ans, l'économie algérienne «traverse une phase positive, avec une croissance de plus de 4% annuellement, en plus d'une dette extérieure infime, en raison de son remboursement anticipé». Il a ajouté cependant que depuis l'année dernière, marquée par la baisse des prix mondiaux des hydrocarbures, de nombreux défis se présentaient à l'économie algérienne, notamment l'industrialisation et la réindustrialisation, la rigueur économique et une réorganisation de son économie. Ce forum a été structuré autour de quatre panels, à savoir les Institutions avec pour thème principal: «Chaînes de valeur et écosystème algéro-français».Grande disponibilitéLe deuxième panel intitulé «Corporate», a porté sur «l'état des lieux du partenariat algéro-français». Sous le générique «Renouveau de l'économie algérienne», la séance de l'après-midi a été marquée par trois panels ayant abordé la formation et l'emploi, l'entrepreneuriat et, enfin, l'internationalisation des entreprises algériennes». Dans sa communication, le patron du Forum des chefs d'entreprises, Ali Haddad, a planté et balisé la voie quand il affirme d'emblée que la règle des 51/49% régissant l'investissement en Algérie n'est pas un obstacle et inversement. Il ajoute que son organisation est disposée à aider, conseiller et faciliter l'implantation des entreprises françaises en Algérie.«Nous marquons notre grande disponibilité à accompagner les entreprises françaises sur le marché algérien pour leur éviter les embûches bureaucratiques et rendre viable et simple la règle des 51/49%», a déclaré M.Haddad. La règle des 51/49% a été instituée par la loi de finances complémentaire de 2009 en réaction à la cession d`Orascom Construction de sa cimenterie à un entrepreneur français sans avis préalable du gouvernement, alors que le projet avait bénéficié de facilitations liées à l`encouragement de l`investissement. Le patron du FCE, qui a souhaité que cette dynamique trouve un réel écho sur le terrain, a noté que le volume des investissements français, qui sont de moins de 2 milliards d'euros aujourd'hui, pouvait évoluer «rapidement» pour atteindre au cours de cinq prochaines années les 10 milliards.Pour montrer la ferme volonté de son organisation à aller de l'avant dans le domaine de l'investissement, Haddad a annoncé pour clore son intervention, que le FCE a lancé l'étude de faisabilité d'un fonds d'investissement privé ouvert à une participation de l'Etat algérien, dans lequel les institutions françaises publiques et privées sont invitées à y participer, «si elles le souhaitent». Venez prendre votre part au boom économique qui se dessine en Algérie», a lancé le président de la Chambre algérienne de commerce et d'industrie (Caci), Mohamed Laïd Benamor, qui a lui aussi appelé les entreprises françaises à s'investir davantage en Algérie et a indiqué que les opportunités d'investissement étaient «grandes» en Algérie pour le partenaire français, notamment dans le domaine de la grande distribution, de l'agroalimentaire et le tourisme. Il a assuré que l'Algérie allait «réussir sa diversification économique et sa réindutrialisation car ce virage est massivement soutenu par les opérateurs publics et privés».Evoquant la règle des 51/49%, M.Benamor a lui aussi indiqué qu'elle n'était pas «un frein mais qu'elle offrait un ensemble de garanties», notamment un partenaire connaissant les réalités du marché algérien, expliquant que la Chine possède le même dispositif par rapport à l'investissement étranger. Dans un clin d'oeil à la diaspora algérienne, le président de la Caci a rappelé que «notre diaspora est notre deuxième pétrole». Les Algériens qui sont installés en France qui sont très bons, leurs entreprises ont un savoir-faire et puis, ils ont pu s'imposer sur le marché européen et mondial.«Nous avons besoin d'eux, de faire cette relation et ce partenariat pour développer avec eux nos produits pour investir ainsi le marché africain», a déclaré M.Benamor, ajoutant que «nous sommes en train de préparer le Forum le 4 et 5 décembre, avec la participation des différents patronats africains et de l'Europe, qui aura un impact positif». La redondance de la règle des 51/49% a été stoppée net par cette formule du haut représentant à la Coopération industrielle et technologique franco-algérienne, Jean Louis Levet.51/49%: une contrainte positive«Cette règle est une contrainte positive pour un partenariat fiable en vue d'une relation entre l'Algérie et la France mutuellement bénéfique», a-t-il déclaré dans son intervention à la première édition du Forum économique algéro-français Il a ajouté qu'un grand nombre d'entreprises françaises étaient extrêmement intéressées par le marché algérien, précisant qu'aujourd'hui «nous sommes le seul duo au monde à marcher main dans la main pour un partenariat gagnant-gagnant».M.Levet a relevé que les deux pays devaient passer dans leurs relations de la logique commerciale vers celle d'une vraie coopération et partenariat. «Le pont humain», cette autre formule pour signifier les liens solides entre les deux pays a été balancée par Arnaud Montebourg, présent à ce forum. Pour lui, ce «pont» devra permettre aux deux pays d'exploiter toutes les opportunités d'investissement dans un partenariat gagnant-gagnant. Pour sa part, le conseiller spécial du président du Medef, Jean-Claude Volot, a indiqué que l'Algérie offrait des opportunités d'investissement «prometteuses», en faveur des entreprises françaises.«Les opportunités d'investissement existantes en Algérie s'offrent rarement ailleurs», a-t-il soutenu.Si les deux pays sont encore très loin du niveau des relations qu'elles devraient avoir, il convient de faire remarquer qu'une dynamique a été enclenchée depuis ces dernières années à la faveur d'une réelle éclaircie politique. Cette évolution a été concrétisée par l`instauration d`un dialogue et l`ouverture du partenariat français sur plusieurs dossiers, notamment celui de la mémoire. L`Algérie veut, de son côté, favoriser le partenariat direct entre les entreprises, dans le respect de la législation en vigueur dans les deux pays. A cet effet, ce partenariat est devenu palpable et plus concret, avec notamment l'inauguration de l'usine de fabrication de véhicules Renault, située dans la zone d'Oued Tlélat (Oran) et l'usine Cital (Annaba) pour l'assemblage et la maintenance de tramways, fruit d'un partenariat «intelligent et réussi». En 2014, le volume des échanges entre les deux pays s'est élevé à plus de 13 milliards de dollars. La France a été le troisième client de l`Algérie avec 6,74 mds usd, derrière l`Espagne et l`Italie, et son deuxième fournisseur avec 6,34 Mds derrière la Chine. Les travaux de ce forum ont pris fin par la lecture d'une série de recommandations. Dans le domaine de la coopération agricole, il a été recommandé la création d'un projet d'amélioration et de sauvegarde de races ovines algériennes à travers une ferme expérimentale et d'un centre de formation. Dans le secteur numérique, les participants ont mis l'accent sur la nécessité de contribuer à la mise en place «du passeport numérique pour l'économie». Ils ont également souligné l'urgence d'un appui à la mise en oeuvre et à la reconnaissance du label «Made in Algéria «à l'extérieur du marché algérien. Pour le renforcement du capital humain, il a été recommandé la mise en place d'un catalogue de formations haut de gamme pour l'Algérie et pour la France. Plus précisément encore: la création d'un Campus des métiers de la santé, d'un Campus des métiers de l'industrie et pour des formations ciblées de haut niveau au profit des PME/PMI.




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