«Si la
civilisation n'est pas dans le cœur de l'homme, eh bien, elle n'est nulle part
!» Georges Duhamel (1)
La France est le
seul pays occidental qui compte plus de cinq millions de musulmans, chiffre
généralement admis et officieusement recensé ce qui laisse croire qu'en
réalité, le nombre de musulmans intimement convaincus et qui ne le revendiquent
pas haut et fort (estimant le sujet personnel et intime) est beaucoup plus
élevé que ce chiffre. En effet, il n'y a qu'à observer le nombre de commerces
et de boucheries hallal, le nombre de magasins et d'épicerie destinés aux
musulmans, le nombre de snacks et de restaurants affichant un label pour
musulmans pour se rendre compte de l'ampleur et de l'étendue que cette religion
a pris dans le pays de Molière (2).
Ce qui dépoussière et éclaire un peu cette
ambigüité entretenue autour du nombre effectif de français se conformant aux
préceptes de l'Islam sont les innombrables mosquées et lieux de cultes
islamiques officiels et officieux, non déclarés mais tolérés par les autorités
publiques françaises, généralement sensibles aux vérités communautaires surtout
lorsqu'il s'agit d'Islam. Mais une chose est sûre : leur influence commence à
se faire sentir surtout que chaque vendredi, avant ou après la prière, des
français de toutes les couleurs et de toutes origines se convertissent à cette
religion et commencent dés lors à se conformer à ses préceptes. Une autre
réalité que toutes les forces vives et vivantes au sens du pouvoir (politiques,
médiatiques, économiques) essayent d'occulter malgré son émergence imposante :
celle de penser que les musulmans de France sont seulement les Maghrébins et
africains des cités ou du quartier indien à Gare du Nord, et ces français de
couleurs s'intégrant mal au mode de vie de la France d'en Haut. Ce sont aussi
les Français de souche ou d'origine européenne dont les médias ne parlent que
rarement, n'invitent sur les plateaux de télévisions presque jamais et dont ils
cachent intentionnellement et le nombre et les qualités intellectuelles.
En effet, les
musulmans de France ne sont pas que ces associations et ces organes
représentatifs créés souvent par les autorités françaises pour ne représenter
qu'eux-mêmes. Ce ne sont pas non plus ces terroristes ou les présumés
terroristes que les journaux télévisés annoncent régulièrement souvent sans
aucune preuve et à des moments de grande audience. Ce ne sont pas non plus ceux
qui font la manche professionnelle sous une djellaba et un foulard (tenue type
de musulmane), ni les collecteurs de fonds et les pseudos volontaires de causes
virtuelles se cachant sous une gandoura ou un turban-chéchia et une longue
barbe (souvent une barbe à papa!!).
Les musulmans de France sont des français de
nationalité et de résidence, de culture et d'us, de devoirs et d'obligations,
de droits et d'intérêts. Ce sont des citoyens détenant une carte d'identité, un
passeport et une résidence délivrés par les services compétents de la
République française. Ils habitent en France, ils ont fait leur service
militaire en France, ils sont souvent nés en France, et surtout ils dépensent
leur argent également en France. Des citoyens se conformant aux lois et aux
règles édictées par les autorités françaises même si ces autorités essayent
tant bien que mal de légiférer pour cette catégorie de population en toute
contradiction avec sa propre devise (liberté, égalité, fraternité) à laquelle
les philosophes des médias ont rajouté le principe laïcité (une idéologie comme
toutes les autres idéologies)(3).
Les musulmans de France sont ceux qui croient
aux valeurs de l'islam dans leur totalité et Å“uvrent à leur vulgarisation et
leur adoption. Des valeurs occultées également au grand public pour des
intérêts politiques stratégiques. Ces valeurs totalement méconnues ou mal
expliquées par les rares intellectuels ou pseudo intellectuels musulmans
invités aux discussions périodiques et cycliques de ce sujet qui tournent
souvent aux dénigrements.
