Algérie

Les nouveaux visages de la pauvreté



Après la grande peur d'une contamination au Covid-19, c'est la chute du pouvoir d'achat qui frappe les foyers bordjiens.Au-delà de la dimension sanitaire et les pertes en vie humaine, la gravité de la pandémie de Covid-19 se mesure aussi par son impact socio-économique. Alors que l'Algérie et le monde s'enfoncent dans une crise économique déjà historique et appelée probablement à durer, plus d'un Bordjien sur deux se plaint de voir ses revenus chuter à la suite de la crise du coronavirus. Certains ont tout perdu, alors que les aides des bienfaiteurs ont cessé, après 9 mois de résistance. Nombre d'associations s'alarment des "ravages" provoqués par la crise sanitaire et mettent en garde contre une progression de la pauvreté et de la précarité de nombreux foyers.
"De nouveaux chômeurs ou des travailleurs qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts", comme aime à les qualifier un enseignant universitaire. Dans la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, la situation est particulièrement préoccupante notamment pour ceux qui ont perdu un emploi après la cessation d'activité. Outre les ouvriers dans le secteur du bâtiment, les employés dans les usines, les artisans et les commerçants dans l'informel, s'ajoutent les journaliers dans les petits services. Beaucoup sont exposés à la précarité ! "Nombre d'entre eux n'avaient jamais demandé d'aide à personne.
Et là, non seulement ils n'ont plus de quoi se nourrir, mais ils ne peuvent plus payer ni leur loyer ni l'électricité", affirme Othmane, un bénévole dans une association d'aide aux orphelins. "Ce qui nous inquiète particulièrement, c'est la fermeture de petites entreprises, comme celles du bâtiment ou de la restauration qui représentent beaucoup d'emplois et qui sont obligées de licencier", poursuit-il. "Ces anciens salariés, que personne n'aide aujourd'hui, ce sont eux les nouveaux visages de la pauvreté. Des gens qui vivaient modestement et discrètement mais qui subvenaient à leurs besoins et qui aujourd'hui n'ont plus de quoi manger", déplore tristement le bénévole qui rappelle que les associations caritatives n'arrivent même pas à aider les anciens nécessiteux.
Entre autres raisons : repli de l'investissement en raison d'un contexte de morosité et d'une politique monétaire restrictive et trop bureaucratique, un fort taux de chômage et un secteur informel représentant entre 40 et 60% de l'économie locale, explique un économiste de l'université Bachir-Ibrahimi et membre de l'association. "Vous n'avez qu'à regarder le nombre de rideaux baissés, les constructions abandonnées, les ateliers désertés et le nombre de personnes dans la rue", ajoute-t-il. "Un chiffre absolument énorme", s'alarme encore l'universitaire, en regrettant les choix des décideurs sur les priorités et les solutions préconisées. "Après la santé, le secteur de production (agriculture et industrie) doit être l'une des priorités des responsables.
Au lieu d'injecter des milliards dans un club de football qui a consommé par le passé des sommes colossales sans rien rapporter, et qui va jouer à huis clos, il aurait était plus sage et judicieux de placer cet argent dans une entreprise qui va produire un plus. Pour moi, ce ne sont ni l'argent ni les ressources qui manquent, mais la mauvaise gestion de la crise et le choix des priorités qui ont créé ce désordre", estime-t-il. Alors que la fin de la crise apparaît hypothétique, la pauvreté, les inégalités et le nombre de nécessiteux semblent augmenter à vue d'?il.
Chabane BOUARISSA


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