Algérie

Les opérateurs privés créent leur Fédération nationale



Les opérateurs privés activant dans le domaine de la récupération des déchets ferreux et non ferreux créent leur Fédération nationale. L'hôtel Safir (ex Aletti) a vu la naissance de la nouvelle fédération, en présence d'opérateurs venus de 29 wilayas du pays et de Salah Souilah, secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Les congressistes devaient désigner les29 membres du conseil national et les 11 membres du bureau national, ainsi que le président de la toute nouvelle fédération. Le regroupement, ouvert hier et se poursuivant aujourd'hui, est le premier du genre qui rassemble les opérateurs privés activant dans la récupération et l'exportation des déchets ferreux et non ferreux. Une activité fortement rémunératrice et qui génère au Trésor public une manne évaluée à 700 millions de dollars par an. Outre la création de leur toute première Fédération, les opérateurs privés de la filière remettent sur la table la mesure d'interdiction d'exportation des déchets ferreux et non ferreux qui dure depuis trois ans. Du coup, affirme Ahmed Chennini, vice-président du défunt conseil national des récupérateurs et exportateurs des déchets ferreux et non ferreux (devenu Fédération nationale), ce sont 300 opérateurs et plus de 40 000 travailleurs qui sont contraints au chômage. Et un manque à gagner net pour l'Etat. «Le cataclysme induit par cette interdiction qu'on nous a fait passer au début pour un simple gel, est terrible : des dizaines de familles qui vivaient de cette activité sont durement affectées, tant et si bien que certains de nous qui cumulent de lourdes dettes, en sont réduits à quémander», s'offusque T.Y. opérateur privé originaire de la wilaya de Boumerdès. «L'interdiction de l'exportation des déchets ferreux remonte au mois de février 2009, tandis que l'interdiction des déchets non ferreux a été instituée par la LFC 2010. A l'époque, on nous a parlé d'un simple gel, mais le temps a démontré que la décision est une interdiction et non pas une suspension», souligne M. Chennini. Les correspondances adressées respectivement au président de la République, au Premier ministre, au ministre du Commerce et au président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), sont demeurées sans suite, regrette notre interlocuteur. «El Hachemi Djaâboub, l'ex ministre du Commerce, nous avait encouragé à tisser des liens de partenariat avec des étrangers et nous a incités à consentir nombre d'investissements. Choses que nous avons faites. Au bout du compte, nous en sommes réduits à brader notre matériel et à annuler toutes les commandes que nous avions reçues de la part de certains pays comme la Turquie, ce qui signifie des pertes sèches», déplore un opérateur. «Pire encore, nous sommes accablés par les charges fiscales et parafiscales dont les montants se chiffrent à des centaines de millions, sans parler des frais de stockage des marchandises dont la valeur dépasse les centaines de millions de centimes», ajoute-t-il. «Depuis 3 ans, nous ne pouvons ni exporter les déchets ni les recycler. Il a été question qu'un important industriel se charge de l'opération de recyclage mais le projet a capoté. Un géant mondial de l'aciérie installé en Algérie a refusé une commande de 300 tonnes de déchets destinés au recyclage, sous prétexte que la quantité était insuffisante. Du coup, on se retrouve avec des quantités astronomiques de déchets inexploités qui dorment dans des entrepôts. Qu'on nous laisse seulement écouler les marchandises que nous avons sur les bras et nous changerons d'activité», s'exclame un opérateur.
Après avoir été autorisés par les services du ministère du Commerce à reprendre leur activité, les opérateurs privés se sont heurtés au refus «inexpliqué» des Douanes algériennes. «La mesure (d'interdiction, Ndlr) est une décision administrative qui n'a aucune assise juridique», soulignent les opérateurs qui accusent le gouvernement d'encourager la contrebande et le marché informel. L'«industrie» des déchets ferreux et non ferreux représente un volume annuel de 600 000 t, dont 30 000 assurent les besoins nationaux, le reste étant destiné à l'exportation.
Y. D.


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