Algérie

Les nimbes du prestige peuvent-ils être aussi aveuglants ?



Décidément, au vu de ces comportements de plus en plus hautains, rien ne semble venir à bout de ce narcissisme ravageur qui fait du mépris, et sans aucune retenue, son credo.

Hier, et selon un grand quotidien arabographe, c'était l'humiliation de la population d'El Idrissia (Djelfa) que lui font subir les anciennes gloires du Mouloudia d'Alger en annulant le match exhibition prévu pour clôturer un tournoi footballistique régional; aujourd'hui c'est une célébrité du Rai qui annule, sans état d'âme, un concert qu'il devait animer à Annaba. Le vieux club algérois qui a pourtant construit toute sa gloire dans la lutte contre le déni et l'exclusion des laissés pour compte, vient par cette déconvenue remettre en cause, ce que le club a mis près d'un siècle à construire. Les assurances faites à Cheikh Attalah, célèbre humoriste et député du cru, ont mobilisé toute une population et les services de l'Etat pour la réussite de l'événement. Et ce n'était pas anodin, pour une ville comme El Idrissia, pour celui qui la connaît. Excentrée par rapport au reste du territoire de la wilaya, elle subit l'isolement forcé que lui impose sa situation géographique. Moins connue que Hassi Bahbah, Ain Oussera ou même Messaad, elle n'en est pas moins importante par son passé historique et culturel.

Et si un tel événement, lancé presque comme un défi, pouvait l'extirper quelque peu de sa torpeur quotidienne, le sieur Bencheikh et consorts en ont décidé autrement. Cette population rude et hospitalière qui a cru en la noblesse de la parole donnée, caractère sociologique pastoral depuis la nuit des temps, a déchanté par la volte face inexpliquée et injustifiable de la part d'anciennes vedettes que les galeries du petit peuple ont pourtant faites. Et comme à l'impossible nul n'est tenu, on aurait pu invoquer des motifs techniques à partir d'Alger mais pas attendre le moment où l'équipe était signalée aux portes de la ville festive.

Attendus par la liesse populaire, le baroud et 40 agneaux sur la broche et un hébergement princier chez le particulier, nos anciennes gloires n'ont pas mesuré à sa juste valeur, cette « Dhifa » dont seuls les seigneurs en sont dignes. Faisant fi de toute cette bienveillante attention, les hôtes d'El Idrissia rebroussaient chemin pour motif d'absence d'hôtels dignes de leur rang. Foutaise tout cela, quand chacun sait d'où vient chacun. Quant à Mohamed Khalifati plus connu sous le pseudonyme de Chab Mami, il ne semble pas mesurer la mansuétude du public algérien qui lui a réservé un accueil pusillanime, mettant de côte les frasques de ce crooner de seconde zone. Ces démêlés avec la Justice française, auraient pu mettre un terme à sa carrière n'était ce la forte communauté nationale résidant en Europe. Le public local ne semble pas s'attirer les faveurs du chanteur puisque aussi bien à Sidi Bel Abbès qu'à Skikda ou à Sidi Fredj, où il s'est fait grassement rémunérer pour un tour de chant de 1h 30, il n'a pas été à la hauteur de ses attentes. A Skikda, il déclinait la photo en compagnie de ses fans. Peut-on être aussi irrespectueux d'un public qui porte ses idoles aux nues, qui paye rubis sur ongle et qui sait patienter des heures sous le soleil d'été. A chaque prestation, le troubadour a perçu près d'un demi-milliard de centimes soit le coût public de 2 logements sociaux. Et pour couronner le tout, l'intéressé aurait, selon la presse nationale, exigé à être rétribué en euro, soit un montant de 30.000. Contrairement à la direction de la Culture de Skikda qui s'est plié au « chantage » de l'Artiste (la majuscule est de mise dans le contexte), le président de l'Assemblée communale d'Annaba n'a pas marché dans l'exigence, il s'est astreint aux clauses du contrat pour le paiement en monnaie locale. Chose qui n'aurait pas agrée le sieur Mami qui sans mise en garde décide de l'annulation du concert, faisant fi du public qui a acheté toute la billetterie mise en vente et des autorités locales qui étaient sur les dents pour assurer la sécurité de l'événement. Le fallacieux motif avancé par l'intéressé résiderait dans la console technique. Aussi bien pour El Idrissia, que pour Annaba, il nous vient à l'esprit cette strophe d'El Mouannabi, qui ne peut être que de circonstance : « In akramta el karima malaktahou, ou in akramta alla-yma tamarada » (Le bienfait à l'endroit du généreux le rend reconnaissant, il ne fera, par contre, que rebeller le fourbe. »










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