Algérie

Les obsessions du pouvoir Edito : les autres articles



Les obsessions du pouvoir                                    Edito : les autres articles
C'est surtout durant le Ramadhan que l'on se rend compte de l'indigence de la programmation, du manque de professionnalisme de la télévision nationale à travers ses cinq chaînes. Cinq, c'est trop dire, puisque les quatre autres créées dans le milieu des années 1990 ne sont en fait que des clones de l'unique chaîne nationale, qui a monopolisé durant des décennies nos petits écrans jusqu'au moment où les satellites ont commencé à déverser en flux continu des images venues d'ailleurs. L'exception aura sans doute été la période qui a suivi les événements d'Octobre et dans laquelle beaucoup de spectateurs ont cru voir une embellie qui n'allait malheureusement pas durer, une ouverture au pluralisme et à la diversité de la télé nationale.
Mais là plus qu'ailleurs, l'exception aura confirmé la règle, le pouvoir politique n'entendant pas céder un pouce sur le monopole qu'il détient sur ces médias lourds faiseurs d'opinion, la médiocrité et l'amateurisme ont vite repris leurs droits au service de l'autoritarisme et imprégné ainsi la télévision officielle. Le régime actuel ne craint nullement de se déjuger par rapport aux engagements pris et maintes fois réitérés depuis 1990 de permettre, à l'instar de ce qu'a connu la presse écrite, la création de chaînes privées de télévision. En d'autres termes, plus question d'abandonner le monopole d'Etat sur le secteur audiovisuel.
Face à cet attachement obsessionnel du pouvoir au contrôle du paysage audiovisuel algérien, certains ont cru bon de contourner cet obstacle en mettant en place, à partir de l'étranger, de pays arabes essentiellement, des télés «offshore» à «vocation nationale», souvent adossées à des journaux privés algériens ' on en compte cinq actuellement ' de faible tenue et dont l'audience s'explique d'abord par le populisme qu'elles affectionnent particulièrement et qui fait pour l'instant leur succès. C'est sans doute la seule différence avec les chaînes nationales de l'ENTV.
Mais le plus inquiétant n'est pas là. Il est dans l'attitude du pouvoir politique qui persiste non seulement dans l'obsession à vouloir verrouiller l'audiovisuel de manière autoritaire mais pis encore à favoriser et encourager ce «trabendisme» audiovisuel avec la création de télévisions «offshore». Sinon comment expliquer que certaines d'entre elles bénéficient étrangement d'une manne publicitaire venant d'organismes publics ' Ce qui ne fait qu'accentuer l'opacité qui entoure leur création, notamment à travers leur financement, surtout quand on sait que la télédiffusion par satellite coûte cher et en devises auprès des opérateurs étrangers ! C'est là, sans nul doute, pour le régime de Bouteflika, le moyen de s'attacher de nouveaux soutiens médiatiques. A ces désillusions s'ajoute la conviction que le pouvoir actuel, plus autoritaire que jamais, rejette d'emblée toute idée d'ouverture et de pluralisme dans le paysage audiovisuel algérien. En d'autres termes, ce n'est pas demain que des télés privées algériennes auront pignon sur rue. Les Algériens continueront à subir ces images venues d'ailleurs pour parler d'eux.


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