Les non-dits

Résumé : Rédha ne veut plus les faire souffrir. Il promet de changer. Il veut redevenir l'ange qu'il était avant. Il remercie sa s?ur pour son soutien et son amour inconditionnel. Lorsque Fadhéla appelle pour prendre des nouvelles, Samra l'informe que Rédha rentrera le lendemain. Il sera là-bas pour assister à la naissance de leur premier enfant.-À défaut de partir avec lui, tu pourrais nous accompagner à l'aéroport, propose Samra, déçue et peinée par le fait qu'entre Rédha et elle, il y ait cette rupture. S'il te plaît !
-Je suis épuisée, répond Nedjma. Une autre fois, promet-elle tout en lui remettant des cadeaux pour le bébé. Mets les dans la valise. Si Allah me prête longue vie, je leur rendrai visite dans quelques semaines pour connaître mon petit-fils.
-Soit ! Allez khoya, allons-y.
Rédha va embrasser leur mère qui le serre dans ces bras pendant un long moment.
-Prends soin de toi et de ta famille ! Qu'Allah te guide sur le droit chemin.
-Ne m'oublie pas dans tes prières, lui dit il. J'en aurais besoin.
-Pars le c?ur tranquille. Une mère aime ces enfants, bons ou mauvais, lui dit-elle sans le regarder dans les yeux. Qu'Allah te protège où que tu sois.
-Je t'aime yemma. Pardonne-moi.
-Tu es pardonné. Va en paix.
Rédha l'embrasse et l'étreint une dernière fois avant de prendre sa valise et partir, vite rejoint par Samra et Hacène.
À l'aéroport, après avoir enregistré son bagage, ils vont prendre un café. Hacène trouve un prétexte pour les laisser seuls. Samra, le c?ur serré, partage la peine de son frère. Leur mère a changé. Elle n'est plus aussi tolérante. Son regard s'est éteint. Quand elle les regarde, il n'y a plus cet amour auquel ils étaient habitués.
-Tu crois qu'elle réussira un jour à me pardonner ', l'interroge Rédha. Depuis que nous sommes revenus de chez le raqy, c'est à peine si elle m'a parlé et regardé. Elle est différente, et s'est vraiment éloignée de moi. J'avais l'impression d'être avec une étrangère ! Ou que j'étais devenu un étranger pour elle !
-Le temps guérit toutes les blessures et fera oublier les mauvais moments, dit Samra. N'oublie pas par où tu es passé et tout ce que tu risques de perdre.
-Je sais, murmure-t-il. Je crois que j'ai perdu maman.
-Ne dis pas ça ! Cela finira par lui passer. Toi, tourne-toi vers notre religion. Sauve-toi et sauve ta
famille !
-Je le ferai. Je te le promets.
Hacène revient vers eux.
-Beau-frère, il faut qu'on y aille. Je te souhaite bon voyage. Prends soin de toi. Si tu as des problèmes, consulte un psychologue, un psychiatre ou un endocrinologue. Ne remets pas ta vie entre les mains de charlatans.
-Promis ! Plus jamais.
Le temps de se dire au revoir arrive. Ils retiennent difficilement leurs larmes.
-Prends soin de yemma. Soyez là pour elle. Retourne près d'elle. Elle est seule.
Samra le lui promet. Ils ne tardent pas à quitter l'aéroport.
-Dépose-moi chez ma mère, demande-t-elle à Hacène. Je n'ai pas la tête à travailler.
-Pourtant, tu devrais ! Cela te permettrait de changer les idées, lui dit-il. Même ta mère a besoin d'être seule pour réaliser la chance qu'elle a d'avoir de bons enfants. Rédha ne méritait pas de souffrir autant. C'est insensé que de nos jours, on puisse encore croire aux démons, à la sorcellerie.
-Mais si, ça existe ! On en parle dans toutes les religions, lui rappelle-t-elle, le c?ur serré, ravalant l'envie de lui parler de l'homosexualité de son frère. Qu'Allah nous en protège. Mais tu as raison sur un point. Il ne méritait pas d'être torturé de la sorte. J'espère qu'il s'en remettra vite et que ma mère reviendra à de meilleurs sentiments.
(À SUIVRE)
T. M.
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