Algérie

Les non-dits des tiraillements qui secouent l'ex-parti unique



Les non-dits des tiraillements qui secouent l'ex-parti unique
Les nouvelles alliances politiques qui se dessinent, à la faveur du renouvellement partiel de la chambre haute du Parlement, semblent présager d'un remodelage du champ politique. D'apparence, « le mariage » du Parti des travailleurs de Louisa Hanoune avec un des « piliers » de l'Alliance présidentielle, à savoir le Rassemblement national démocratique (RND), peut s'expliquer par un malentendu entre le PT et le FLN, lorsque le président de l'APN, Abdelaziz Ziari (FLN) avait refusé d'accéder à la demande de Mme Hanoune de virer les salaires de ses dissidents sur le compte du parti. Mais le spectaculaire rapprochement entre les deux formations, diamétralement opposées idéologiquement, ne s'est pas fait sur un simple coup de tête. Il s'agit bien d'une alliance stratégique qui devrait redéfinir les rapports entre les partis, voire les équilibres au sommet du pouvoir. Bon nombre d'observateurs pensent que déjà les grandes man'uvres politiques dans la perspective des prochaines échéances électorales sont bel et bien engagées. Le FLN version Belkhadem, qui s'apprête à organiser son 9e congrès, veut marquer sa différence par rapport aux autres formations politiques. L'actuel secrétaire général de l'ex-parti unique fait des pieds et des mains pour contrôler l'appareil. Lors des débats du dernier conseil national, il a « mal apprécié » la critique faite par Salah Goudjil, membre de l'actuelle direction. Ce dernier a émis des réserves sur le mode de désignation des membres de la direction du parti. « La désignation est antidémocratique », avait fait remarquer M. Goudjil. La réplique de Belkhadem a été très cinglante : « Tu parles de démocratie, toi qui as cautionné le mode de désignation par le passé », aurait lancé Belkhadem en direction de Salah Goudjil. Les textes proposés au congrès donnent de larges prérogatives à Abdelaziz Belkhadem, qui nourrirait des ambitions politiques plus importantes. Bien que le président d'honneur du parti ' Abdelaziz Bouteflika (président du parti dans les textes qui seront proposés au 9e congrès) ' pourrait être tenté par un quatrième mandat présidentiel, le fait que l'on sussure ça et là qu'il est « très fatigué » donnerait des appétits à certains.Les ambitions de BelkhademA. Belkhadem, qui tente d'asseoir son pouvoir au sein du FLN malgré la large contestation dont il fait l'objet, n'ignore pas cet élément. Et pour prendre ses distances vis-à-vis de son allié, le RND qui se dit également nationaliste, Belkhadem compte sur un « 9e congrès extraordinaire pour imprimer au parti une ligne nationaliste mais différente de celle du RND », assure un cadre dirigeant du FLN, sous couvert de l'anonymat. Le nationalisme que veut justement imprimer Belkhadem au FLN n'est en réalité que le conservatisme dont il s'est toujours érigé en porte-parole. C'est « un islamo-nationalisme », pour reprendre l'expression d'un de ses proches. Le secrétaire général du FLN n'a pas caché son opposition au rapport de la commission « message de Novembre », présidée par le sénateur Abderrezak Bouhara. Lequel rapport, faut-il le rappeler, a préconisé au FLN de se doter « d'une ligne patriotique » qui prenne ses racines au congrès de la Soummam, notamment. Sauf que Belkhadem ne voit pas le congrès de la Soummam comme un acte fondateur de la lutte de Libération nationale ; il est proche des thèses de Ben Bella sur cette question. Il n'a pas aimé que le rapport « message de Novembre » ait fait référence à cela et exige que ce passage soit éliminé du rapport. La distinction du FLN version Belkhadem par rapport à ses alliés politiques dans le gouvernement se fera également en se rapprochant des milieux conservateurs et des organisations traditionalistes (les confréries et les zaouïas).Un connaisseur des penchants idéologiques de Belkhadem a assuré que le secrétaire général du FLN « est très lié avec les milieux confrériques et est sous l'emprise des zaouïas. Ses choix et ses convictions idéologiques sont puisés dans ce réservoir traditionaliste que sont les confréries. Il n'a pas de lien objectif avec les idéaux défendus par la Révolution ». Ce penchant semble agacer sérieusement son homologue de l'Alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia. « Le patron du RND court derrière Belkhadem, mais ce celui-ci lui préfère les islamistes du MSP. Lorsqu'il a été désigné chef de gouvernement en 2006, il n'a pas caché sa volonté de rallier même les islamistes d'En Nahda au gouvernement », a assuré un proche de l'hétéroclite Alliance présidentielle. Face aux man'uvres de Belkhadem, le chef du RND, après son retour aux commandes, veut aussi se faire de nouveaux « amis » politiques et il les trouve à sa gauche. Il contracte ce pacte stratégique, scellé à la veille du renouvellement partiel du Sénat, avec le Parti des travailleurs. Ceux qui connaissent bien la prudence politique d'Ouyahia estiment que son rapprochement avec le PT « ne s'est pas fait sans avoir eu au préalable le feu vert d'en haut ». Cela démontre l'existence d'une volonté au sommet d'intégrer Louisa Hanoune dans le cercle très fermé du pouvoir. « Le rôle du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, aurait été déterminant dans ce rapprochement. Il faut rappeler que Louisa Hanoune a bien défendu Zerhouni lors de la dernière présidentielle. Elle lui a bel et bien distribué des bons points. Elle l'avait même qualifié de patriote lorsqu'il s'est opposé au projet de loi sur les hydrocarbures, en 2005 », a indiqué un observateur qui suit de près les tractations du sérail. Cette alliance ne peut se faire qu'au détriment du MSP, en perte de vitesse, et du FLN, qui est traversé par des tiraillements internes, ajoute cet observateur. Mme Hanoune se charge d'ores et déjà de cette mission. Elle appelle de ses v'ux « à l'éclatement de l'alliance triangulaire », sonnant ainsi sa fin de mission. La prochaine étape appelle à d'autres alliances avec de nouveaux objectifs pour de nouveaux visages. De nouvelles alliances semblent se préparer en coulisses. Belkhadem et Ouyahia, tous deux caresseraient le rêve présidentiel. 2014 n'est pas loin.


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