Algérie

«Les partir»



Sombre l?horizon! Rnaka firnaka. Vaste marché de la débrouille, voilà ce qu?est devenu notre grand douar construit sur des puits. L?informel a pris définitivement le pas sur le formel. Le travail honnête arrive à peine à nourrir son homme. Heureusement qu?on n?a pas perdu le sens du partage. Et comme on n?a plus rien à partager, la malvie ouel miziriya sont devenues les choses les mieux partagées.Dans les rues qui ne ressemblent à rien, des poubelles géantes, vertes de peur, abritent rats et insectes en pleine rue ou dans les marchés. Le nombre de fous, de mendiants, d?aveugles ou d?estropiés augmente. Ils exposent leur handicap, exerçant avec habilité l?art de « yal moumnine, fi sabil Allah ». On est tous collègues, leurs répondent les retraités.Les jeunes, cette force vive, ne pensent qu?à partir. Partir du pays pour l?étranger. N?importe où pour « se chercher ». Ils déploient des trésors d?imagination pour essayer de survivre. Et beaucoup n?ont plus qu?une seule obsession: quitter le pays, quel que soit le prix à payer. Les journaux n?arrêtent pas de donner bilan sur bilan de corps repêchés ou rejetés par la mer. Le terme harraga n?est plus un emprunt linguistique. Il habite les unes des quotidiens nationaux, où les programmes des chaînes de télévision occidentales ont une place d?honneur.Les drames qui se nouent depuis des ans aux frontières espagnoles et italiennes inspirent les faiseurs de films. On nous montre ces pauvres Africains, ces pauvres Maghrébins, ces pauvres Algériens qui essayent de gagner l?éden au péril de leur vie, fuyant une misère locale pour se précipiter dans une autre plus dure, où l?indifférence, le mépris et souvent la mort sont le lot quotidien. Ils ignorent pour la plupart d?entre eux ce qui les attend sur le chemin vers l?Occident et en terre occidentale pour ceux qui y parviennent vivants ou presque...Au fait, y aura-t-il un référendum sur la révision de la constitution ? Ils s?en f... - au pluriel - des gesticulations politiciennes des partis.... Parti, parti, « il est parti: il paraît qu?il est arrivé en bonne santé et qu?il a appelé son père pour l?en informer». Il reviendra peut-être un jour, expulsé, pour être hébergé à l?ombre des barreaux, en attendant de tenter une autre hedda.


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