Les patrons

Marlboro '» C'est vrai, ça peut rapporter gros. Trabendo, c'est aussi facile et ça rapporte mieux, mais c'est risqué et ça ne peut durer. «Installe-toi dans le temps mon fils, ce n'est pas du solide ». Stimulé par les conseils de son père, le technicien hittiste professionnel réunit un groupe de copains.Chacun d'eux avait sa spécialité, mais ne pouvait pas naviguer seul.«Vous savez, Marlboro, ça ne peut plus durer, maintenant que ces cigarettes sont importées, il faut qu'on se recycle».Ils créent leur propre entreprise, profitant du discours qui voulait, quelles que soient les contraintes, encourager l'emploi des jeunes. Ils ont couru. Ils sont tombés, nadhou, on les a fait marcher, ils ont insisté, ils ont eu leur premier marché avec El Houkouma. Ce n'était pas chose facile. Il fallait trouver les fonds pour acheter le matériel pour honorer leurs engagements et faire aboutir la première situation. Ils se sont endettés. Ils sont dans une drôle de situation. Les premiers travaux livrés, les factures établies, l'encaissement se fait Une deuxième situation les attend, mais faute d'argent…. Le projet est bloqué, l'enveloppe n'est pas débloquée, l'équipe est disloquée… ça dure… c'est très dur… Les trabendistes qu'ils étaient deviennent hittistes endettés, eux qui espéraient devenir pourris d'argent, la pourriture, ils y sont en plein, quant à l'argent, il devient de plus en plus rare. Mais toutes ces mésaventures n'arrivent qu'à une certaine frange.Car ceux qui appartiennent à une tribu sont payés avant même que les travaux ne soient réalisés. Comme si dans ce pays, il est des jeunes dont l'arbre généalogique prend ses racines dans les couloirs sombres de l'administration, et les autres jeunes qui, à défaut d'arbre généalogique, ont un pedigree.