Les Oranais l'investissent en masse

Il a fallu une tentative d'octroi d'assiettes de terrain à des promoteurs pour ériger des immeubles en plein c?ur de la forêt de Canastel, suivie par une mobilisation citoyenne sans précédent, pour que les Oranais découvrent cet espace et l'investissent pour en faire une aire de détente.Du jamais vu, un gardien de parking qui chasse les conducteurs de voitures et les oriente vers d'autres endroits de stationnement ne relevant pas de son «territoire» !Et pour cause, son espace à lui est surchargé et il éprouve des difficultés à guider ceux qui y ont leur engin à quitter les lieux. C'est simple, toute la piste menant à l'entrée proprement dite de la forêt, marquée par une grosse chaîne faisant office de barrière, est encombrée de véhicules.Parce que Canastel, à une dizaine de minutes à peine d'Oran Est, est devenue une destination des Oranaises et des Oranais en quête d'un moment de détente ou désireux de s'oxygéner pour reprendre le terme d'un initié. Par centaines, voire par milliers, on s'y rend, notamment le vendredi et le samedi, soit en famille soit en groupe. On y va pour prendre son café de l'après- midi ou pour un footing, histoire de se débarrasser de quelques calories. Comme il y a les sportifs qui s'y rendent pour entretenir leur forme. Cet envahissement, remontant à quelques mois à peine, confère à cette forêt la réputation de repère sécurisé. Cette image est davantage renforcée par les rondes régulières des véhicules de la Gendarmerie nationale. En tout cas, jusqu'ici, on n'a pas entendu parler d'agressions survenues au niveau de ce périmètre. Ce qui encourage les femmes à s'y déplacer, des fois à deux ou trois, sans être accompagnées par un homme. On y retrouve même les enfants, en bande, munis de bicyclettes, qui se dépensent joyeusement. Il faut préciser que depuis un peu plus d'une année, la Direction des forêts a tracé des pistes facilitant le déplacement à l'intérieur de cet espace de plusieurs centaines d'hectares. Une de ces pistes se trouve à quelques dizaines de mètres de la falaise qui donne sur Cap Rousseau et Kristel et qui offre un panorama hors du commun. Certes, le plus gros des visiteurs de cette forêt emprunte la piste principale qui traverse toute la forêt et débouche aux limites du douar Belgaïd, un prolongement de Canastel bétonné parce que transformé en lieu d'habitat.Mais certaines pistes permettent de se soustraire aux regards des autres. Plus étroites, elles traversent des zones où la végétation est plus dense et où les arbres sont plus nombreux. Généralement, ce sont les couples, la plupart jeunes et des fois accompagnés d'un bébé, se contentant de simples balades qui s'y aventurent.Femmes et joie de vivreCertains, probablement appartenant à un club sportif, ont même installé des équipements en fer pour la mise en forme. Ils ont jeté leur dévolu sur une petite clairière où ils effectuent des séries d'exercice physiques sous le regard d'un «cheikh», probablement un entraîneur reconnu. Visiblement, se sont des athlètes qui viennent ici, dans la forêt, accomplir ce que l'exigüité de la salle de sport ne leur permet pas de faire.En tout cas, ils se distinguent par leur discipline et leur respect des autres. Mais ce qui est notable à Canastel depuis que cette forêt a été élue par les habitants de la ville, c'est la présence féminine. On y rencontre des dames d'âge respectable qui crapahutent soit pour se débarrasser d'un surplus de poids, soit juste pour s'alléger de leur stress. On y croise des jeunes filles, ne sacrifiant pas leur maquillage, qui viennent pour se dépenser et s'exhiber par la même occasion. On y aussi relève la présence de femmes mariées, soit en djellaba ou portant même le hidjab, qui fuient le brouhaha de la ville pour renouer le temps d'une fin d'après-midi avec la nature et ses bienfaits. En observant tout ce beau monde, on est tenté de croire qu'une nouvelle culture du corps est en train de se mettre en place. Par endroits, en regardant les jeunes, bien équipés, engagés dans des footings, on établit, à son insu, des parallèles avec des scènes de parcs américains et européens transmises par la télévision ou le cinéma. Il faut signaler aussi que les familles qui s'y rendent pour pique-niquer se montrent respectueuses des lieux. En fin de journée, on prend le soin de ramasser les ordures qu'on jette dans de grands bacs en bois installés un peu partout. Ce qui incite à la satisfaction. En tout cas, Canastel figure sur la tablette des Oranais soucieux d'acquérir une hygiène de vie?