Les opposants créent un Conseil national de transition

 
C'est ce qu'a annoncé un porte-parole, précisant que la composition de cet Exécutif est encore en discussion. «La création d'un Conseil national indépendant a été annoncée dans toutes les villes libérées de Libye par la révolution du 17 Février», a déclaré Abdelhafez Ghoqa, lors d'une conférence de presse à  Benghazi, deuxième ville du pays et fief de la contestation. Le Conseil est «le visage de la Libye pendant la période de transition», a-t-il dit, ajoutant que les consultations se poursuivent à  propos de la composition et de la fonction de ce nouvel organe.
Samedi, l'ancien ministre de la Justice, Moustapha Abdeljalil, qui a démissionné lundi dernier, a déclaré qu'un   gouvernement de transition serait formé pour diriger le pays avant des   élections. «Abdeldjalil Moustapha est du côté de la révolution, il préside le conseil de la ville de Baïda. Nous sommes en contact avec toutes les villes libérées pour la formation de ce Conseil», affirme le porte-parole. Et de poursuivre : «Chaque ville, libérée et non libérée, sera consultée sur sa formation.» Le même opposant indique que «les conseils de chaque ville fonctionnent et il est hors de question de diviser la Libye en nord, sud, ouest ou est, ou sur des bases tribales. Le Conseil est à  Benghazi parce que c'est une ville libérée». Il assure que «le reste de la Libye sera libéré par le peuple libyen», récusant «toute ingérence ou opération militaire étrangère». «Nous comptons sur   l'armée pour libérer Tripoli.» Ainsi, «le fonctionnement des conseils de ville prouve la fausseté des déclarations d'El Gueddafi, selon lesquelles le chaos va survenir». En effet, le même jour, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, déclare que les Etats-Unis sont «prêts à  fournir toute forme d'aide» aux opposants au régime du colonel El Gueddafi. «Nous sommes prêts à  offrir toute forme d'aide que quiconque pourrait souhaiter de la part des Etats-Unis» aux opposants en Libye, assure Mme Clinton. «Nous devons d'abord voir la fin de son régime et sans davantage de bain de sang», poursuit-elle. «Nous voulons qu'il (El Gueddafi) parte et qu'il rappelle ses mercenaires.»
La nouvelle n'a pas laissé Washington indifférente
Les Etats-Unis ne sont «engagés dans aucune négociation» avec le colonel El Gueddafi, a indiqué la secrétaire d'Etat américaine, qui  affirme : «Nous avons contacté de nombreux Libyens qui tentent de s'organiser dans l'est (du pays) au moment où la révolution s'étend aussi vers l'ouest.»
Plus tôt dans la même journée, deux sénateurs américains, le républicain John McCain et l'indépendant Joe Lieberman, ont déclaré que les Etats-Unis devaient reconnaître le gouvernement de transition en Libye et offrir une assistance aux insurgés. «Nous devons reconnaître le gouvernement de transition comme le gouvernement légitime de Libye et nous devons certainement donner à  ce   gouvernement une aide humanitaire et des armes», a observé Joe Lieberman   dans un entretien à  la chaîne CNN en compagnie de McCain. Ce serait bien «de reconnaître le gouvernement de transition qu'ils essaient de mettre en place dans l'est de la Libye et de leur fournir une assistance matérielle», a ajouté ce dernier.
Isolé sur le plan international, El Gueddafi perd au fil des jours du terrain et n'arrive plus à  neutraliser les  insurgés qui continuent à  conquérir des villes jusque-là entre les mains des partisans du dictateur.
En effet, plusieurs villes de l'ouest du pays sont «aux mains du peuple» depuis plusieurs jours et «préparent une marche pour libérer Tripoli», a indiqué à  Nalout, à  60 km de la frontière avec la Tunisie, un membre du comité révolutionnaire de cette ville. Nalout est désertée par la police, les militaires et autres forces loyales aux dirigeants libyens. «La ville est libérée depuis le 19 février, elle est gérée depuis par un comité révolutionnaire du 17 Février désigné par les communautés de la ville», a déclaré un avocat de la ville, Chaban Abu Sitta. «Les villes de A-Rhibat, Kabaw, Jado, Rogban, Zentan, Yefren, Kekla,   Gherien, Hawamed sont également libérées depuis plusieurs jours. «Dans toutes ces villes, les forces d'El Gueddafi sont parties et un comité  révolutionnaire a été mis en place», a-t-il ajouté. «Nous nous plaçons sous l'autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi. Avec toutes les villes libérées de le djebel Nafusa et celles qui  se trouvent de l'autre côté de la montagne, nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug d'El Gueddafi», a-t-il assuré.