Des valeurs comme l'interdiction formelle de
tuer, en temps de guerre, les désarmés, les femmes et les enfants, les
vieillards et les blessés, les prisonniers et les réfugiés, l'interdiction de
couper un arbre, de brûler une maison ou de piller un refuge. Celles de
l'obligation de chercher et d'aller vers les sciences et le savoir là où ils se
trouvent et de les transmettre de façon honnête et sincère sans discrimination
de race ni de couleur ni de religion ni de statut social.
Des valeurs comme celles de faire de la femme
l'égale de l'homme dans les droits et les obligations et qui instaurent
l'obligation de son respect. Des valeurs comme celle de la protection des
fondamentaux de l'Islam à savoir la préservation de l'âme, la préservation de
l'esprit, la préservation de la richesse, la préservation de la progéniture, la
préservation des croyances. Des valeurs comme celles qui ont permis aux non
musulmans de vivre en paix sous la gouvernance de l'Islam pendant de longs
siècles «interdiction de la contrainte dans la religion et dans la foi». Cette
relation muselée au gré de certains milieux influents et définie comme étant de
nature conflictuelle car ne pouvant qu'être une relation perdant-perdant. Cette
relation pourrait-elle un jour changer? Pourrait-elle un jour être approchée
autrement que par ce prisme désintégrateur? Pourrait-elle devenir une relation
plutôt gagnant-gagnant? La réalité prospective de la relation des musulmans de
France avec le premier pays des droits de l'Homme, devenu entre temps et grâce
à la main vertueuse de ces mêmes milieux le premier pays laïc, serait-elle un
jour abordée à sa juste valeur stratégique, économique et sociale?
Ces valeurs qui ne sauraient être expliquées
aux autres que par des personnes ayant vécu les deux positions : d'une part,
celles d'un européen démocratique et de laïc acharné et convaincu, de l'autre,
celle d'un musulman converti vivant sous ces cieux ou les ayant fuit. Ainsi,
ces personnes sauraient certainement faire passer le message entre des
populations qui partagent les mêmes valeurs et qui vivent sous le même régime.
Qui mieux qu'un français converti à l'islam pourrait défendre les musulmans de
France et les représenter? Qui mieux qu'un Français issu d'un foyer français de
musulmans saurait aimer à la fois sa patrie et sa religion? Qui mieux qu'un
citoyen français de confession musulmane au sens juridique du terme pourrait
apporter des solutions et provoquer des débats sincères autour de ce sujet
sensible apparemment pour tout le monde? (4)
Des questions pertinentes comme celle-ci sont
troquées à coups d'enjeux politiques et financiers subjectifs et souvent
destructeurs des liens sociaux en France contre des questions médiatisées et
matraquées par les seigneurs de la religion laïque comme : Où va l'argent des
boucheries hallal? Où va l'argent des commerces hallal? Où va l'argent des
moutons de l'Aid El Kebir? Où va l'argent des snacks hallal? Où va l'argent des
associations caritatives musulmanes? Comment ça se passe dans les mariages des
musulmans de France? Les sportifs et sportives musulmans sont-ils dangereux
pour le mouvement sportif en France? Le sport de haut niveau et le jeune, est
ce possible? Signes religieux ostentatoires, pourquoi le Hidjab et la Burqa en
France? Une musulmane en Burqa est-elle un kamikaze potentiel? Les ouvriers
barbus aux aéroports de France seraient-ils un danger à la sécurité nationale?
Les mosquées qui poussent comme des champignons, déforment-ils le paysage des
villes françaises? Déforment-ils les esprits des jeunes français d'origine …?
Ces questions
sont-elles juste des lapsus révélateurs ou bien des affirmations on ne peut
plus claires pour dire que cette religion est malvenue en Gaule? Apparemment,
elles hantent les esprits des milieux médiatiques de l'Hexagone et de certains
cercles influents, non pas parce qu'elles sont pertinentes ou pour essayer d'y
répondre sincèrement mais pour des considérations cachées au fond des cÅ“urs.
