Algérie

Les opposants aux islamistes en ordre dispersé



Les opposants aux islamistes en ordre dispersé
Les Tunisiens appelés à élire le 26 octobre le premier Parlement pluraliste post-Ben AliEn 2011, face à des opposants divisés, le parti Ennahda était arrivé en tête du premier scrutin libre de l'histoire de la Tunisie. Pour les législatives de dimanche, le camp séculier se présente à nouveau en ordre dispersé.Divergences idéologiques, querelles d'ego et mode de scrutin à la proportionnelle laissant une chance aux petites écuries: les détracteurs des islamistes auront le choix entre une multitude de listes. Ennahda a su, pour sa part, préserver son unité et reste avec ses dizaines de milliers de militants revendiqués le seul véritable parti de masse organisé du pays. «L'opposition n'a pas appris (la leçon de 2011). Il y a chez elle un manque de conscience de la sensibilité de la période actuelle (...) et d'à quel point cet émiettement sert Ennahda», explique Khaled Abid, spécialiste de l'histoire contemporaine de la Tunisie. Il évoque en outre «le narcissisme» des leaders de l'opposition: «chaque dirigeant de parti se voit au pouvoir». Si Nidaa Tounès, un parti hétéroclite réunissant militants de gauche, syndicalistes, hommes d'affaires et même des membres du parti du président déchu Zine El Abidine Ben Ali, se détache très largement, la présence des autres listes séculières peut lui coûter la première place, celle qui, selon la Constitution, détermine le parti devant former le prochain gouvernement. Fondée en 2012 par l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Béji Caïd Essebsi, 87 ans, cette formation fait à la fois campagne contre les islamistes et contre ses alliés d'hier, comme l'Union pour la Tunisie (UPT, gauche), tout en promettant une alliance au pouvoir à ces derniers. Un appel qui trouve un écho certain chez ceux qui, coûte que coûte, veulent éviter que les islamistes reprennent les rênes du pays. «Je vote sans hésitation Nidaa et Béji. Ce sont les seuls à pouvoir nous sauver. Tout plutôt que d'avoir Ennahda au pouvoir pendant cinq ans», assure Emna, une jeune Tunisienne travaillant dans une entreprise privée. Les partis allant du centre-droit à l'extrême gauche ne cessent dès lors de dénoncer un risque de «bipolarisation» de la vie politique et de prôner les vertus d'un scrutin qui permet même aux petits d'être représentés. «Les Tunisiens et les Tunisiennes méritent une représentativité plus large», martèle Mohamed Hamdi, de l'Alliance démocratique. «Le vote utile est une supercherie politique, de la paresse politique», assure aussi Samir Taïeb, tête d'une des listes de l'UPT. Pourtant, l'UPT s'est d'ores et déjà dit prête à former une alliance post-électorale avec Nidaa Tounès et à recréer leur éphémère alliance anti-Ennahda formée après les assassinats en 2013 de deux opposants aux islamistes. D'autres partis font eux campagne sur le «ni, ni», estimant qu'Ennahda et Nidaa Tounès cherchent en réalité à se partager le gâteau, au nom du «consensus». «Le scénario est connu. Avant les élections, (ils disent) nous ne nous allierons pas', après, on vous dira l'intérêt national requiert un gouvernement de consensus'. Tu votes Ennahda, tu te retrouves avec Nidaa, tu votes Nidaa tu te retrouves avec Ennahda!» estime le richissime Slim Riahi, à la fois patron de club de foot, chef de parti, candidat à la présidentielle et homme d'affaires au passé controversé. Dans ce contexte, pour Khaled Abid, il est possible qu'aucune force politique islamiste ou séculière n'ait de majorité assez forte pour créer une majorité homogène, et dès lors la Tunisie pourrait bien connaître une période d'instabilité politique. Parmi les scénarios possibles, «Nidaa pourrait être obligé de former un gouvernement avec Ennahda. Une alliance contre-nature mais pragmatique, et qui ne durera pas forcément», dit-il. Sans compter les divisions au sein de certains partis. Nidaa Tounès, agité par des tensions internes, a exclu en septembre deux de ses figures; l'une ayant publiquement posé des questions sur l'état de santé de Béji Caïd Essebsi, l'autre soutenant un candidat différent à la présidentielle. Certains militants reprochent en outre à leur leader de ne pas passer la main à une génération plus jeune, et d'autres enfin n'apprécient guère un rapprochement trop marqué avec des caciques du régime déchu.L'armée tunisienne en alerteL'armée tunisienne s'est dite mardi sur le qui-vive et prête pour parer à un acte «terroriste» lors des législatives de dimanche, cruciales, avec la présidentielle, pour la stabilité du pays qui a vu un essor de groupes jihadistes depuis la révolution. «Depuis plus d'un mois, nous avons renforcé nos forces en prévision de tout imprévu, nous avons paré à toutes les possibilités», a indiqué à la presse Belhassen Weslati, porte-parole du ministère de la Défense. «Le danger existe, on ne peut pas le nier, il y a des éléments terroristes et c'est sûr qu'ils planifient quelque chose», a-t-il ajouté. Selon M. Weslati, «toute l'armée» sera déployée durant la période des élections et assurera le transfert des urnes des bureaux de vote aux centres de tri. Il a refusé de chiffrer le nombre d'hommes déployés. L'Institut international des études stratégiques estime à près de 36.000 le nombre de militaires tunisiens. Le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a de son côté affirmé lundi à la radio Shems FM que «des attentats, des explosions visant des usines, et des opérations visant des ambassadeurs ont été déjoués». Il n'a apporté aucune précision supplémentaire, alors que son ministère a prévu de déployer quelque 50.000 policiers et gendarmes le jour du vote. Environ 20.000 sont déjà sur le pied le guerre. Quelque 1.300 listes composées de 13.000 candidats réparties sur 33 circonscriptions sont en concurrence pour les 217 sièges du futur Parlement tunisien lors des élections de dimanche. Avec la présidentielle du 23 novembre, ces élections sont cruciales pour bâtir des institutions démocratiques pérennes, près de quatre ans après la révolution. Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie a connu une recrudescence d'attaques attribuées à la mouvance jihadiste. Plusieurs dizaines de militaires ont été tués et deux figures de l'opposition aux islamistes ont été assassinées.




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