Algérie

Les oliviers, les briques et la justice



Une vue des oliviers qu'on veut déraciner
Pour avoir défendu leurs oliviers, les Laïfaoui de Magra croupissent en taule!
Un véritable scandale fait l'actualité ces jours-ci dans une contrée vaste, déserte, miséreuse à souhait et surtout en proie à des vautours prêts à s'emparer de tout. Et cette contrée n'est ni Chéraga, ni Larbaâ, ni Oran, ni Skikda ou encore Annaba. Non! C'est la commune de Belaïba à Magra (wilaya de M'sila).
En fait de scandale, c'en est un! Au moment où durant le mois de mars, tous les mois de mars, les cultivateurs ont l'oeil sur les bourgeons ou les branches qui fleurissent de manière précoce, à Belaïba, il se trouve que des personnes hasardeuses ont osé s'en prendre à des arbres et des oliviers SVP!
«Arrachons la verdure, la chlorophylle, le vert, les feuilles, les fruits, les branches et les racines et remplaçons-les par des unités de production de... briques rouges, grises, bleues! De quoi voir le fric en couleur, en Vistavision et pourquoi pas en Cinéma-scope' Et l'objet de cette chronique est évidemment qu'entre la volonté des cultivateurs de garder leurs arbres afin de préserver l'environnement voisin d'El Hodna et celle de «monter» une unité de cailloux, gravats, fer, acier et tout ce qui peut nuire à ce même environnement il y a, vous l'aurez deviné, la justice! Dame justice est encore une fois interpellée avec, en sous-entendu, manipulée.
Que peuvent faire des cultivateurs qui assistent impuissants à l'arrivée d'engins venus déraciner quelque mille trois cent cinquante arbres utiles à tout et à tous. Eh bien! non! il se trouve qu'on veuille les arracher!
Et comme cela arrive souvent, la justice a relaxé certains récalcitrants face aux néfastes visées d'«entrepreneurs» nés des dernières chutes de neige. Elle en a aussi condamnés au sursis. Elle a infligé des amendes. Elle a aussi prononcé des verdicts où l'incompétence est en valeur. Au fait, où est passé le ministère de l'Agriculture' Seule la justice a dit son mot! La justice' Parlons-en: au tribunal de Magra (cour de M'sila) le 25 mai 2009, les Laïfaoui Houcine et leurs voisins avaient été traînés en correctionnelle pour atteinte à propriété privée. Ils ont été relaxés.
Au civil, l'incompétence a été prononcée. Au foncier, le 22 septembre 2009 en référé, Laâdjal court pour débuter les travaux de son unité de fabrication de briques rouges pour la désignation d'un expert pour la pose de piquets de clôture de la parcelle déjà plantée d'oliviers «debout». Il est débouté par le prononcé de l'incompétence de la section. En appel, la cour de M'sila, chambre référé, approuve le verdict de Magra. Nous étions le 29/09/2009. Les Laïfaoui résistent à l'appétit de Laâdjal qui refuse l'évidence. Il cherche à tout prix à tirer la couverture de la justice de son côté. Quatorze mois après son «insuccès» i-e l'échec devant la cour, il remet «ça» devant la chambre «référé», il s'avance mais la justice le déboute, comme pour lui signifier un gros et résonnant: «Ça suffit! Les juges n'ont pas que les briques à suivre.»
«Les Laïfaoui, eux, semblent désarmés malgré les succès récoltés devant la justice. Alors, ils se tournent vers le premier magistrat du pays en lui rappelant que cette terre leur appartient depuis le 2 mars 1937! Soixante-quinze ans! Les actes existaient au niveau de Batna et les impôts peuvent témoigner, reçus à l'appui!
Et comme toute jeune mariée, la justice ne peut donner que ce qu'elle a. Les juridictions se trouvent loin des arbres et de leurs propriétaires. M'sila est a peu près de soixante-huit bornes de Magra, le théâtre des opérations. Et Hadj El Khiar n'est plus là pour jouer de sa canne et faire entendre raison aux égarés anti-verdure, anti-arbres, anti-environnement.
Alors, il ne restait plus aux hommes encore debout face à l'injustice des gros bras de l'argent et du dinar qu'à lancer un cri de détresse en direction du premier magistrat du pays pour lui demander de sauver ce millier et quelques d'arbres utiles pour la région de Magra dont les âmes ont payé le prix cher pour que vive l'Algérie.
Le fait est que les citoyens ont joué leur va-tout en appelant à l'aide, Help, au secours le président de la République qui peut arranger les choses en offrant à ce Laâdjal, ce commerçant qui veut se faire plus gros qu'un industriel, un autre terrain sur la rocaille, pas à la place d'oliviers utiles à protéger!
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