Les nouvelles approches des chasseurs de têtes

Networking, sites de placement spécialisés, business games et autres hackatons. Le monde de l'emploi connaît ses dernières années des mutations. Si le CV et la lettre de motivation restent de rigueur, les modes de recrutement, quant à eux, ont pris de nouvelles formes. Enquête.Casquette inclinée, t-shirt coloré, pantalon slim fit et Converse montante, El Hadi, 24 ans, ingénieur en automatisme, avance lentement vers un stand lors du Salon Talents et Emploi qui s'est tenu à Oran.La préposée, recruteur d'une grande entreprise, lui demande d'emblée d'ôter sa casquette. L'entretien s'est mal déroulé pour le jeune El Hadi. «Ils veulent quoi ' Qu'on vienne en costume-cravate !» s'étonne-t-il. Comme El Hadi, ils sont nombreux à ignorer qu'aujourd'hui, les recruteurs accordent une importance capitale à la présentation.«Je comprends que certains parmi les candidats, notamment ceux qui cherchent un premier emploi, n'aient pas les moyens de s'offrir un costume-cravate, mais une chemise, un bas classique et des chaussures sont abordables pour tous. Si je dis cela, ce n'est pas par légèreté d'esprit, le monde de l'entreprise est impitoyable et une bonne présentation est hélas de rigueur», explique une responsable des ressources humaines.Ainsi, le «business dress code» fait partie aujourd'hui du curriculum vitae du candidat et un atout majeur lors de l'embauche.L'allure passée en revue, vient maintenant le tour du binôme CV-lettre de motivation. Là aussi, il faut soigner sa rédaction, sa mise en forme, tout en restant sobre et professionnel.Pas de place pour les hobbies et autres boulots de vacances. «Lorsqu'un candidat se présente avec un CV plutôt blindé, certains omettent d'effacer les petits boulots, comme vendeur dans un bureau de tabac, cybercafé et j'en passe. Cela n'est pas bénéfique pour le candidat, car cela renseigne sur son manque d'ambition dès le départ. Ces petites erreurs peuvent coûter cher aux demandeurs d'emploi, notamment dans la phase de négociation du salaire», prévient un DRH.Maintenant que l'allure est soignée et le CV étoffé, comment songer à une carrière ' «Les candidats devront désormais opter pour une carrière hyperspecialisée. Pour cela, il faut bien choisir son cursus et les formations en fonction du marché de l'emploi et des possibilités de carrière», annonce d'emblée un important recruteur de la place d'Alger.Business games, serious gamesAinsi, ce mode de recrutement a fait sa rentrée récemment en Algérie. Si cela paraît a priori comme des concours lucratifs organisés par de grandes firmes internationales, dans les faits, il ne s'agit que d'un concours de sourcing et de recrutement. Le principe est simple : les entreprises organisent des concours à travers le territoire national.Linscription se fait sur internet, le candidat présente un projet et va aux présélections. «Il s'agit pour nous d'un réservoir important de candidats, cela nous permet à la fois de remplir notre bases de données, de connaître les candidats directement lors dès la présélection, et de faire à certains profils des propositions sans passer par l'entretien d'embauche et autres processus de recrutement», explique le manager des ressources humaines d'une grande enseigne internationale. Une fois les présélections régionales terminées, le concours national est généralement organisé dans un luxueux hôtel de la capitale.Portes fermées et loin des concurrents, des contrats de confidentialité sont systématiquement signés. Lors de la finale, les candidats sont initiés aux valeurs de l'entreprise, au mode du travail, aux conditions d'embauche ainsi qu'aux possibilités de carrière qui s'offrent à eux. Les lauréats vont ainsi passer un stage auprès du PDG de la boîte avant de concourir à la finale internationale organisée à l'étranger.«Je n'imaginais pas un instant qu'en remplissant un jour un formulaire avec mon binôme, j'allais travailler pour cette boîte, évoluer et grimper rapidement dans les postes de responsabilité», témoigne Khaled, directeur marketing d'une entreprise leader de son marché.StartupLes grandes firmes ne se limitent pas uniquement aux business games. Depuis peu, les entreprises parrainent des concours de la meilleure startup de l'année. Le principe est simple : l'entreprise lance des appels à projet dans ses domaines de ressort. Le candidat est ainsi appelé à imaginer le lancement d'une petite entreprise dans un domaine précis. Il préparer le master plan, le business plan et, pourquoi pas, le media plan.Les lauréats se voient attribuer des prix pour monter leur entreprise avec un cahier des charges bien défini. En vérité, il s'agit de la création d'une sorte de filiale qui viendrait soutenir et renforcer le réseau de l'entreprise. «Certains investisseurs, notamment étrangers, préfèrent investir à moindre coût pour créer des filiales autonomes, surtout de services. Elles prennent en charge le tout jusqu'à l'émergence de la microentreprise, qui est liée généralement par un contrat d'exclusivité de quelques années. Ainsi, la firme n'a plus à s'occuper du management de ses sous-filiales, de leurs ressources humaines ainsi que des finances et des bilans.» C'est une idée ingénieuse et peu onéreuse.Networking et salon de l'emploiLe networking (réseautage social), consiste à nouer des relations sur le long terme avec un certain nombre de personnes-clés, mais qui ne sont pas toujours des contacts professionnels. «J'ai été recrutée dans un club de karaoké, à Sidi Yahia, grâce à une connaissance qui m'a proposé un soir un job», se souvient Naila, conseillère clientèle dans une grande banque. «Depuis ce jour-là, j'ai compris l'importance de constituer un réseau. Aujourd'hui, j'arrive même à placer des amis, proposer des candidatures pour des amis responsables dans des boîtes importantes» se targue-telle.Le networking peut vous fournir de nouvelles perspectives et idées qui vous aideront dans votre quête d'une carrière. Le partage d'informations sur des challenges, des expériences et des objectifs constitue l'un des principaux avantages du networking. Le speed networking a fait son entrée en Algérie très récement. Les salons de l'emploi sont aussi un manière nouvelle d'aller directement à la rencontre des chefs d'entreprises ou des DRH.Plateforme de recrutement en ligneEn l'absence d'offices de placement dans nos universités et de pôles de service public performants, les sites d'emploi sur internet restent aujourd'hui le moyen le plus usité à la fois par les demandeurs, mais surtout par les recruteurs. «Désormais, les recruteurs consultent les profils sur internet, notamment sur les sites spécialisés. Un moyen rapide et facile pour dénicher le bon profil» témoigne le DRH d'une importante banque privée.Cela permet aussi aux recruteurs de «googler» les candidats. «J'avoue je googlise systématiquement les candidats, je consulte leur profil facebook. Cela me permet de me renseigner un peu plus sur eux. En d'autres termes, identifier leur profil psychologique sans même les convoquer pour un entretien», instruit-il. Pour débusquer les profils «hautement qualifiés et demandés», LinkedIn, le social network professionnel mondialement connu, reste le plus usité par les recruteurs en Algérie. Les annonces dans la presse écrite, traditionnelles pour certains, restent aussi un moyen important et toujours d'actualité, de l'avis même des grands recruteurs. «Il s'agit pour nous de donner sa chance à chacun...»A l'invitation du Club marketing de l'Ecole supérieure de commerce (ESC), Zouheir Aït Mouhoub, rédacteur en chef du supplément Etudiant du journal El Watan, animera dimanche 13 décembre, de 11h30 à 13h, un atelier-conférence sur la thématique de l'emploi : «Post-diplôme et recrutement : quels sont les nouveaux modes de recrutement ' Comment réussir son placement ' Quels sont les secteurs recruteurs '»Le public est cordialement invité.