Algérie

Les oublis impardonnables de la campagne



Les oublis impardonnables de la campagne
L'Etat de droit, la valorisation des compétences, la révision de la Constitution, le train de vie de l'Etat, sont des sujets élitistes qui ne branchent pas le citoyen.Pas un mot sur les assassinats, pas une phrase sur les kidnappings d'enfants, encore moins sur la drogue qui envahit le pays via le Maroc, pas un clin d'oeil sur l'insécurité. Pour la corruption, les candidats ne l'évoquent que du bout des lèvres. C'est curieux pour une question aussi sensible qui a défrayé la chronique bien avant le début de cette campagne électorale.De nombreux observateurs s'attendaient à un véritable déballage des dossiers de corruption. Ils prévoyaient des joutes terribles perlées de révélations fracassantes, de noms qui seront étalés sur la place publique, de montants faramineux. Rien de tout cela.La campagne sombre dans la banalité des sujets sans attrait et sans relief.Les sujets «chauds» semblent être mis au placard par les candidats à la présidentielle durant cette campagne électorale. Chacun d'eux s'est porté garant pour établir un Etat de droit, la révision de la Constitution, la mise en valeur des compétences nationales, la séparation des pouvoirs et la transparence de l'élection, sans pour autant évoquer les vrais problèmes dont souffrent les citoyens algériens.Les postulants au poste à la magistrature suprême du pays, passent leur temps à se critiquer les uns les autres sans présenter aucun programme valable pour changer les choses afin de donner une meilleure vie tant rêvée par les citoyens. Le taux de crimes sur les personnes, publié sur le site Internet de la direction générale de la Sûreté nationale, enseigne à quel point la violence sévit au sein de la société algérienne.La Dgsn a enregistré en janvier dernier environ 6 636 affaires d'atteinte aux personnes, soit un taux de 74%. Un chiffre qui donne froid dans le dos, mais qui ne semble pas assez pour que la criminalité soit parmi les premiers sujets abordés lors de cette campagne électorale. Pour le trafic de drogue, la situation est autrement plus grave.Les chiffres sont effarants. Ils traduisent une terrible réalité: l'Algérie est attaquée. Elle est ciblée par le narcoterrorisme. Les candidats à la présidentielle ont-ils le droit de se taire face à une attaque en règle contre le pays venant de l'extérieur' Aucun des candidats n'a présenté un plan d'action efficace pour juguler ce phénomène.A ce titre, il est à rappeler que les saisies de drogue en Algérie par les différents corps de sécurité ont avoisiné les 200 tonnes en 2013, dont 63,4 tonnes ont été réalisées par les services des douanes. Plus grave encore, les Algériens se mettent à la drogue dure comme l'héroïne et la cocaïne. Durant les quatre dernières années, les unités de la Gendarmerie nationale ont saisi plus de 171 kilos de cocaïne.Des chiffres faramineux qui font dire à certains observateurs que sans l'existence de complicité des brebis galeuses, au sein même des services de sécurité, ces quantités de drogue ne pourraient pas traverser nos frontières.L'autre sujet également qui ne figure pas dans la longue liste des promesses des candidats lors de cette campagne électorale, c'est bien les kidnappings d'enfants. Un oubli impardonnable, inadmissible.Comment pourrait-on convaincre un citoyen d'aller voter quand on fait l'impasse sur une question aussi sensible que celle du kidnapping et du viol des enfants. Ces chérubins qui sont devenus une proie facile pour les adultes, n'ont pas réussi à susciter la préoccupation des candidats à la présidentielle. Dans ce contexte, il est important de rappeler qu'en 2013, les services de sécurité ont recensé plus de 200 cas d'enlèvements. Malgré ce chiffre alarmant, le sujet d'enlèvement d'enfants n'a pas été soulevé lors de la campagne par aucun des candidats.Ces derniers se soucient beaucoup plus de la surveillance des urnes, le jour du scrutin. C'est le cas du secrétaire général du mouvement El Islah, Mohamed-Djahid Younsi, qui mène campagne pour le candidat Benflis, qui a longuement insisté sur ce point lors d'un meeting à Annaba. Même chose pour le parti FNA où son président Moussa Touati a suggéré une carte de vote magnétique pour empêcher la fraude électorale.Une campagne électorale qui n'aborde pas et ne débat pas les vrais problèmes qui préoccupent le citoyen algérien, peut-on réellement la qualifier de campagne électorale sérieuse'




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