Algérie

Les orientations de la future banque postale restent à clarifier Epargne, placement, crédits aux particuliers



Les orientations de la future banque postale restent à clarifier Epargne, placement, crédits aux particuliers
Longtemps en gestation, le projet de banque postale connaît un début de concrétisation puisque le texte relatif aux règles applicables aux activités de la Poste, des télécommunications et celles liées aux technologies de l'information et de la communication, y fait référence.
Aux termes de ce projet de loi, l'Etat confie le développement, l'exploitation et la fourniture des services postaux à un organisme public qui est «autorisé à créer un service d'épargne postale, une banque postale et à élargir la gamme des prestations financières offertes à sa clientèles» (art 28). La Poste est considérée comme la première banque du pays avec 15 millions de comptes CCP à gérer, 5 millions de détenteurs de cartes magnétiques et 3500 bureaux de poste sur le territoire national. Elle comptabilise 1 bureau pour 10 000 habitants et est plus présente que le réseau bancaire qui compte une agence pour 28000 habitants. Mais quelles seront les missions de cette banque postale, que fera-t-elle de l'épargne récoltée et à quelles conditions pour l'exercice de ses nouvelles missions. Le texte en question fournit quelques éléments de réponse, mais pour Abderrahmane Benkhalfa, expert économiste indépendant, certains éléments doivent encore être clarifiés. Le fait est qu'une banque postale «n'est pas une banque universelle et n'assure pas tous ses services».

Si la loi est votée et que le principe est acquis, «il faut identifier le périmètre d'intervention de cette banque. La loi doit prévoir qu'elle soit dotée d'un agrément du Conseil de la monnaie et du crédit, mais limité aux opérations de payement et à la gestion de l'épargne parce qu'elle ne peut pas faire du crédit», précise-t-il. Sur l'agrément spécifique qui lui sera délivré, il sera donc «barré tout ce qui est crédit, commerce extérieur, crédits aux entreprises» et on garderait «la gestion des moyens de payement destinés aux particuliers et la gestion de l'épargne salariale, car la poste est un instrument de bancarisation à large échelle mais des ménages et pas des entreprises». Activités à filialiser : outre les opérations financières, la Poste a également d'autres activités comme le tri postale ou la messagerie, ce qui lui confère un «statut hybride», selon M. Benkhalfa. Il est donc nécessaire de revoir ce statut à travers «une restructuration organisationnelle» qui ferait que l'activité financière de la Poste «soit cantonnée quelque part avec le service des CCP qui serait érigé en banque postale, alors que les autres activités seraient logées dans une autre organisation filialisée», explique l'ancien délégué général de l'ABEF (Association des banques et des établissements financiers). La loi prévoit déjà ce cas de figure, puisque l'article 113 précise que la Poste «peut créer des filiales ou prendre des participations dans des entreprises» en relation avec son domaine d'activité.
Pour M. Benkhalfa, cela nécessite «une ingéniosité juridique, technique, prudentielle qui préserve sa vocation d'établissement des particuliers, ne surcharge pas la Poste de métiers de banque universelle qu'elle ne sait pas faire (comme le crédit) et puisse dissocier les activités financières des autres activités, tout en préservant la Poste comme un établissement qui gère l'épargne salariale, et bancarise le maximum de salariés et de petits revenus». Il est, selon lui, important que la Poste «garde sa vocation d'établissement de proximité et ne le perde pas au profit d'une activité bancaire qui est faite ailleurs». Dans ce cadre, faire du crédit serait «risqué», puisque la Poste n'est actuellement «pas préparée, ni sur le plan humain, ni technique, ni financier, encore moins sur le plan de la gestion de ce risque».
Quelle utilisation de l'épargne récoltée '
Si le métier du crédit est risqué pour la future banque postale, d'autres voies existent cependant pour l'utilisation de l'épargne récoltée. L'expert pense que la banque postale pourrait par exemple «proposer un livret d'épargne rémunéré ou utiliser cette épargne en achetant des titres à la Bourse. La Poste placerait sa trésorerie sur les marchés de placement de trésorerie, le marché interbancaire, monétaire, financier». Là encore, le texte de loi a prévu ce cas de figure à travers l'article 111, qui établit que «les avoirs créditeurs des comptes courants postaux des particuliers et des entreprises économiques sont souscrits en bons du Trésor». Au Maroc, par exemple, Albarid Bank offre des services financiers aux particuliers qui bénéficient de placements dans des comptes à terme, d'une épargne rémunérée et d'un plan épargne pour les enfants et même de crédits immobiliers et à la consommation, ainsi que des avances sur salaire. En France, la banque postale propose des crédits même aux entreprises.
Le projet de loi, actuellement au Parlement, ne précise pas ce que seront les attributions de la future banque postale. Pour l'heure, la Poste a tous les attributs de la banque, sans en être une puisqu'elle «est dans le système de payement à travers la télé compensation, elle est dans le système monétique et est dans le réseau de la caisse de payement bancaire», selon M. Benkhalfa. Ce qu'il y a lieu de faire, c'est «de la renforcer dans ce qu'elle sait faire, pour qu'elle reste un instrument de bancarisation des salariés, des petits revenus, des retraités, mais surtout ne pas aller tout de suite, à mon sens, vers le crédit, ni encore moins vers des opérations de commerce extérieur ou de prise de risques dans des entreprises». La Poste, qui est souvent mise à l'index en raison de la médiocrité de ses prestations de service, aura dur à faire pour attirer et garder une épargne, très convoitée par les banques et une clientèle excédée par les manquements au service public d'Algérie Poste.


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