Les partisans de Bouteflika occupent les espaces publics à Alger

De la Place du 1er Mai à la place des Martyrs, en passant par la Grande-poste, les supporters de Bouteflika affichent, discrètement mais publiquement, leur soutien à coups de posters et d'affiches collés sur des façades d'immeubles, des abribus et des bus universitaires.Les partisans du 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika se mobilisent à Alger pour promouvoir la candidature du Président sortant, alors que la campagne électorale n'a pas encore débuté. De la place du 1er Mai à la place des Martyrs, en passant par la Grande-poste, les supporters de Bouteflika affichent, discrètement mais publiquement, leur soutien à coups de posters et d'affiches collés sur des façades d'immeubles, des abribus et des bus universitaires.
Tous les moyens sont bons pour réussir le passage de leur candidat. A la Maison du peuple, siège de l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens), la cellule de campagne de ce puissant syndicat, réputé proche du pouvoir, a versé dans la démesure et le culte de la personnalité. Trois posters XXL sont déployés sur le fronton de cette imposante bâtisse coloniale, arborant un vieux portrait du chef de l'Etat, 81 ans et au pouvoir depuis deux décennies. «Bouteflika notre fierté», peut-on lire sur l'un des posters géants, alors que deux policiers en uniforme surveillent l'entrée du siège de la centrale syndicale.
C'est ici qu'Abdelmalek Sellal, ex-Premier ministre et actuel directeur de campagne du Président sortant, a fait sa première sortie publique, la semaine passée, pour mobiliser les troupes et coordonner la campagne électorale de Bouteflika. A part de rares curieux et de responsables syndicaux, personne ne s'y hasarde à mettre un pied. A un jet de pierre, des dizaines d'étudiants patientent dans des arrêts de bus universitaires, à quelques pas de la place du 1er Mai, ex-Champ de man?uvres.
Là encore, des affiches bleues du président-candidat sont collées sur la vitre arrière de ces bus orange. «Nous sommes tous Bouteflika», proclame le message inscrit sur ces affiches, dont la première apparition remonte au jour où le FLN avait organisé un meeting populaire sur les hauteurs d'Alger. Ces bus universitaires font partie d'une flotte appartenant à l'entreprise privée de transport de Mahieddine Tahkout, l'un des hommes d'affaires les plus puissants du pays.
Surnommé «Roi des autobus», l'entrepreneur est réputé proche du clan présidentiel. A Alger-Centre, une autre grande affiche montrant le président Bouteflika, debout la main levée vers le ciel, ornait, le temps d'une exposition, le fronton de l'APC dont le maire d'obédience FLN a été désigné récemment pour diriger la campagne du président dans la wilaya d'Alger. «Tous pour une Algérie stable et prospère», proclamait l'affiche déployée, en marge de la célébration de la Journée nationale du chahid, avant d'être retirer une fois l'événement terminé.
A la place de la Grande-Poste, noire de monde, l'Union générale des commerçants et artisans algériens a improvisé, sous des petits chapiteaux, un marché de vente de produits artisanaux pour marquer la Journée nationale du commerçant, laquelle a été parrainée par Bouteflika. Des affiches de lui sont d'ailleurs placardées sur la façade externe des chapiteaux. A l'instar de nombreuses organisations satellitaires et clientélistes, l'UGCAA avait salué la candidature de Bouteflika à la prochaine élection présidentielle et l'a assuré de son soutien à l'occasion de la prochaine joute.
A quelques encablures, au Square Port-Saïd, les partisans de Bouteflika ont détourné un abribus du boulevard Che Guevara pour faire la promotion de leur candidat, quasiment invisible en public et gravement diminué par les séquelles d'un AVC. Là encore, un portrait large d'un Bouteflika en forme, souriant, la main droite sur la poitrine, pose au côté du drapeau national, au milieu des va-et-vient incessants des voyageurs et des piétons.
Au concert des supporters de Bouteflika, s'ajoutent des petites mains ouvrières des services des mairies algéroises qui ont relayé de manière anarchique et sauvage le message du ministère de l'Intérieur appelant à une révision exceptionnelle des listes électorales. Censées être placardées dans des endroits appropriés, un nombre incalculable de ces affiches, en petit ou grand format, sont collées un peu partout en ville. «Nous sommes tous concernés», insiste le message accompagnant ces affiches, dont une grande partie a été arrachée ou lacérée par des citoyens antisystème.