Algérie

LES OFFICINES SOUS DES TONNES MÉDICAMENTS PÉRIMÉS



LES OFFICINES SOUS DES TONNES DE MÉDICAMENTS PÉRIMÉS

Vivement les incinérateurs !

PROBLÈME des stocks des médicaments périmés entassés dans l’arrière-boutique de la plupart des officines de Constantine perdure et la solution, apparemment, ne semble pas pour demain. Les pharmaciens qu’on a eu à rencontrer assurent que leurs stocks remontent à des dizaines d’années si ce n’est plus. Dans une officine sise au boulevard Belouizdad, au plein centre-ville, la gérante assure que son stock de médicaments périmés remonte à 1995. Et notre interlocutrice d’indiquer qu’avant cette date, «chaque année, le pharmacien était tenu de rédiger sa liste de médicament désuets et la présenter aux services des finances. Ceux-ci déduisaient la contre-valeur du chiffre d’affaires et entamaient la procédure de décimation des produits». Une procédure, insiste notre interlocutrice, qui n’est plus usage. M.
Hafid, pharmacien et responsable au niveau de l’Ordre des pharmaciens d’officine de la capitale de l’Est, enchaîne concernant la quantité de médicaments périmés : «Au minimum, il faut compter dans chaque officine de Constantine 20 kg de médicaments hors d’usage.» M. Benaniber, membre du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO) va plus loin, affirmant qu’«il y a entre 50 et 200 kg de médicaments périmés au niveau de chaque officine». Et comme à Constantine, on recense près de 300 pharmacies, la quantité s’élèverait à des centaines de tonnes. L’Ordre des pharmaciens, par la voix de M. Hafid, revient sur le problème d’incinération des médicaments : «L’été dernier, il a été question d’acheminer les médicaments à incinérer vers Alger par une société privée, mais l’opération a été annulée, pour je ne sais quelle raison.» Une tentative de se débarrasser d’un véritable danger sur la santé et l’environnement et dont une des causes, selon M. Benhrid, président du SNAPO, est
le coût de l’incinération que le pharmacien doit assurer. «Au début, on faisait face au problème d’acheminement des médicaments. On devait les collecter, saisir les services des impôts et faire assister un huissier de justice à l’opération. Par la suite, on évoquait le coût élevé de l’incinération». Et de poursuivre: «L’opération est chiffrée par kilogrammes de médicament à incinérer et ce sont de grosses sommes d’argent que les pharmaciens doivent honorer.» L’opération a été gelée suite aussi à des problèmes d’ordre administratif auxquels la société privée faisait face. D’autres pharmaciens que nous avons contactés évoquent la déperdition des médicaments stockés. Ils assurent que l’emballage se détériore et que les médicaments se défrichent, attirant l’attention sur le danger de la pollution chimique de l’atmosphère. Qu’en est-il des projets d’incinérateurs accordés dans le cadre du comité d’assistance pour la localisation et la promotion de l’investissement
(CALPI) ?M. Benaniber, du SNAPO, indique qu’à un certain moment, on évoquait la création d’un centre d’incinération au niveau de plusieurs wilayas dont la capitale de l’Est, mais le projet tarde à voir le jour. Notre interlocuteur insiste aussi sur le fait qu’il faudrait faire la différence entre un simple brûleur et un incinérateur pour les médicaments. «Depuis la promulgation des lois sur la protection de l’environnement, l’incinérateur à médicaments doit impérativement disposer d’un système traitant les émanations après incinération». Et de poursuivre : «Ce système coûte très cher, même plus cher que l’incinérateur lui-même.»
Pour rappel, la découverte en 2007 d’une grande quantité de médicaments périmés dans la forêt d’El-Meridj, à Constantine, a fait brutalement ressurgir le problème de manque des incinérateurs et relancé le débat sur la protection de l’environnement et la préservation de la santé du citoyen. La direction de l’environnement de la ville des Ponts, par le biais de son premier responsable, parle de projets d’incinérateurs en phase de concrétisation. Attendons pour voir.
Moza D.



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