Algérie

Les parents d'enfants autistes en colère



Faute de statistiques officielles, le nombre d'enfants atteints de troubles de l'autisme à Bordj Bou-Arréridj demeure inconnu, alors que celui des scolarisés se compte sur les doigts d'une main.La scolarisation des enfants autistes à Bordj Bou-Arréridj demeure un luxe que tous les parents ne peuvent se permettre, faute de disponibilité d'un accompagnement adapté à leurs besoins, auquel s'ajoute l'incompréhension de certains enseignants et parents d'élèves. Pour les parents d'enfants atteints de troubles du spectre de l'autisme, la scolarisation de leurs enfants constitue un véritable casse-tête.
Chaque rentrée scolaire, ce sont d'autres problèmes qui viennent s'ajouter à ceux des précédentes années et enfoncent de plus en plus l'autiste dans son monde, d'où le déchirement et la douleur des parents qui se ressentent dans chaque mot et geste.
Le problème commence à se poser avec acuité quand l'enfant dépasse l'âge de 5/6 ans et que les crèches et les écoles privées refusent de les admettre. Deux solutions se posent alors aux parents : les inscrire dans des écoles publiques ou les exiler dans un coin de la maison.
"Certains enfants présentent d'ailleurs des dons dans divers domaines", rappellent les parents. Retenant ses larmes avec difficulté, Abdessalem, père d'un petit garçon autiste et membre de l'Association nationale des autistes (ANA), affirme qu'"en l'absence d'une prise en charge adéquate de la part des autorités publiques, les parents des enfants autistes tentent, chacun selon ses moyens, de sauver leurs enfants en leur offrant un cadre "adéquat"". Et d'ajouter : "Comme à chaque rentrée scolaire, c'est la confusion totale. En plus de l'absence d'une stratégie claire et de la non-application des orientations de la tutelle, les responsables locaux ne savent pas quoi faire."
Pour ces parents, cette année scolaire 2021-22, sur les 187 enfants autistes inscrits à la DAS, plus de 100 ne sont toujours pas scolarisés. Pour les 70 enfants scolarisés, plusieurs problèmes entravent leur scolarité. "La majorité de ces enfants scolarisés n'a pas encore fait sa rentrée des classes correctement", dénonce l'association.
"Sur les 34 communes de la wilaya, nous avons seulement 9 classes spéciales. De nombreux directeurs d'établissement scolaire refusent d'ouvrir des classes spéciales ou d'accueillir des enfants autistes dans des classes d'intégration", regrette l'association. "Il y a des régions sans classes spéciales et d'autres où les enfants autistes sont regroupés dans une classe lointaine", ajoute notre interlocuteur.
"Pour eux (les directeurs d'écoles, ndlr), ces enfants autistes sont juste "handicapés mentaux"", explique un parent, soulignant qu'à chaque fois, quel que soit l'établissement, "ils refusent mon fils par peur de "perturbations"".
L'autre problème soulevé par l'association est celui des autorisations des auxiliaires de vie scolaire qui tardent à sortir des bureaux de la direction de l'éducation. "Jusqu'à présent, toutes les demandes d'autorisation pour les assistantes de vie scolaire (AVS) attendent sur le bureau du directeur de l'éducation, et nos enfants n'ont pas encore fait leur rentrée scolaire", déplore encore un des membres du bureau local de cette association, dénonçant le fait que "les AVS ne sont que rarement acceptées par les écoles.
En plus, elles sont difficiles à trouver et leur salaire est élevé". Pour pallier ce manque, les spécialistes privés sont appelés à la rescousse mais à des prix exorbitants.
Ce coût élevé met les parents au pied du mur et les fait renoncer aussi vite. Souvent, les parents se voient contraints de quitter leur lieu de travail pour récupérer leurs enfants. "Une fois, mon fils a eu une crise d'angoisse. Au lieu de le prendre en charge dans l'école, on m'a appelé pour le récupérer et le ramener à la maison", témoigne cette mère, qui affirme avoir été obligée de quitter son travail à l'usine pour venir récupérer son fils et de rester avec lui à la maison à cause d'un personnel, en majorité, non qualifié.
"Nous manquons aussi d'orthophonistes et de psychologues", ajoute cette mère, la quarantaine entamée. "Nos enfants sont privés de la médecine scolaire. Ils sont écartés des visites et du suivi des médecins scolaires", tient à préciser un membre de l'association. Pour ce qui est de la prime de scolarité de 5 000 DA, du cartable et des livres, ils n'ont pas été inclus.
"La chose la plus incompréhensible aussi et qui ne se passe qu'à Bordj Bou-Arréridj est celle de la non-inscription sur la plateforme du ministère de l'Education. Nos enfants sont sans codes-barres et ne figurent pas sur la plateforme du ministère de l'Education", dira Salah Ameur, représentant de l'ANA.

Chabane BOUARISSA


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