Algérie

Les non-dits d'une rencontre



Abderezzak Makri subit des rejets et des réserves de l'ensemble des partis politiquesMakri a reçu une salve des plus fortes de la part de Ouyahia qui s'est comporté d'une façon très sereine, mais usant de propos très acerbes pour ceux qui savent lire entre les lignes et en filigrane.
La dernière rencontre entre le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderezzak Makri et le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, s'est soldée par une bérézina quant à la démarche de Makri à propos de la transition politique et économique et aussi l'implication de l'institution militaire dans ce processus de «pacotille» cher à Makri.
Le chef du MSP a nié mordicus avoir fait allusion à la transition politique lors du point de presse en marge de la rencontre qui s'est déroulée au siège du RND à la demande du président du MSP. Pour Makri, la question de la transition politique n'est plus à l'ordre du jour et «en aucun cas nous avons parlé de la transition démocratique. Nous avons soulevé la question du consensus national où toutes les forces vives de la nation sont concernées avec d'autres institutions de l'Etat», a dit Makri en évitant de répondre sur la question qui a trait à l'institution militaire qu'il a appelée à prendre en main la gestion de ladite transition qui sera limitée à un seul mandat.
Le MSP avait lancé une «initiative» qui avait des contours et des traits, même si cette initiative peut ne pas être partagée par toute la classe politique, ce qui est normal, mais revoir toute la copie de ladite «initiative» et se rebeller urbi et orbi contre une démarche, toute honte bue, cela s'appelle de la politique clownesque qui n'est pas digne d'un parti politique censé faire dans la propédeutique et la pédagogie dans le but de rendre à la politique ses lettres de noblesse. Makri et son mouvement islamiste ont opéré une volte-face que «Janus» n'était pas en mesure d'opérer. La rencontre d'hier entre le MSP et le RND a été dépouillée de tout ce qui a été initié par Makri à propos de la transition politique et économique et son appel à l'armée à s'impliquer dans ce processus transitoire. Makri use de sa «boîte de Pandore» en prêchant le consensus national sans altérer le processus constitutionnel et électoral qui a été enclenché depuis plus de deux décennies. Finalement, le MSP ne sait plus à quel saint se vouer, à moins que toute cette opération vise un show médiatique et un appel codé aux détenteurs du pouvoir d'insérer ce mouvement dans les rouages et de bénéficier de sa part de la rente et de strapontins.
Dans ce sens, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia en l'occurrence, a insinué que «le MSP a contribué durant 15 années au redressement puis à la reconstruction nationale», et d'ajouter que «le RND fait partie depuis 1997 à ce jour, de gouvernements successifs à composantes élargies, convaincu pour relever ses défis, que l'Algérie a besoin du concours de toutes les forces politiques légales favorables à ce choix». Mais là où le SG du RND a supplanté le chef du MSP en lui envoyant un message politique fort en sens et de réalités historiques récentes, c'est par rapport à l'initiative de la transition politique et économique et de consensus national, Ahmed Ouyahia n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour signifier à son ex-partenaire au sein du gouvernement que «s'agissant de la présidentielle de 2019, le RND milite pour un nouveau mandat du président Abdelaziz Bouteflika, par souci de stabilité et de continuité nationale», a martelé le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia.
Makri a reçu une salve des plus fortes de la part de Ouyahia qui s'est comporté avec lui d'une façon très sereine, mais usant de propos très acerbes en termes politique pour ceux qui savent lire entre les lignes et en filigrane. Le chef du MSP a été désavoué politiquement par son partenaire politique d'hier en lui rappelant que le processus constitutionnel et électoral est un fait saillant et bien réel allant jusqu'à accuser indirectement et avec une finesse politique Makri qui verse dans le déni politique. Cette déclaration à elle seule devrait pousser le chef du mouvement islamiste et membre de l'internationale des Frères musulmans à se terrer dans son «aphasie» politique attendant l'âge de Mathusalem pour pouvoir cerner et maîtriser les rudiments de la pratique politique et ses arcanes. Dans ce registre, le RND était intransigeant en indiquant que «le RND considère qu'il n'y a pas de place pour une transition politique dans un pays qui retourne régulièrement aux urnes, car ce serait là un déni de la souveraineté populaire», cette réponse au président du MSP et au groupe qui a assisté à la rencontre d'hier avec les représentants du RND et son secrétaire général à sa tête, met un terme à la danse «derwichienne» de celui qui a fait de l'entrisme et de la versatilité son dada. Quand Ouyahia assène des leçons politiques à Makri en lui rappelant que tout ce que le MSP est en train de développer comme «initiative» n'est qu'un pur déni, cela devrait amener Makri a remettre les clés du MSP à la troisième génération du mouvement pour qu'elle puisse s'adapter aux exigences de l'évolution politique de par le monde et non pas confondre la politique avec la bigoterie.
Le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a enfoncé davantage le clou en soulignant à l'adresse de Makri et sa «loque» d'initiative que «le RND s'est aussi prononcé pour que l'Armée nationale populaire qui est une des institutions incarnant l'unité de la nation, soit gardée à l'abri des joutes politiques et partisanes», et d'ajouter «qu'en matière électorale, le consensus serait une négation du pluralisme démocratique. Mais le RND est pour un large débat politique afin de dégager les bases d'un consensus autour d'une économie sociale de marché garantissant l'efficacité économique au profit de toute la nation et garantissant aussi la justice sociale au bénéfice des citoyens défavorisés», a tempêté le secrétaire général du RND.
En somme, la déroute de Makri est plus que manifeste, il s'agit là d'un véritable échec politique. Le MSP version Makri ne sait plus sur quel pied danser, tout se confond pêle-mêle chez ce mouvement qui déclare une chose et qui en fait une autre. Hypocrisie quand tu nous tiens!!


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