Les partis politiques occultent l'essentiel

Le chef de l'Etat, dans son rôle de garant des institutions et de leur continuité, a annoncé la tenue prochaine des élections locales lors de la dernière réunion du Haut Conseil de sécurité, avec cependant, ce gage d'éclaircie de la situation sanitaire. Au même titre que la gestion de la crise de la Covid19, le président doit poursuivre le parachèvement institutionnel, sans compter qu'il a conditionné l'organisation des élections locales, à une accalmie de la situation sanitaire et pandémique, ce qui n'est pas le cas des partis politiques censés être le prolongement des préoccupations de la société et les porte-voix des citoyens. Une fois de plus, les partis politiques, sans discernement, applaudissent et semblent jubiler à cette idée, sans même tempérer ou proposer une autre alternative. En pleine crise de troisième vague dévastatrice de la Covid-19, que d'aucuns qualifient de sévère, depuis le déclenchement de la pandémie, ces derniers osent aborder publiquement le sujet des élections locales. Mus par cette voracité électorale, ils occultent l'essentiel.Aux dernières nouvelles, ils sont plusieurs à aborder déjà les aspects politiques, organiques, organisationnels et techniques liés à cet ultime rendez-vous électoral, sur l'échiquier institutionnel de Abdelmadjid Tebboune. Des batailles rangées sont même rapportées dans certaines wilayas, entre les militants de ces partis. Certains à travers leurs leaders, et d'autres, moins regardants, à travers leurs chargés de communication et leurs porte-parole, espèrent alimenter le débat sur cette échéance et intéresser l'opinion publique. Nonobstant une hypothétique accalmie sanitaire qui pourrait, souhaitons-le, advenir dans les semaines à venir, ce qui paraît invraisemblable, le risque de buter sur un nouveau désert électoral est plus que probable. Tous les ingrédients concourent en faveur d'un tel scénario ou pire encore. La colère des Algériennes et des Algériens, notamment ceux qui ont été directement touchés par cette nouvelle vague (le variant Delta), ceux qui compatissent à cette douleur ou encore ceux qui sont tétanisés par la peur et la psychose réelle, ne baissent pas les bras et risquent de peser lourd dans ce scénario.
En termes clairs, l'abstention risque d'avoir encore de beaux jours devant elle, car, comment peut-on rater une occasion aussi belle de se racheter aux yeux des Algériens, comme cette bataille de la solidarité nationale, engagée par des personnes anonymes, des associations, des âmes charitables, des entrepreneurs, etc. pour faire face à cette crise de l'oxygène dans les hôpitaux, et espérer une adhésion aux projets politiques en cours. La plupart des partis politiques ont brillé par leur absence dans ce formidable élan de solidarité nationale. Cela dénote une réelle méconnaissance de la société et des usages politiques dans pareilles crises et tragédies, de la part de notre microcosme politique national. Sur les réseaux sociaux, on ne manque pas de dénoncer de telles attitudes, qui s'apparentent à du mépris et à de «l'insolence politique». Qu'ils soient politiquement opposants ou parfaitement apolitiques, partisans de ces élections ou foncièrement contre, les internautes ont unanimement condamné cette attitude à «vouloir transcender cette souffrance des Algériens». Les partis politiques, au-delà des déclarations d'intention, auraient pu joindre leurs structures, troupes et bases militantes, leurs savoir-faire et leur logistique pour rallier l'effort national solidaire, qui a touché tous les aspects de la lutte anti-Covid-19. Comment peut-t-on espérer, dans ce décor lugubre, solliciter de nouveau les citoyens, en vue d'une «forte participation» à ces nouvelles joutes électorales' Comment cela pourrait-t-il être logiquement possible' Quelle sera la contrepartie de ces politiques en direction des populations, des citoyens et de l'électorat' C'est à croire que l'on n'apprend jamais de ces leçons passées, du côté de nos leaders partisans. Les Algériens, en rupture avec la chose politique, continueront désormais de s'interroger sur la valeur ajoutée du paysage politique national, sur leur quotidien et leur vie'