Algérie

Les non-dits


Résumé : La belle-mère les rejoint alors que Samra lui donnait son numéro. Elle prétend être médecin et lui conseille de revenir quand Karima n'aura plus de fièvre. Si elle a pu la sauver, ce n'est pas le cas de son frère. Elle voudrait interrompre la séance, mais sa mère refuse, espérant que cette fois le raqy réussira à chasser le démon. Samra sort et appelle la police.Samra ne tarde pas au téléphone. Elle dénonce le raqy, insistant sur le fait qu'il use de la violence et de sorcellerie pour guérir ses patients. Elle donne l'adresse et coupe rapidement. Elle est soulagée. Elle espère qu'ils interviendront vite et que le raqy allait être arrêté. Elle souhaite qu'il ne retrouve pas sa liberté, avant longtemps.
Quand elle pense à ce que vit Karima, elle bout de colère. Tout comme sa mère, la belle-mère croit en leur pratique et à la fameuse baraka héritée de leurs ancêtres. Karima est jeune. Elle a toute la vie pour être mère. Depuis la séance où elle a subi ces attouchements, sa vie est un cauchemar éveillé. Elle regrette de n'avoir pas eu le temps d'échanger leurs adresses. Karima n'a personne vers qui se tourner.
Samra espère avoir de ces nouvelles un jour. Elle ne remonte pas tout de suite, espérant voir la police arriver, mais les policiers tardent. Au bout d'une demi-heure, elle retourne au "cabinet" et s'assoit près de sa mère.
-Ça y est ' Tu t'es calmée '
-Oui. Est-ce que tu as entendu Rédha '
-Oui. J'ai le c?ur qui saigne à chaque gémissement, confie Nedjma. J'ai hâte de retrouver mon Rédha ! S'il n'était pas habité, il n'irait pas avec...
La porte s'ouvre et le raqy leur fait signe. Rédha est pâle et son regard est vitreux.
-Qu'est-ce que vous avez fait cette fois ', s'écrie Samra en s'approchant de son frère. Ça va ' Tu peux te lever ' Aide-moi ! Accroche-toi à moi !
Pendant ce temps, Nedjma remet une liasse de billets, au raqy.
-Tu le paies pour l'avoir maltraité ! Regarde l'état dans lequel il l'a mis ! Vous devriez être enfermé avec des fous !, dit Samra. Vous le payerez un jour !
-Calme-toi ! dit Nedjma. Qu'est ce qui te prend ' Il a soigné ton frère !
-Crois-y si tu le veux mais moi, je sais que c'est un escroc !
Rédha gémit. Elle reporte son attention sur lui.
-Pardon khoya, je t'ai fait mal '
-Partons d'ici, murmure-t-il. Partons.
Ils sortent du "cabinet". Le taxi clandestin qui les a amenés, les a attendus. Samra prend place à l'arrière avec son frère. Elle trouve qu'il y a plus de circulation que les autres jours. Elle a hâte d'arriver à la maison. Elle pleure. Elle s'en veut de n'avoir pas pu l'aider et lui éviter toute cette souffrance.
Lorsqu'ils arrivent devant leur bâtiment, elle est heureuse d'apercevoir Hacène. Il s'inquiète en voyant Rédha qui peut à peine tenir debout. Ils le soutiennent jusqu'à la maison. Ils le conduisent à la salle de bain. Hacène lui demande d'apporter une sortie de bain. Il aide Rédha, à prendre une douche avant de le conduire à sa chambre.
-Merci mon fils d'avoir pris soin de lui, dit Nedjma, la tête baissée.
-Jamais je n'aurais cru qu'on puisse torturer les gens, pour soi-disant les guérir ! Il a été brûlé, à plusieurs endroits, dit Hacène. Comment avez-vous pu le laisser faire '
-On ne savait pas...
-Il faut le dénoncer ! Rédha n'a pas besoin de roqya, mais d'un bon psychiatre, insiste-t-il. Promettez-moi de ne plus l'emmener là-bas !
-Ne t'en fais pas, dit Samra. J'ai appelé la police. Il devrait recevoir la visite des policiers bientôt !
Nedjma s'emporte.
-Mais qu'est-ce qui t'a pris ' Il l'a soigné ! Rien d'autres ! Ce n'est pas une façon de remercier celui qui s'efforce d'aider et de guérir l'âme des autres !
-Tu appelles ça "guérir" ', lui demande Hacène, en lui dévoilant les jambes de Rédha pour lui montrer les brûlures. Je suis déçu et choqué que tu puisses même accepter l'idée que c'est pour son bien ! On va emmener Rédha avec nous !
Mais Rédha refuse. C'est à peine s'il peut parler, mais son "non" est ferme.
(À SUIVRE)
T. M.
[email protected]
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