Algérie

Les non-dits dans le discours de Mouloud Hamrouche



Les non-dits dans le discours de Mouloud Hamrouche
La conférence de presse de l'ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche, donnée jeudi à l'hôtel Safir à Alger, s'est terminée sur un goût d'inachevé comme en témoignent les commentaires les plus contradictoires qui ont suivi, exprimés aussi bien sur les sites d'information que sur les chaînes de télévision algériennes privées, particulièrement sur le sens des paroles prononcées concernant l'armée.Comme son communiqué, qui a fait croire qu'il allait se porter candidat alors que ce n'était déjà pas du tout son intention, sa conférence de presse a laissé derrière plein de non-dits. Pour clarifier sa position à l'égard de l'élection présidentielle, il a tenu à s'excuser auprès de ceux qui ont compris que son communiqué était un prélude à sa candidature. Dans sa déclaration préliminaire lue devant les journalistes, il commence par confirmer qu'il n'est pas candidat à la présidentielle et il expliquera pourquoi : le processus électoral actuel n'a aucune raison d'être, quelle que soit la personnalité qui sera élue le 17 avril, que Bouteflika soit reconduit pour un quatrième mandat ou que quelqu'un d'autre lui succède, le problème, selon lui, restera posé concernant la transition à opérer pour aller vers un Etat de libertés, un Etat démocratique et sortir de la situation actuelle qu'il qualifie d'impasse. C'est sa grande interrogation sur l'après 17 avril. Il laisse entendre que le pouvoir n'est pas outillé pour une gestion convenable du pays à travers des mécanismes appropriés, ce qui explique selon lui l'inefficacité de l'action gouvernementale. Pour lui, c'est à l'armée à sauver le pays de l'impasse. C'est le rôle qu'il assigne à l'institution militaire dans cette phase difficile caractérisée par une «paralysie dangereuse des institutions». Il explique qu'«il n'y a aucune chance d'instaurer un système démocratique sans l'aval et le soutien actif de l'armée», mais il s'empresse de rectifier qu'il ne demande pas «un coup d'Etat ou que l'armée empêche le président d'être candidat à l'élection». Autre clarification apportée par l'ancien chef de gouvernement pour corriger une des nombreuses interprétations à son communiqué : il n'est pas médiateur. Parce que pour faire le médiateur, dit-il, il faut deux parties en conflit, or, soutient-il, il n'y a pas un problème de conflit entre deux parties au sein du pouvoir. Il explique que le problème est celui du système dans sa globalité et il ne date pas d'hier, il a toujours existé, insiste-t-il. Toutefois, tient-il à préciser, il n'est pas pour la chute brutale du système, dont, faut-il rappeler, il est lui-même issu, il est pour un changement en douceur. La transition vers la démocratie prendra du temps mais peut être également rapide eu égard aux attentes de la population, rectifie-t-il. Mouloud Hamrouche a évité volontairement d'analyser les causes de ce qu'il appelle l'impasse et qui sont dans les pratiques passées du pouvoir, car il dit ne pas vouloir revenir sur le passé mais regarder vers l'avenir et vers les solutions à la situation actuelle qu'il décrit comme dangereuse. Le discours de Mouloud Hamrouche est-il l'indication d'une mission dont il serait investi pour l'après 17 avril ? la réélection de Bouteflika ne faisant aucun doute, selon la lecture que l'on peut faire de ses propos ? ou alors est-ce le signe d'illusions qu'il garde quant au rôle qu'il pourrait encore jouer dans le dépassement du système ' En choisissant de ne pas être candidat, Mouloud Hamrouche a décidé de faire l'économie d'efforts qu'il a sans doute jugés inutiles : la course vers les signatures pour le dossier de candidature, la création de comités de soutien, constituer un staff de campagne, sillonner le pays pour faire sa campagne électorale, établir un diagnostic de la situation générale du pays et proposer un programme... Et au bout du compte, pense-t-il, sans doute, assister à la réélection du président sortant. Il sait que, dans la population, rien n'indique qu'il y ait un quelconque appel à lui, seul le cercle de ceux de ses partisans qui lui sont restés fidèles a été déçu de ne pas le voir s'engager dans la bataille à la présidence.




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