Algérie

Les opérateurs contre-attaquent



Mobile volé, mobile bloqué ! Les trois opérateurs Mobilis, Orascom et Wataniya se sont mis d?accord pour créer une base de données commune qui répertorie tous les mobiles volés qui ne pourront plus, par la suite, être utilisés sur aucun des réseaux (Mobilis, Djezzy et Nedjma). Lors d?une réunion tenue la semaine dernière au siège de l?Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) et à laquelle à pris part un représentant de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), l?idée de la création d?une liste noire (blacklist) contenant tous les portables volés a été retenue. L?idée est simple. Chaque téléphone mobile a un numéro de série qui lui est propre, appelé International Mobile Equipment Identity (IMEI), une sorte de numéro de châssis composé de 15 chiffres qu?on peut obtenir en composant le *#06#. Si à chaque vol, l?abonné déclare au commissariat ou à la gendarmerie ce vol en fournissant le numéro IMEI, il pourra par la suite contacter son opérateur qui mettra automatiquement l?appareil sur liste noire. Ainsi, ce dernier ne pourra plus être utilisé sur aucun des réseaux de téléphonie mobile en Algérie. Le mobile bloqué peut alors servir à tout... sauf à téléphoner, donc ne pourra pas être proposé à la vente. Mohamed Kaddour, chargé des affaires réglementaires à Wataniya, explique : « Nous sommes partis d?un constat simple : la première motivation des voleurs de mobiles n?est pas la ligne, mais c?est l?appareil lui-même qui pourra être écoulé sur le marché parallèle. » Jusqu?à présent, les 4,5 millions d?abonnés mobiles algériens n?ont qu?une seule solution s?ils se font voler leur appareil, le déclarer à la police ou à la gendarmerie et contacter l?opérateur pour bloquer la puce, mais entre temps le mobile aura certainement atterri à Oued Kniss ou à Laâqiba. L?ampleur du phénomène de vol de mobile n?est pas encore précise bien que visible. Ainsi, en novembre 2004, la sûreté de la wilaya d?Alger a eu à enregistrer 119 affaires de vol de téléphone. Entre janvier et juillet 2004, 8000 puces (donc appareils) ont été volées, selon Djezzy (voir El Watan du 24 juillet 2004). Les chiffres que fournissent les services de sécurité sur le nombre de vols d?appareils mobiles en Algérie est à prendre avec précaution, car près de 50% des vols ne sont pas déclarés, estiment certaines sources. L?efficacité de la nouvelle méthode a été vérifiée en France, ajoute cet ardent défenseur du projet : « En France, par exemple, tous les mois, 12 000 tentatives d?appels avec des mobiles déclarés volés sont bloquées par les opérateurs. En juin 2004, la base de données (la blacklist, ndlr), contenait 60 000 numéros IMEI de mobiles déclarés volés aux opérateurs, contre 15 000 en juin 2003. » Un sondage réalisé en mai dernier par TNS Sofres pour le compte de l?Association française des opérateurs mobiles démontre que 30 % des utilisateurs font bloquer leur ligne après un vol et 12 demandent à leur opérateur de bloquer le téléphone. Ces résultats sont le fruit d?une campagne de communication menée par cette association française. En Algérie, la même association devra être créée sur initiative de Wataniya, selon Mohamed Kaddour. Son nom ? L?Association algérienne des opérateurs mobiles (AAOM). Elle devra entamer, dans près d?un mois, une campagne de communication sous le slogan « Mobile volé, mobile bloqué », selon la même source. Une campagne prise en charge aussi bien par l?AAOM que par les autorités publiques (ARPT, DGSN et Gendarmerie nationale). L?action de sensibilisation prendra plusieurs formes : affichage publicitaire, dépliants d?information, affiches dans les points de vente des opérateurs, les commissariats et les gendarmeries, envoi dans les factures clients des opérateurs du dépliant et mise en place d?un site Internet dédié à l?information sur la lutte contre le vol des mobiles. Les promoteurs de cette action voudraient même que les mobiles volés en Algérie ne fonctionnent pas à l?étranger et vice-versa en s?associant aux autres associations d?opérateurs mobiles, particulièrement du Sud de l?Europe, car beaucoup de mobiles qui arrivent sur le marché parallèle ont été volés en Espagne, en France ou en Italie. Les opérateurs réunis la semaine dernière au siège de l?ARPT proposent même de durcir la loi en pénalisant la falsification et le « blanchiment » de numéros IMEI que peuvent pratiquer certaines boutiques ou les individus habitués à débloquer les mobiles. Enfin, les pouvoirs publics pourraient soutenir cette action en modifiant, dans le futur, la loi 03-2000 sur la poste et les télécommunications en y incluant l?interdiction aux opérateurs d?acheminer les appels passés avec des mobiles déclarés volés.


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