Les paradoxes des matériaux de construction

Boom de l'activité dans l'industrie des matériaux de construction en 2009 ? L'information a de quoi étonner, même si elle est le fruit d'une enquête réalisée auprès de chefs d'entreprises du secteur par l'Office national des statistiques (ONS). Ainsi, l'enquête de l'office souligne que l'activité industrielle dans le secteur des matériaux de construction a connu une hausse au cours du premier trimestre 2009 par rapport au dernier trimestre 2008. La hausse de l'activité dans le secteur des matériaux de construction (ciment, fer, bois...) serait liée à une demande phénoménale provenant des chantiers ouverts pour la réalisation du projet national d'autoroute Est-Ouest, long de plus de 1.200 km. La réalisation de plus d'un million de logements en cours est également un facteur important dans la relance à la hausse de l'activité industrielle relative au secteur des matériaux de construction. Face à l'ouverture de nombreux chantiers, notamment dans le cadre du plan de développement quinquennal, les chefs d'entreprises prévoient même une hausse constante de l'activité, mais sans pour autant insister sur la production des matériaux de construction, comme le ciment et le fer. Et, selon l'enquête de l'ONS, les capacités de production des entreprises sont utilisées à plus de 75% par près de 90% du potentiel de production. Pour autant, la satisfaction des commandes en matières premières reste égale à la demande, selon 94% des entreprises questionnées. Ainsi, face à la rareté des matériaux de construction, particulièrement le ciment dont le prix est en constante hausse, près de 41% des entrepreneurs estiment leurs commandes satisfaites, et 75% déclarent avoir des stocks de produits fabriqués. La hausse de l'activité industrielle dans le secteur des matériaux de construction, alors même que des voix se sont élevées pour protester d'abord contre la rareté du ciment ensuite sur son prix prohibitif, est une donnée normale dans la mesure où ce sont l'ensemble des activités liées au secteur qui enregistrent une amélioration de leurs indices de production, liés aux milliers de projets de BTP en cours de réalisation à travers le territoire national. Il y a en outre les grands chantiers de l'autoroute Est-Ouest dont l'activité booste les statistiques et donne un aperçu sur un secteur en pleine croissance, même si des tensions persistantes interviennent sur les principaux matériaux de construction, ciment et fer en premier lieu. Selon des estimations, l'Algérie, qui ne produit que la moitié de ses besoins, aura besoin de près de 18 millions de tonnes par an de ciment pour satisfaire la demande intérieure en 2010, plus au-delà de cette date. Et quand le bâtiment va... En fait, l'ouverture de chantiers de BTP à la faveur des projets du programme quinquennal du président de la République, et la bonne tenue des activités du secteur de la construction, un des rares qui tire la croissance économique vers le haut, donne un peu de couleur à l'économie nationale, même si la part de l'agriculture reste également importante.

 Pour autant, le président de l'Ordre des architectes, M. Boudaoud, affirme qu'il existe à travers le territoire national quelque 1.175.000 logements qui ne sont pas achevés du fait de la pénurie de ciment. Invité du Forum El Moudjahid lundi, il a estimé que pour achever les projets d'habitat en cours, il faudrait 10 millions de tonnes de ciment par an, alors que d'autres chantiers en cours de réalisation, dans le cadre du plan de relance économique, ont besoin de 12 millions de tonnes. «Où allons-nous trouver le ciment ?», s'est-il interrogé. Un programme d'importation de ciment est en cours, un avis d'appel d'offres international a été lancé, alors que les cimenteries locales, dont plusieurs cédées à des groupes étrangers, alimentent difficilement les grands chantiers de BTP, ainsi que les grands projets immobiliers.