Algérie

Les orphelines de l'îlot



Ce lieu paradisiaque a pris des airs de décharge sauvage en plein air.Les mouettes qui, jadis, ornaient l'îlot de Tigzirt, n'ont aujourd'hui que les balcons des immeubles pour se réfugier et fuir l'inconscience et l'irresponsabilité des hommes.
C'est un véritable désastre écologique qui est en train d'être perpétré à Tigzirt. L'îlot connu sous l'appellation kabyle «Tigzirt n'Dakhel» subit actuellement une série d'agressions. Ce joyau naturel qui fait la beauté et surtout la renommée de la ville qui tient son nom justement de ce lieu est à l'abandon, voire à l'état d'anarchie. En cette saison estivale, ce lieu paradisiaque a pris des airs de décharge sauvage en plein air. L'anarchie qui y règne actuellement a même contraint les mouettes à quitter les lieux pour aller nicher sur les toits des bâtiments, sur les hauteurs de la nouvelle ville.
Cette situation est calamiteuse. Le visiteur a les larmes aux yeux. Ce constat se trouve amplifié durant la saison estivale car le trafic vers le lieu est démultiplié. Une virée sur les lieux renseigne aisément quant à l'étendue du désastre. A peine sommes-nous arrivés au port, que des jeunes proposent avec insistance des virées vers l'îlot. Le prix est de 300 à 400 DA par personne, mais ce n'est pas ce qui compte. Sans tarder, nous embarquons et la felouque prend le large en traçant une ligne d'écume courbée. Nous sortons du port. En direction de l'îlot. A quelques centaines de mètres de là, apparaissent des parasols et des groupes d'individus. Des estivants sur place pour quelques heures. Avant de mettre pied à terre, des sachets et autres bouteilles et canettes nous accueillent. C'est alors que notre transporteur nous invite à regarder dans l'eau pour constater le désastre. Ce n'est pas la faune et la flore marines que nous apercevons, mais une véritable décharge sauvage. C'est une calamité, car beaucoup d'estivants abandonnent sur place tout ce qu'ils emmènent. Des sachets, de la nourriture qui, heureusement se dégrade rapidement, des canettes, des bouteilles en plastique et bien d'autres objets comme les assiettes en plastique jetables. Après ce spectacle cauchemardesque, nous nous sommes rappelés les figues de Barbarie qui poussent en grandes quantités sur les hauteurs de l'îlot. Autrefois, elles donnaient leurs couleurs au paysage. Il ne reste aucune trace. Même le couvert végétal est dégradé. Les petits sentiers par lesquels passaient autrefois les touristes pour escalader jusqu'au sommet sont obstrués.
Dans ce décor «martien», nous nous sommes rappelés des mouettes blanches qui habitaient les lieux. Elles sont rares à les survoler. C'est alors que nous avons demandé à notre interlocuteur le pourquoi de leur absence. «Elles viennent rarement ici. Beaucoup de gens qui se rendent à l' îlot les agressent. Aujourd'hui, elles ne nichent plus ici, mais plutôt sur les toits des bâtiments», nous explique-t-il. Ces beaux oiseaux ne sont plus en sécurité dans l'îlot alors ils ont préféré partir.
Enfin, la saison touristique bat son plein, mais la protection de ce lieu est une nécessité vitale. Après la fin de la saison, une réflexion sérieuse devra être lancée quant au sort de ce joyau écologique de Tigzirt. C'est tout un écosystème qui nécessite une prise en charge par des professionnels.


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