Algérie

Les opérateurs désorientés



Par cette décision, le gouvernement a voulu éviter toute pénurie sur le marché national que causeraient les quantités destinées aux pays voisins via les frontières.La décision de suspendre toutes les exportations de produits alimentaires de large consommation, prise il y a une dizaine de jours par la Direction générale des douanes (DGD), sur instruction des pouvoirs publics, a eu un impact négatif sur les activités des opérateurs.
Une correspondance datée du 23 février dernier, adressée en urgence par la DGD à l'ensemble de ses démembrements, indique que ces exportations ont été reportées jusqu'à nouvel ordre, sans en informer à temps les exportateurs concernés.
Ces derniers ont été mis, selon eux, devant le fait accompli d'autant plus qu'aucune mesure de ce genre ne leur a été notifiée.
La plupart d'entre eux se sont vu interdire l'opération d'exportation en dépit de la domiciliation bancaire effectuée et l'engagement pris auprès de leurs clients étrangers.
"Je n'ai pas pu sortir ma marchandise pour l'exporter. Pourtant, j'ai entrepris toutes les démarches requises", déplore un des exportateurs. "Si l'instruction émanant des pouvoirs publics vise essentiellement les produits alimentaires de large consommation, l'on se demande pourquoi les produits agricoles sont également concernés '", s'interroge, dépité, un autre exportateur.
Ainsi, une grande confusion est constatée, selon des observateurs, au niveau des postes frontaliers, des ports... parce que si l'on se réfère au contenu de la correspondance des douanes, c'est un millier de produits qui seront interdits à l'exportation pendant une période qui n'est pas encore fixée.
Et des quantités non négligeables se trouvent bloquées de ce fait au niveau des ports, aux frontières terrestres... À travers cette décision, les pouvoirs publics ont voulu "réexaminer le dispositif en vigueur réglementant l'exportation des denrées alimentaires de base et de grande consommation, dont l'exportation dépend du dépôt d'un engagement signé par les services de la Direction régionale du commerce compétente".
Le Premier ministre a, en effet, instruit le ministre Kamel Rezig de geler toute opération d'exportation de ces produits, tout en procédant à une révision du cadre réglementaire régissant les mécanismes d'exportation.
Ainsi, "toute tentative d'exportation de ce type de produits sera traitée avec rigueur, quel que soit le mode de transport et quelle que soit la qualité de l'exportateur", précise cette lettre signée par le directeur général des douanes.
L'on est tenté de dire que cette mesure a pour but de réduire, un tant soit peu, les méfaits dévastateurs de la contrebande de denrées alimentaires qui continue de sévir aux frontières. Autant de produits subventionnés, de surcroît, affectant le Trésor public, mais qui profitent beaucoup plus à ces contrebandiers.
Par cette décision, le gouvernement a voulu éviter toute pénurie sur le marché national que causeraient les quantités destinées aux pays voisins, via les frontières notamment, à moins d'un mois du Ramadhan, période de grande consommation de ce type d'aliments. Il aurait, cependant, été préférable d'établir une liste des produits subventionnés interdits à l'export, quelles que soient les circonstances.
Il est vrai que les plus hautes autorités du pays encouragent les exportations, mais encore faut-il que les besoins en interne soient couverts au préalable.
En termes plus clairs, tous les intervenants dans l'acte d'exporter doivent disposer de toutes les données nécessaires du marché en termes d'offre, de demande, de consommation, de nombre de producteurs, de produits exportables... afin de pouvoir agir de manière efficiente dans ce créneau et prendre les décisions idoines.

B. K.


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