Une nouvelle vague théâtrale voit le jour, de nouvelles écritures s’affirment avec des pionniers tels que Koffi Kwahulé, Kossi Efoui, Koulsy Lamko, Rodrigue Norman et José Pliya.
Dans tous les cas, les pièces de ces dramaturges, quand bien même elles se réclament de la fiction, se situent, pour la plupart, à la frontière d’une étude sociologique et culturelle. Les réalités sociales sont leur matière. Plusieurs auteurs s’y mettent avec ironie, d’autres avec humour, d’autres encore avec un cynisme parfois provocateur dont les auteurs se défendent allègrement.
Quand il s’agit de choisir un titre, de présenter les personnages ou d’avertir le lecteur, nous remarquons que certains dramaturges prennent de multiples précautions pour se protéger contre la censure. Même s’ils sont certains que l’avenir de leur pièce dépend uniquement de la lecture et du jugement d’un jury (au concours de Radio France) qui, a priori n’a pas d’autre censure à faire que celle qui est relative à la valeur littéraire de l’œuvre. D’abord morale et psychologique, cette vigilance se présente aussi de façon esthétique comme le montre Koulsy Lamko dans Ndo Kola ou l’initiation avortée (1988). Après avoir averti le lecteur qu’il évolue dans un univers culturel réel, celui du groupe ethnique Sara du Tchad, il prend soin d’expliquer le nom de chaque personnage. Explication littérale, symbolique et mythologique. Ce qui à l’évidence n’est pas superflu pour la lecture de la pièce. Il en est de même pour son petit guide phonétique et des détails qu’il apporte sur la complicité entre spectateurs et acteurs.
Ce qui oriente davantage l’intérêt demeure le fait que l’auteur précise à juste titre qu’il ajoute ces éléments dans le sens du renforcement de la « communion autour de la tragédie ».
Sans vouloir trop insister sur ces indications extérieures aux textes des pièces choisies, nous avons constaté qu’à partir de ces détails, certains projets des dramaturges se perçoivent mieux. Surtout une volonté d’être en harmonie ou en désaccord avec une tradition culturelle ou littéraire donnée. Ces précautions, au- delà de la banale prudence politique, ouvrent à un désir. Celui d’abandonner le confinement à un espace et à un temps pour se livrer et livrer l’œuvre à l’humanité, à l’universel. Ce projet- là est esthétique.
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Posté Le : 21/12/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Dahou Malika
Source : الحوار الثقافي Volume 2, Numéro 2, Pages 32-42