Les objectifs de l'intervention militaire française au Mali "ne sont pas clairs", a estimé un expert des questions africaines, Rony Brauman, s'interrogeant sur les facteurs politiques qui ont fait que ce pays ait connu un "enrôlement" des jeunes dans l'action terroriste. "Bloquer l'avancée d'une force armée et démanteler ses bases terroristes, qui semble être le deuxième objectif (de l'opération Serval), sont deux opérations très différentes", a dit l'ancien président de Médecins sans frontières, dans un entretien à l'hebdomadaire Politis.
En enclenchant son intervention militaire par voie aérienne le 11 janvier dernier, la France avait affirmé qu'il s'agissait d'interrompre la marche, apparemment irrésistible, des groupes terroristes vers Bamako.
"Il est vrai qu'arrêter une marche vers une capitale n'est pas d'une grande difficulté militaire. En revanche, la suite de l'intervention reste floue", a ajouté l'intellectuel engagé, signalant que l'Otan en Afghanistan et les multiples tentatives des Israéliens de saper les bases du Hamas ou du Hezbollah sont autant d'exemples de "l'inefficacité" de ce type d'intervention militaire face à des bases de mouvements bien implantées.
Tout en disant constater l'enthousiasme général pour cette "politique du bâton", l'ancien professeur à l'Institut d'études politiques de Paris a cependant critiqué "l'impasse" que l'on fait sur les questions politiques, s'interrogeant comment le Mali, "que l'on disait démocratique, a connu un tel enrôlement de jeunes dans le combat armé, le jihad". "La question des Touareg, celles de la gouvernance en général et de l'effondrement de l'Etat sont des problèmes éminemment politiques que les Mirage et les Rafale sont impuissants à traiter", a-t-il expliqué.
Pour lui, "l'illusion" du traitement par les armes de la question terroriste reste "très vivace". "C'est cela qu'il faut combatte. Cela ne veut pas dire que les armes ne servent à rien, mais on leur prête ici de nouveau des vertus qu'elles n'ont démontré nulle par ailleurs", a soutenu le militant humaniste.
A ses yeux, si l'objectif principal - arrêter la marche vers Bamako- a été atteint, la "logique" serait de s'arrêter là et de "commencer à favoriser des pourparlers". Ce n'est pas la première réaction du genre de M. Brauman dans des conflits armés où la France a été directement impliquée. En mars 2011, il s'oppose à l'intervention militaire en Libye dans laquelle la France est engagée.
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Posté Le : 19/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com