Les partisans de Benazir Bhutto contestent la version officielle Polémiques dans un Pakistan en ébullition

Le Pakistan s'enfonce dans la tourmente. Les partisans de Benazir Bhutto manifestent et contestent vivement la version officielle sur l'assassinat, tandis qu'Al-Qaïda du Pakistan a rapidement démenti son implication. Musharraf, attaqué de toutes parts, ne tient que par l'armée et le soutien américain. Comment Benazir Bhutto est-elle morte ? La question est au centre d'une polémique entre ses partisans, qui ont continué à manifester violemment pour le troisième jour, et le gouvernement du général Pervez Musharraf. Autre ingrédient qui vient accentuer les doutes dans un contexte explosif qui rend improbable la tenue des législatives du 8 janvier, Al-Qaïda du Pakistan a rapidement démenti son implication dans l'assassinat du leader du Parti du peuple pakistanais. Les partisans de Benazir Bhutto ont continué à manifester dans la violence contre le général Pervez Musharraf, à qui ils imputent au moins de ne pas avoir sérieusement assuré la sécurité de leur leader. Ces manifestations ont fait au moins 42 morts en trois jours. Quelque 10.000 personnes ont défilé à Lahore, dans le nord-est du Pakistan, dans l'un des plus grands rassemblements depuis la mort de Benazir Bhutto. La rage des partisans de Benazir Bhutto, qui s'est portée depuis l'annonce de l'assassinat sur les édifices publics, est attisée par la sombre polémique autour des circonstances du décès. La version donnée par le ministère de l'Intérieur, selon laquelle Mme Bhutto est morte à la suite d'un choc à la tête en heurtant le levier du toit ouvrant de son véhicule, a été, à tort ou à raison, comme une volonté de minimiser la responsabilité des services de sécurité. Cette version a suscité une réaction indignée des responsables du parti de Mme Benazir Bhutto. Sherry Rahmane, porte-parole du PPP (Parti populaire du peuple), qui a procédé au lavement du corps de la défunte, a qualifié la version du gouvernement de « ridicule » et a expliqué qu'elle se trouvait dans une voiture derrière celle de Bhutto lorsqu'un kamikaze a tiré à plusieurs reprises, avant de faire exploser la charge qu'il portait sur lui. «Elle a reçu une balle à l'arrière de la tête, du côté gauche. La balle est ressortie de l'autre côté. C'était une très grande blessure qui la faisait saigner abondamment», a déclaré Rahmane, en ajoutant que soudainement, juste avant l'attentat, « on a vu des gens qui nous étaient inconnus portant des badges de Bhutto ». Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Javed Iqbal Cheema, a affirmé que la version du gouvernement reposait sur le rapport médical et sur des éléments recueillis sur les lieux de l'attentat. «Si le PPP le veut, le corps peut être exhumé et autopsié», a-t-il dit. Les médecins, à la demande de la famille, n'ont pas pratiqué d'autopsie de l'ancien Premier ministre avant les funérailles, a-t-on précisé de source autorisée.   AL QAÏDA : «C'EST UN COMPLOT DU GOUVERNEMENT»