Le Parc national de Theniet El Had (Tissemsilt), en coordination avec la direction générale des forêts et le ministère de l’Agriculture, a édité un Atlas des Parcs nationaux (mars 2006) .
Ce document, unique en son genre, est bien conçu, bien structuré avec une cartographie situant les parcs, de belles illustrations photographiques, iI nous renseigne parfaitement sur ces espaces protégés par voie réglementaire et sur les contraintes qui se posent dans le cadre de leur protection (encadrement, études scientifiques et de recherche, inventaire exhaustif de la faune et de la flore, biotopes, écosystèmes...).
Dans cet Atlas, il est présenté 8 parcs nationaux qui sont :
1- Parc national de Theniet El Had (Tissemsilt) : Superficie 3424 ha. Une unique cédraie occidentale d’Algérie. Le chêne-liège végète à plus de 1600 m d’altitude (fait rarissime sur le pourtour méditerranéen). Présence du lynx caracal...
2- Parc national du Djurdjura (Tizi Ouzou, Bouira) : Superficie 18550 ha. L’un des massifs les plus riches en rapaces d’Algérie du Nord (aigle royal, gypaète barbu...), les mammifères (serval, une espèce probable). Cèdre de l’Atlas avec if, houx, érable... Peuplement endémique du pin noir .
3- Parc national d’El Kala (El Tarf) : Superficie 76 438 ha . II figure parmi les zones protégées les plus prestigieuses de la Méditerranée occidentale. Juxtaposition d’écosystèmes différents et interdépendants (marin, dunaire, lacustre et forestier). II constitue le dernier refuge du cerf de Berbérie et une airfaune de plus de 60 000 canards et foulques/an. Une frange marine riche en corail, en poissons et en posidonie.
4- Parc national de Chréa (Blida) : Superficie 26 587 ha. Belle station de ski. Cédraie aux portes d’Alger et de Blida, gorges et cascades le long de la RN1. Présence du thuya de Berbérie (Tetraelinis articulata) et d’un Arboretum de Hakou Ferraoun (tilleul, chataigner, noyer, houx, érable...).
5- Parc national de Belezma (Batna) : Superficie 26 250 ha. Présence de grandes étendues du cèdre de l’Atlas dans une zone de grandes influences saharienne et méditerranéenne. Unique peuplement de grand houx et du chèvrefeuille étrusque dans les Aurès, qui est aussi un haut lieu de la Révolution algérienne (novembre 1954) .
6- Parc National de Taza (Jijel) : Aire protégée qui abrite des chênaies pures et mixtes de chêne zeen (quercus faginéa), du chêne afarès (Quercus afarès) et du chêne-liège (quercus suber). Elle abrite aussi la sitelle kabyle (Sitta ledanti) et le passereau endémique d’Algérie. C’est un territoire à écosystème terrestre et marin. Le barrage d’Erraguène possède un plan d’eau de 900 ha (station, par excellence, d’hivernage de la sauvagine d’Europe du Nord) .
7- Parc national de Gouraya (Béjaïa) : Superficie 2080 ha plus un lac lacustre de Mezaïa de 2,5 ha. Sa particularité est d’être composé de sites et de paysages naturels exceptionnels, au nombre de 9, dont la crête de djebel Gouraya et le Pic des Singes... Sa partie marine est de11,5 km de long avec des mammifères protégés (cachalot commun, grand dauphin, marsouin...). L’Ismal (Institut des sciences de la mer et de l’aménagement du territoire) par une étude a répertorié 6 paysages d’intérêt international dont : Encorbellement à Lithophyllum Lichenoïde , Trottoirs à vermets, Bourrelets à Corrallina elongata...
8- Parc national de Tlemcen : Superficie 8225,04 ha. Préservation des suberaies de Hafir et Zarifet et (peuplements reliques). C’est une pinède de Tlemcen de 110 ans d’âge, un lieu apprécié par la population. C’est le dernier biotope de l’écureuil de Berbérie. L’extension sera pontée à 90 000 ha et englobera les sites archéologiques, historiques et écologiques... Dans ce listing, il faudra ajouter les Parcs nationaux du Tassili et de l’Ahaggar dans le Grand-Sud algérien ainsi que le Parc de Naâma, à L’ouest du pays, non décrits dans cet ouvrage ainsi que les zones humides classées dans la convention Ramsar. Dans la région de Constantine, il est possible de créer une réserve naturelle de 10 000 ha et plus. C’est l’aire du chêne vert et du genévrier oxycèdre sur un substrat calcaire, formé d’une succession de massifs de Constantine à oued Athménia (Mila) avec des niches de rapaces et de charognards (aigles, faucons, vautours ....). Ces massifs constituent également des réservoirs d’eau pour la région . Pendant les années de faible pluviométrie, certaines sources ont gardé un débit important durant l’été. Cas de Aïn Trab (commune d’Ibn Ziad), Aïn Foua (commune d’oued Athmania ). Pour la ville d’Ibn Ziad, il vient d’être réalisé un forage concluant au pied du Djebel Zouaoui (partie centrale de la réserve naturelle projetée). Des vestiges archéologiques sont présents à Ibn Ziad et Aïn Smara. Les sommets des massifs constituent des belvédères avec les panoramas sur Constantine, sa région et celle de Mila. Un grand laboratoire donc, à ciel ouvert à Constantine, qui reste méconnu et laissé à la dégradation. Il y a risque de perte d’un patrimoine inestimable (carrières, surpâturage, coupes illicites, vol des oisillons des rapaces, braconnage).
En conclusion, il y a urgence de mettre en œuvre les propositions suivantes :
- assainissement des litiges survenus après la création des parcs (concession de carrières d’agrégats, décharges publiques, unités industrielles polluantes, urbanisation non maîtrisée et non souhaitée...).
- gestion judicieuse des ZET (zones d’extension touristiques) en harmonie avec les objectifs du parc.
- amélioration des conditions de vie des populations riveraines des parcs en les associant au développement rural par des projets de proximité, des projets de mise en valeur, des chantiers d’utilité publique de plein emploi...
- développement de l’artisanat en rapport avec la matière locale (produits de la forêt, de l’agriculture, des gisements miniers (argile...).
- règlement des parcours pour permettre la végétation des espèces ligneuses et herbacées menacées.
- renforcement du dispositif de prévention et de lutte contre les incendies, en association avec les comités de riverains.
- création des petits parcs animaliers pour l’élevage et le repeuplement, cas de la loutre qui n’est citée par aucun parc.
- renforcement de la recherche en collaboration avec l’université pour la maîtrise du terrain et des sciences.
- création des musées de la nature et sensibilisation soutenue des écoliers aux zones des parcs .
- amélioration du contenu scolaire avec les données du pays.
- mise en place d’un réseau Intranet entre les parcs pour améliorer le circuit de l’information et l’échange de données entre techniciens et chercheurs (gain de temps et d’argent).
- publication de bulletins techniques et scientifiques (cas de Theniet El Had par son bulletin mensuel, qui est à sa 3e année).
- echange avec la communauté internationale pour la confrontation d’expériences et l’enrichissement mutuel.
- editer l’Atlas du ministère et le mettre sur le marché pour le grand public.
- emission de télévision sur les parcs algériens et du monde.
- matérialisation de circuits de randonnées et de découvertes, implantation de gîtes...
- développement des sports de montagne, de la spéléologie, de la plongée sous-marine,...
- développement des actions d’écovolontariat au profit des groupes structurés (associations...).
Posté Le : 24/01/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Abdelouahab Karaâli
Source : www.elwatan.com