Algérie

Les parents d'élèves mis à contribution



Ce qui n'était qu'une pratique marginale de certaines écoles d'Oran semble se généraliser graduellement à travers tous les établissements scolaires de la wilaya. Directeurs et enseignants n'hésitent plus à interpeller les parents d'élèves, à travers les écoliers, pour une contribution financière destinée à la prise en charge de certains travaux, aménagements ou opérations de nettoiement. La dernière sollicitation en date émane d'une école de la cité Point du jour, quartier résidentiel de l'est d'Oran, qui appelle à la participation des parents d'élèves (50 DA par mois et par écolier) pour le recrutement d'une technicienne de surface."La commune a informé la direction de l'école qu'elle ne pouvait plus rétribuer une femme de ménage. On nous demande donc de nous impliquer financièrement dans l'opération", nous a expliqué un parent d'élève qui s'interroge sur ce soudain passage d'une demande de 5 ou 10 DA la photocopie d'une feuille d'examen à cet appel à contribution pour la prise en charge d'une femme de ménage. "Nous ne sommes pas au courant de cette situation mais il est clair que quelque chose ne va pas", s'est inquiété Mohamed Kamel, président de la Fédération des associations de parents d'élèves de la wilaya d'Oran. À comprendre que ces appels à contribution sont "des initiatives individuelles" de certains établissements scolaires qui disent ne plus bénéficier de l'aide de collectivités locales en difficultés financières. À Petit Lac, quartier populaire du sud-ouest de la ville, la directrice d'une école primaire vient de convoquer des parents d'élèves pour solliciter une aide financière destinée à la réalisation de travaux de réfection que la commune dit ne plus pouvoir assumer. "Plusieurs travaux sont en attente depuis plusieurs mois, mais l'APC répond ne plus être en mesure de les assumer". Au lendemain de la rentrée scolaire 2017-2018, les syndicats des enseignants des trois paliers avaient déploré le manque de moyens qui n'augurent pas d'un avenir optimiste pour les 9 millions d'élèves. Aujourd'hui, de très nombreux parents d'élèves se plaignent des conditions de scolarisation de leurs enfants et de la qualité de l'enseignement prodigué. À cela s'ajoutent les difficultés financières de plus en plus évidentes dont souffrent ces écoles qui ne semblent avoir d'autre choix que de faire endosser aux parents d'élèves les graves difficultés financières auxquelles la commune fait face. "Il est quand même aberrant que des écoles demandent aux élèves de financer des travaux ou le recrutement d'une femme de ménage", s'indigne un parent d'élève qui avoue ne plus savoir sur quel pied danser. "Doit-on laisser la commune et l'éducation nationale face à leurs responsabilités et leur échecs ou mettre la main à la poche comme si les écoles étaient devenues des établissements semi-privés '" Du côté de la commune d'Oran, on assure que le recours des écoles aux associations des parents d'élèves pour "pallier la défaillance des collectivités locales" est une surprise. "Il est vrai que la commune connaît des difficultés financières mais des mesures sont prises pour recouvrer les créances détenues auprès de nombreuses parties", nous a indiqué une source de la commune en promettant de se pencher sur la question pour "en savoir davantage". En tout état de cause, enseignants et parents d'élèves ne cachent pas leurs inquiétudes quant au sort réservé à l'école algérienne. Inquiétudes que la situation socioéconomique actuelle exacerbe chaque jour un peu plus.S. Ould Ali


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