Algérie

Les Nigériens votent aujourd'hui la révision de la constitution : Mamadou Tandja met en marche son coup de force



Policiers et militaires votaient hier au Niger, un jour avant le reste de la population, sur le référendum convoqué par le président Mamadou Tandja qui veut se maintenir au pouvoir par l'adoption d'une nouvelle Constitution critiquée de toutes parts. Par milliers, les membres des forces de l'ordre étaient appelés hier à se rendre aux urnes dans l'ensemble du pays, avant quelque six millions d'électeurs. Dans une école primaire proche de la principale caserne de Niamey, soldats, policiers et sapeurs-pompiers en uniforme faisaient la queue pour voter, a-t-on constaté. Ils se prononcent sur l'adoption d'une nouvelle Constitution permettant au président, dont le mandat expire en décembre, de rester en fonction jusqu'en 2012. Il pourrait ensuite se représenter autant de fois qu'il le souhaite. Dimanche, le Premier ministre Seïni Oumarou avait annoncé que les forces de l'ordre voteraient hier « pour être disponibles afin d'assurer la sécurité des civils qui voteront le 4 août ». La Constitution actuelle du Niger limite à deux mandats consécutifs la fonction présidentielle et veut que Mamadou Tandja, 71 ans, cède la place au terme de son deuxième quinquennat le 22 décembre. Mais l'obstination du chef de l'Etat a plongé le pays dans une crise sérieuse. L'opposition, qui a multiplié les manifestations, dénonce « un coup d'Etat » et la communauté internationale a largement critiqué les desseins du président. Pour arriver à ses fins, M. Tandja a dissous le Parlement le 26 mai, puis fin juin, la Cour constitutionnelle qui avait déclaré le référendum illégal, et gouverne depuis seul par décrets et ordonnances grâce aux « pouvoirs exceptionnels » qu'il s'est arrogés. Dimanche, partis d'opposition et centrales syndicales réunis au sein de la Coordination des forces démocratiques pour la République (CFDR), ont lancé un ultime « appel à la mobilisation pour faire échec » au référendum qu'ils jugent « illégal ».L'opposition appelle au boycottDe son côté, le ministre de l'Intérieur, Albadé Abouba, a mis en garde contre toute tentative de compromettre le scrutin. « Des instructions fermes ont été données à tous les niveaux pour prévenir et réprimer sévèrement tout acte qui viendrait à perturber les opérations de vote ». L'armée, en dépit d'une histoire riche en coups d'Etat, a jusqu'à présent adopté une attitude de totale neutralité dans le bras de fer entre le président et l'opposition. La France, ancienne puissance coloniale du pays sahélien de quelque 14 millions d'habitants qui occupe le rang de troisième producteur mondial d'uranium, a dénoncé mi-juillet les « atteintes répétées à la démocratie » du président Tandja. Bruxelles, qui a déjà suspendu une aide budgétaire, a menacé vendredi Niamey de « graves conséquences ». L'Union africaine, l'ONU et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao, dont le Niger est membre) ont toutes tenté en vain de dissuader le président d'organiser le référendum. Aucun observateur de ces trois instances n'avait été dépêché dans le pays, a indiqué hier le président de la commission électorale Moumouni Hamidou. Il a précisé que la commission prévoyait de proclamer le résultat du référendum dans un délai de cinq jours. Ils devront ensuite être validés puis proclamés par la Cour constitutionnelle, celle désignée par M. Tandja récemment et dont certains membres ont publiquement défendu le référendum. Selon la radio privée Anfani, des forces de l'ordre ont été déployées hier en grand nombre à l'intérieur du pays.


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