Algérie

Les patrons feront-ils le Maghreb ?



Vingt années après la création de l'Union du Maghreb arabe (UMA), les patrons des cinq pays de la région organisent pour la première fois, une première rencontre rassemblant des hommes d'affaires autour d'une idée principale: «l'intégration maghrébine» avec tout ce que cela peut véhiculer en terme de coopération économique. Placé sous le haut patronage du président de la République, ce forum organisé depuis hier à l'hôtel Sheraton d'Alger a vu la participation de centaines d'hommes d'affaires, représentant tous les secteurs d'activité dans les pays de l'UMA, qui est restée en panne de perspectives pour cause de divergences entre les pays maghrébins et plus particulièrement entre l'Algérie et le Maroc.

Peut-on justement lancer des projets de coopération et créer une sorte de «pôle d'activité» dans la région en mettant de côté les divergences politiques qui ont empoisonné les relations entre les pays du Maghreb ?

Les cinq organisations patronales maghrébines, à l'origine de l'organisation du forum et qui se sont structurées au sein de l'Union maghrébine des employeurs (UME), sont en tous les cas convaincues de la nécessité de s'unir face aux autres pôles économiques qui se forment partout à travers la planète.

«L'événement était perçu comme irréalisable», a déclaré hier le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) Boualem Merrakech. Ce dernier, qui avoue franchement que l'organisation de l'événement a nécessité des efforts qui ont duré quatre années, a souligné que «nous sommes particulièrement obligés aujourd'hui d'atteindre un développement économique et social dans notre sous-région».

Intervenant à l'occasion de l'ouverture des travaux de ce forum, caractérisé par une véritable «cacophonie» durant la matinée, de l'avis même des organisateurs qui étaient complètement dépassés, Boualem Merrakech paraissait serein quant à l'avenir de l'UME qui est, affirme-t-il, en train d'aboutir à des résultats probants avec le soutien des gouvernants des différents pays du Maghreb.

Le même optimisme est partagé par le président en exercice de l'UME, le Tunisien Hédi Djilani. Ce dernier souligne que cette organisation maghrébine, créée le 17 février 2007, véhicule des idées concrètes pour l'édification d'un Maghreb uni.

Pour lui, seuls des projets conjoints entre les différents pays maghrébins peuvent impulser une nouvelle dynamique dans la région. Il fera savoir à cet effet qu'un programme est déjà établi au sein de l'UME pour répondre à plusieurs défis, parmi lesquels figure l'autosuffisance alimentaire pour chaque pays. «Nous avons une lourde responsabilité en tant qu'opérateurs économiques privés», a-t-il ajouté en précisant que «le non-Maghreb revient très cher» et par voie de conséquence la création de ce pôle maghrébin est devenue un besoin vital.

«Ce 1er forum est un événement historique important», a déclaré pour sa part le secrétaire général de l'UMA, Habib Ben Yahia. Ce dernier, qui s'est déplacé spécialement pour assister à l'événement, a affirmé que 20 ans après la création de l'UMA, le défi reste la construction de l'intégration maghrébine. Le secrétaire général de l'UMA a appelé de tous ces vÅ“ux à aller vers la commercialisation des produits des pays maghrébins sous un seul «label maghrébin», dans un marché maghrébin qui atteindra, a-t-il poursuivi, plus de 100 millions de consommateurs à l'horizon 2015.

De son côté, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, a déclaré en marge de la rencontre que le problème ce n'est pas de produire ni d'avoir un marché mais réside plutôt dans la compétitivité. Il expliquera que le problème est que les entreprises maghrébines doivent être en mesure d'être compétitives vis-à-vis des entreprises européennes, surtout après la signature d'accords d'association entre les pays du Maghreb et l'Europe.

Même si des investissements inter-maghrébins existent déjà, Hamid Temmar a déclaré hier qu'ils restent en deçà des attentes en soulignant que les relations commerciales entre l'Algérie et ses voisins sont relativement faibles alors que les relations industrielles sont très puissantes.

Intervenant à son tour, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a affirmé que la création de l'UME en un laps de temps très court témoigne de la volonté de créer ce «pôle régional maghrébin» en rappelant que l'Union européenne a été créée après un accord sur le charbon signé entre les pays du Vieux Continent.

Les opérateurs économiques maghrébins réussiront-ils là où les hommes politiques semblent avoir échoué ?

Rien n'empêche d'espérer de voir un jour un Maghreb réellement uni, comme l'espéraient les fondateurs de l'UMA il y a plus de deux décennies maintenant.




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