Les céréaliers estiment que le chiffre de 1 839 460 quintaux annoncé relève d'une arithmétique qui n'a pas son équivalent dans la réalité du terrain.
La campagne moissons-battages a été marquée, à Aïn Témouchent, par trois caractéristiques dont la plus notable a trait aux statistiques officielles de récolte céréalière. Tout comme en 2010 (El Watan du 17 août 2010), elles n'ont pas été du goût des professionnels de la filière. Les céréaliers estiment que le chiffre de 1 839 460 quintaux annoncé relève d'une arithmétique qui n'a pas son équivalent dans la réalité du terrain. A cet égard, et dans le détail, la direction des services agricoles (DSA) affirme qu'il a été engrangé 648 600 q en blé dur, 236 430 q en blé tendre, 906 480 q d'orge et 47 950 q d'avoine.
Or, les quantités livrées aux deux CCLS de la wilaya sont de l'ordre de 492 702 q de blé dur, 110 496 q de blé tendre, 253 975 q d'orge et 38,40 q d'avoine, soit un total de 857 184 q, ce qui fait une différence de 1 million de quintaux qui n'ont pas été livrés. Aussi, par simple déduction, sachant la différence énorme entre le prix de vente à la CCLS par les agriculteurs (4500 DA le quintal de blé dur, 3500 DA celui de blé tendre et 2500 DA pour l'orge) et celui auquel ces derniers l'acquièrent auprès d'elle, d'aucun s'empresserait de démentir les chiffres de la DSA. En effet, la semence qui devrait être payée bien plus cher par les céréaliers que leurs livraisons indifférenciées de récolte, puisqu'elle est sélectionnée et traitée, est cédée par les CCLS au même prix que celles-ci. Cela signifie logiquement que les producteurs ont dû livrer toute leur production aux CCLS.
Mieux, l'orge, aliment pour le cheptel, est cédé aux agriculteurs à 1500 DA le quintal, soit 1000 de moins qu'ils ne le cèdent eux-mêmes à celles-ci, sachant qu'en général, les agriculteurs de la région pratiquent également de l'élevage. De la sorte, les contradicteurs de la DSA estiment qu'il est aberrant que celle-ci invoque dans ses statistiques l'existence de stockages de récolte tant pour la semence que pour l'autoconsommation par les agriculteurs. Par ailleurs, le marché informel, qui auparavant détournait une bonne partie de la récolte, a été asséché en raison des prix attractifs offerts par la CCLS. A cet égard, seule la récolte de l'avoine, estimée à 47 950 q, a été livrée en infime quantité aux CCLS, les prix sur le marché parallèle étant très élevés, soit près de 5000 DA/q contre les 1800 officiels. Selon certains, les distorsions de chiffres s'expliquent par le fait que la DSA est tenue, par un contrat de performance passé chaque année avec le ministère de l'Agriculture, à «réaliser», grâce aux mesures de soutien, tel le niveau de récolte dans sa wilaya. Et, propagande oblige, comme les progrès doivent être supérieurs d'année en année, les chiffres explosent, explique un technicien.
Le deuxième fait constaté est relatif au déficit structurel en capacités de stockage de la récolte. En effet, Les CCLS n'ont pu disposer que d'une capacité de 658 000 q, ce qui fait que 470 000 q de récolte ont été transférés hors wilaya. Or, entre le moment de leur livraison et de leur transfert, ces quantités sont durablement entreposées à l'air libre, ce qui les expose dommageablement aux orages d'été. Enfin, le dernier fait relevé a trait à la tendance chez les céréaliers à préférer le recours à des moissonneuses-batteuses en vrac, celles qui déversent les grains directement sur la benne d'un camion plutôt que celles qui les ensachent. De la sorte, l'agriculteur économise en frais de sacs et de main-d''uvre. Il y a lieu de signaler que si Aïn Témouchent est largement excédentaire en moissonneuses-batteuses, elle accuse un terrible manque en machines capables de moissonner en terrain accidenté dans les zones de montagne.
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Posté Le : 25/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Kali
Source : www.elwatan.com