Algérie

Les parents pauvres des transferts sociaux



Les parents pauvres des transferts sociaux
Si les chiffres des dépenses sociales de l'Etat peuvent donner le tournis, certains indicateurs permettent cependant de relativiser ces efforts, principalement ceux destinés au soutien des couches les plus défavorisées de la société.Ainsi, le soutien que l'Etat accorde au secteur de l'habitat est supérieur à celui accordé à l'éducation, aux allocations familiales et à la catégorie des démunis, handicapés et faibles revenus réunis. La part de cette dernière dans les transferts sociaux est deux fois inférieure aux dépenses visant le soutien des prix. L'Etat dépense trois fois plus en subventionnant les prix des produits de première nécessité qu'en soutenant l'éducation.Et si le montant des dépenses de l'Etat en matière d'allocations familiales et de soutien aux plus fragiles ont augmenté ces 20 dernières années, leur part dans les transferts a quant à elle reculé, car le rythme des hausses a été plus lent que l'évolution des dépenses sociales globales de l'Etat.Alors que le SNMG a augmenté et que le dinar a perdu de sa valeur, certaines indemnités et allocations restent étrangement dérisoires. Pour les allocations familiales, il faut compter à peine 300 dinars par enfant et par mois et 600 si l'allocataire touche moins que le SNMG.Le montant de la prime de scolarité versée aux allocataires varie, quant à lui, entre 400 et 800 dinars par mois.L'allocation pour salaire unique (destiné aux femmes au foyer) ne dépasse pas quant à elle les 800 dinars. Par ailleurs, ces aides sont accordées aux ménages dont le conjoint qui travaille est affilié à la sécurité sociale. Or, selon les statistiques de l'Office national des statistiques, plus de 40% de l'emploi en Algérie est non-affilié, ce qui laisse une bonne partie des ménages en dehors de ce système de soutien.DérisoirePour ceux qui y ont accès, la situation n'est guère plus avantageuse pour certaines catégories, comme celle des handicapés pour lesquels la pension est de seulement 4000 dinars, après avoir été revalorisée en 2007. Une absurdité pour «des personnes qui ne peuvent ni marcher, ni travailler», estime FloraBouberghout, présidente de l'association Baraka de soutien aux personnes handicapées. Car, en plus, «la personne doit être handicapée à 100% pour toucher 4000 da, sinon c'est à peine 3000 da». Il faudrait que la pension soit au moins «au niveau du SNMG pour vivre plus ou moins dignement», affirme-t-elle.A l'heure actuelle, la situation ne permet pas aux «familles les plus démunies d'assumer les charges d'une personne handicapée. S'il s'agit d'enfants, ils ne peuvent pas être scolarisés normalement». Cette catégorie reste largement «marginalisée», soutient Flora Bouberghout, pour qui «beaucoup reste encore à faire, même si beaucoup a déjà été fait».Prime à la déperditionMais les handicapés ne sont pas les seuls à en pâtir. A chaque rentrée scolaire, de nombreux ménages se trouvent devant la difficulté de subvenir aux besoins en fournitures scolaires de leurs enfants, surtout s'ils en ont plus d'un. Les 400 et 800 dinars versés au titre des prestations familiales sont insuffisants. Pour Sadek Dziri, président de l'Union nationale des professeurs de l'enseignement fondamental (UNPEF), «elle doit être revue à la hausse».C'est le genre de soutien étatique à préserver. En revanche, la subvention des produits de consommation comme le pain, le lait et le sucre n'a pas lieu d'être, selon lui. «L'Etat doit mettre en place des mécanismes qui permettent d'identifier les véritables nécessiteux et les aider à travers des transferts monétaires directs» et en parallèle «libérer les prix».Parmi ces nécessiteux, certains perçoivent une prime de scolarité de l'ordre de 3000 dinars par an et par enfant, censée être perçue à chaque nouvelle rentrée. «4 millions d'enfants en sont bénéficiaires, mais il faut qu'elle soit portée au moins à 10000 da si on veut éviter les déperditions scolaires et les fléaux sociaux qui ont découlent», plaide Khaled Ahmed, président d'une association de parents d'élèves.Seulement, à l'instar du couffin du Ramadhan, c'est une allocation financière qui nécessite préalablement l'identification par les APC des familles dans le besoin et qui a également donné lieu à des indus bénéficiaires qui pose des questions à ce type de soutien.Pour Khaled Ahmed, «c'est un faux problème, car les cas d'indus bénéficiaires sont rares et il y a des possibilités de mettre en place des mécanismes de contrôle en associant par exemple les comités de quartiers et les associations de parents d'élèves. Elles savent qui en a besoin et qui n'en a pas.»RévisionBien qu'ils s'agisse de sommes modiques, ce type d'allocation est, selon nos interlocuteurs, non seulement intouchable mais nécessite d'être revalorisée au vu des catégories sociales auxquelles il est destiné.En tout état de cause, même si les subventions sont généralisées et touchent aussi bien les démunis que les nantis, «on ne peut pas les abandonner en pensant qu'on va cibler les bénéficiaires nécessiteux», soutient Rachid Malaoui, porte-parole du syndicat national du personnel de l'administration publique.Avec 40% de secteur informel, «il est impossible de contrôler et de dire véritablement qui a besoin d'aide», estime-t-il. C'est, dit-il, au gouvernement de mettre de l'ordre et de la transparence dans l'administration avant de penser à des aides ciblées. En attendant, supprimer purement et simplement les subventions serait, dit-on, improbable.




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