Algérie

Les Oranais se réapproprient le 5 Juillet



Signe d'une actualisation des slogans, le nom de Bouchareb ne figure plus sur la liste des tenants du pouvoir dont la rue réclame le départ.Comme il fallait s'y attendre, la célébration du 57e anniversaire de l'Indépendance par les Oranais a été un véritable camouflet infligé au pouvoir algérien, aux dirigeants et aux partis de l'allégeance. Commémoré par des citoyens libérés de la peur, dans des espaces publics reconquis depuis février dernier, le 5 Juillet de cette année a été dédié exclusivement aux chouhada, aux détenus politiques ? à l'image du moudjahid Bouregâa dont l'arrestation continue de susciter l'indignation ? et à la deuxième République pour laquelle des millions d'Algériens sortent tous les vendredis depuis plus de quatre mois. À l'occasion, c'est une véritable marée humaine, brandissant le drapeau national et quelques étendards amazighs, qui a déferlé sur les boulevards et les avenues d'Oran pour chanter l'hymne national, rendre hommage aux martyrs de la Révolution et, en même temps, réclamer le départ du pouvoir et des fossoyeurs de la République. Pendant plusieurs heures, les manifestants ont conjugué Qassaman aux slogans hostiles au pouvoir qu'ils ont pris l'habitude de scander à chaque manifestation tels que "Klitou lebled ya sarrakine", "Makanch intikhabet yal içabat" et "Kbaïl ou Aarab khawa khawa"? "Quand le 5 Juillet n'est pas célébré dans le cadre officiel du pouvoir, on voit tout de suite la différence. Pas de louanges au FLN, à Bedoui et à Gaïd. Désormais, les louanges iront seulement au peuple et à la patrie", s'est réjoui un manifestant, ravi que le peuple se "soit enfin réapproprié le 5 Juillet que le pouvoir avait confisqué et toujours célébré avec la seule ambition de se perpétuer". Considéré comme le "chef de la bande" depuis plusieurs semaines, le général-major Gaïd Salah a, une nouvelle fois, cristallisé une bonne partie du ressentiment des manifestants qui, dans leurs slogans, ont même appelé à l'incarcération de l'homme fort de l'armée, qualifié de "traître à la solde des Emirats". Alors que le nom de Bouchareb a disparu des pancartes de revendications, les manifestants s'en sont également pris à Abdelkader Bensalah et Noureddine Bedoui, symboles du pouvoir et responsable, dont le départ est réclamé depuis des mois : "Il n'y aura pas d'élections sous leur supervision", pouvait-on également entendre dans les carrés de manifestants qui affluaient depuis la place du 1er-Novembre vers le siège de la wilaya.
L'application des articles 7 et 8 de la Constitution, la libération des détenus politiques, l'arrêt de la répression contre les manifestants sont quelques-unes des autres revendications que des milliers de voix ont porté ce vendredi historique à Oran. "Le peuple vient de démontrer, encore une fois, qu'il ne veut pas des dirigeants, qu'il rejette toutes les propositions qui émaneraient d'eux. Il faut qu'ils comprennent que nous ne nous arrêterons pas jusqu'à ce qu'ils partent tous", a réitéré un manifestant de la première heure en appelant au "dégagisme" de tous les partis de l'allégeance.

S. Ould Ali


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