Les non-voyants d'Oran se mettent de la partie

"Nous avons trouvé une parfaite collaboration avec l'association des non-voyants d'Oran qui nous héberge dans leurs locaux, et en contrepartie, nous formons des membres de cette association et leurs enfants à confectionner des masques qu'ils revendent eux-mêmes."Les explications sur cette opération de solidarité sont de Nourredine, militant actif du mouvement associatif et bénévole, qui nous a reçus dans les locaux de l'Association des non-voyants d'Oran dont l'unité de fabrication est à l'arrêt depuis des années et ne fonctionnant qu'occasionnellement seulement.
Cette opération de solidarité mutuelle a été concrétisée, il y a plusieurs mois, lorsque des bénévoles, des donateurs, s'étaient fixé pour objectif de fabriquer des produits de protection contre la pandémie de Covid-19 comme les masques en tissu, à visière, des blouses et autres tenues de protection ou encore des linceuls pour les morts du Covid, etc. Et le tout distribué gratuitement auprès d'institutions, d'hôpitaux et autres groupes caritatifs.
Le lien avec l'Association des non-voyants s'est établi lorsque des bénévoles étaient en quête d'un local pour installer le petit atelier de confection de masques et de sacs et autres produits.
Et l'idée a vite germé : les non-voyants ont consenti à héberger ces bénévoles en contrepartie de la formation de certains de leurs membres ; c'est ainsi que six non-voyants et mal-voyants et trois enfants de non-voyants ont été formés et fabriquent désormais des masques, des blouses, des sacs, des linceuls et autres housses de protection.
Objectif et intérêt pour les mal-voyants et certains de leurs enfants : acquérir une formation, un savoir-faire au moment où les emplois et les perspectives d'intégration en direction des mal-voyants sont quasi inexistants. "Vous savez, le prix de revient des masques en tissu que nous fabriquons ne dépasse pas 3 DA.
À l'extérieur, ils sont vendus jusqu'à 50 DA. Nous avons la matière première grâce à des donateurs qui se sont impliqués avec nous", explique Nourredine. Outre l'activité dans le petit atelier de confection, les non-voyants font la revente de produits d'entretien comme de l'eau de javel, de la lessive, grâce à des petits blocs de remplissage. "Et là aussi, les prix de vente sont imbattables", dit-il.
Comme pour exprimer sa fierté, un mal-voyant, ayant également un handicap moteur, exhibe les porte-manteaux muraux qu'il fabrique et qui sont en vente au niveau du local de l'association. Leur souhait à tous qu'ils veulent délivrer à la population : permettre la continuité de la solidarité envers les non-voyants en venant acheter leurs produits, et envers le reste de la société qui permettra de distribuer gratuitement des masques aux plus démunis.

D. L.