Algérie

LES NOUVEAUX DEPUTES BROCARDES



C'est une marée humaine à la fois fière d'avoir réussi son pari de zéro vote en Kabylie, mais remontée contre le retour du FLN qui a battu le pavé, hier, à Tizi Ouzou, à l'occasion du 122e vendredi de l'insurrection populaire.Ni la suffocante chaleur ni encore le fait accompli de la tenue des législatives n'ont dissuadé les partisans du Hirak de descendre par dizaines de milliers dans les rues de Tizi Ouzou pour réaffirmer leur refus de reconnaître une assemblée issue d'une élection à laquelle ils n'ont pas participé.
Comme chaque vendredi, dès 13h, l'esplanade du stade du 1er-Novembre était déjà noire de monde. Sur place, il n'y a pas l'ombre d'un seul policier. Sur le grand boulevard qui longe le CHU et qui mène vers le traditionnel lieu de regroupement des manifestants, le flux humain en provenance du centre-ville est intarissable.
Dès 13h30, la foule s'ébranle. Sans surprise, c'est sur le rejet de l'élection du 12 juin dernier que tout le monde se focalise. Sur de larges pancartes, on pouvait lire, entre autres, "Une APN sans peuple", "Le taux de participation ne vous intéresse pas, vos députés ne nous intéressent pas", "12 juin : victoire du Hirak pacifique".
Dès l'entame de la marche, les manifestants commencent également à scander : "Ma votina, ma âandna nouab" (Nous n'avons pas voté, nous n'avons pas de député), et d'autres slogans qualifiant l'élection du 12 juin de "pièce théâtrale". Ces slogans ont été repris quasiment dans tous les carrés de la marche dont les rangs continuaient à grossir au fur et à mesure qu'elle est rejointe par les manifestants réfugiés à l'ombre des arbres et des immeubles tout le long de son itinéraire habituel.
Sur le boulevard Abane-Ramdane, la marée humaine s'en prend au FLN qui vient de signer son retour sur la scène politique à la faveur de ces élections législatives. "FLN dégage", scande-t-on dans tous les carrés de la marche. "Le berceau de la révolution ne reconnaît pas le FLN", "Le peuple exige le départ du FLN et du système", lit-on sur des pancartes.
D'autres pancartes taillaient également des croupières au RND et surtout à Bengrina dont les propos sur la Kabylie et sur "le viagra politique" sont tantôt moqués, tantôt dénoncés par les manifestants qui n'ont eu de cesse de réaffirmer leur détermination à poursuivre la révolution et surtout leur attachement à l'Etat civil par le biais d'une transition démocratique.
Même topo à Béjaïa où les nouveaux "élus" en ont eu pour leur grade.
"Députés à la poubelle" est le slogan le plus répandu dans la marche. Il était 12h lorsque les premiers manifestants commençaient à converger vers l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche. Par un temps lourd et maussade, les manifestants chantaient en ch?ur "Selmou soulta li chaâb" (Remettez le pouvoir au peuple), "Libérez les détenus", "Libérez l'Algérie" et "Députés à la poubelle".
Vers 13h, la marée humaine s'est ébranlée sous les cris de "Anelhu, anelhu, alamma yeghli udabu" (On marchera jusqu'à la chute du pouvoir) et "Députés à la poubelle". Si certains manifestants brandissaient le drapeau national et l'emblème amazigh, d'autres ont préféré arborer des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, "FLN dégage", "Tant que le FLN est debout, l'Algérie restera à genoux", etc.
De l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche jusqu'à El-Qods, point de chute des marches du vendredi, les marcheurs n'ont cessé de tailler des croupières au pouvoir. "Naâya si lvatel, système dégage", "Mazal, mazal tagrawla" (La révolution demeure), "Tilelli imahbas nerray" (Liberté pour les détenus d'opinion), "Nennad atrouhem" (On a dit que vous allez partir) ont été autant de slogans scandés par les manifestants tout au long de l'itinéraire de leur marche pacifique.
Fait saillant : avant et durant la marche, la police était absente en ce 122e vendredi.

S. LESLOUS/L. OUBIRA


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