Algérie

Les mutations du «butin de guerre» dans la société


«Le français fait partie intégrante du parler algérien. Après 130 ans de colonisation, plus 50 années de parabole télévisuelle, ce sont des paramètres quasi-génétiques. Ils ont une relation charnelle avec la langue», a expliqué M. Sansal. «Ils jouent avec, se l'ont appropriée. Seulement, il y a une situation étrange, où les Algériens ont intégré la langue, mais où la culture française s'est estompée», a-t-il ajouté. De même, selon l'écrivain, la langue ne permet plus l'accès à  la culture. «Et cela est dû à  plusieurs paramètres. Les livres sont très chers, les cinémas et les théâtres ont disparu, l'université est dans un état déplorable, avec une médiocrité de l'administration, une islamisation rampante, etc. La culture est une question d'environnement, d'éducation, de voyages, etc.», a énuméré M. Sansal. «Malgré la malhonnêteté des ''politards algériens, leur manipulation au travers de la langue, les Algériens parleront toujours français. Même si l'on arabise la langue, qu'on invente un dialecte composé de déformation de plusieurs langues, le français fera toujours partie du quotidien de nombreux pays arabophones. Les révolutionnaires du printemps arabe utilisaient bien le français dans leurs revendications, avec le célébrissime ''Dégage », a exposé, quant à  lui, le réalisateur et scénariste Mohamed Lakhdar Hamina, qui débattait aux côtés de Boualem Sansal. Reste que les nouvelles générations connaissent ce qui ressemble à  une «crise linguistique». Oui, la fameuse formule «analphabète trilingue». «Ce qui est compréhensible. Cela est éducationnel et est le fait des événements et des crises dramatiques que le pays a vécus, et qui a tout déstructuré», a estimé M. Sansal. Quand la langue est une arme politique De même, l'arabisation massive et faite à  l'aveugle n'a pas été sans conséquence sur l'identité linguistique des Algériens. «L'arabe, telle que produit en Algérie, est une langue importée. L'arabisation, en tant que démarche politique, a pour but d'embrigader la société, de domestiquer le peuple», a jugé M. Sansal. «Là où on essaie de contrôler une langue, on crée des fascismes», a d'ailleurs analysé l'écrivain en abordant le thème de la francophonie en termes institutionnels. Car, il est impératif de faire le distinguo entre francophonie et Francophonie. «Il y a la francophonie de l'Etat, dont la conception des choses est une démarche purement politique, et il y a la francophonie du peuple, qui est dans le subconscient et dans l'affect», a-t-il précisé. «La francophonie institutionnelle est représentée par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui est avant tout un outil de pression, de négociation, polluée par des considérations politiciennes. C'est une institution compliquée et trouble qui a enrégimenté les écrivains et la littérature», a-t-il poursuivi. D'ailleurs, l'Algérie, deuxième plus grand pays en termes de nombre de «francophones», n'est pas membre de l'OIF. «Il faudrait que l'OIF évolue et cède la place aux jeunes. La langue a beaucoup évolué et les nouvelles générations ne parlent plus la même langue. L'organisation se doit de s'adapter à  eux, car elle a été incapable de le faire», a conclu M.Sansal.
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