Les musulmans de France se demandent souvent
comment expliquer que, bizarrement, personne ou presque ne se demande où va
l'argent des impôts payés par les musulmans de France. Personne ne se demande
où va l'argent des cotisations sociales des salariés musulmans. Personne ne se
demande où va l'argent des dépenses de loyers et de consommations effectuées
par ces millions de musulmans de France. Personne ne demande où va l'effort des
ouvriers musulmans ni où va l'effort des intellectuels musulmans. Personne ne
se demande de quelle confession sont les quelques milliers, voire même des
dizaines de milliers de médecins et ingénieurs, universitaires et informaticiens
et autres sportifs de haut niveau assurant avec brillo des tâches très
importantes voire stratégiques au sein des différents compartiments de la
société française. Pourquoi met-on sous silence cet apport utile et bénéfique
pour ne parler que d'aspects douteux et dangereux pour la cohésion de la
société française?
La loi des
nombres ferait-elle peur aux stratèges de la France? La croissance prospective
et l'avenir laïc de la France sont-ils réellement menacés par ces musulmans?
Leur discipline et leur détachement total des vices de la société hexagonale
telle que pensées par ses nouveaux seigneurs, ferait-elle peur?
A travers les chiffres livrés, par
inadvertance, par les organismes publics français force est de constater que la
taille et la valeur économique des musulmans de France ne cessent de prendre de
l'ampleur. Ils constituent un moteur de croissance sur tous les plans
(démographie, consommation, finance, voir même en politique).
En effet, du point de vue démographique, les
populations classées comme étant de confession musulmane ou se réclamant en
tant que telle enregistrent le plus grand taux de croissance. Même avec un taux
de mortalité supérieur à la moyenne française, une espérance de vie en dessous
de la moyenne française et enfin des conditions de vie moins confortables que
celles généralement admises (revenus, chômage, logement, soins médicaux). Cette
frange de la société française couvre son handicap par un taux de fécondité et
de fertilité élevé par rapport aux normes françaises (5). Une autre réalité que
certains occultent délibérément et que d'autres méconnaissent à savoir la
structure intra démographique des populations musulmanes de France. D'abord, la
pyramide des âges qui fait ressortir une dominance des jeunes au-dessous de quarante
ans ce qui constitue une particularité dans une société à pyramide d'âges
inversée. Ensuite, l'apparition et l'émergence en force de la classe instruite
issue de l'école française elle-même. Enfin, la conscience de plus en plus
répandue chez ces populations de l'importance de l'organisation sociopolitique
pour encadrer et orienter cette démographie dans l'intérêt des populations
musulmanes elles-mêmes. A ce rythme, dans une cinquantaine d'années, le nombre
de musulmans en France représentera une part significative dans la société
française et son influence démographique se transformera en influence politique
et se renforcera fortement. Ensuite, du point de vue de la consommation, les
quelques millions de musulmans en France ont un mode de consommation différent
de celui de la société française notamment pour les aspects relatifs aux
produits consommés et aux modes de préparation de certains produits (je pense
en particulier à la viande et ses dérivés). Tout comme les populations de
confession juive (le label Cacher), les musulmans de France, ont une
préparation particulière de la viande et de ses dérivés conforme à leur
religion (le label Hallal). Ceci dit, et au bonheur des commerçants, ces
populations consomment aussi significativement que les autres tranches de la
société française. Par ailleurs, des techniques de commercialisation et de
marketing ont été développées par certains milieux et destinés aux musulmans de
France notamment dans les domaines de la restauration, de l'habillement et des
jouets pour enfants. Notons au passage que des modes de consommation politisés
et militantistes adoptés pas les musulmans ne cessent de faire leur apparition
dans la société française (boycotter de certains produits et certains labels
qualifiés de produits et de marques anti musulmans pour consommer des produits
de substitution ou d'entreprises de pays amis des musulmans). Cette variable
commence à prendre de l'ampleur dans les calculs des économistes hexagonaux,
notamment lors des projections à long terme.
La conséquence directe des aspects précédents
est, sans conteste, le développement inévitable et pressant de la finance dite
islamique pour accompagner et canaliser ce potentiel économique vers des
circuits bancaires et financiers contrôlés et contrôlables. Ceci afin de
permettre aux entrepreneurs et aux consommateurs versés dans les activités
conformes aux règles spirituelles des musulmans de France de disposer d'outils
financiers et bancaires pour financer un développement bénéfique et sécurisé
pour toutes les parties concernées (je pense en particulier au fisc et à l'Etat
français). La France dispose des inputs nécessaires à la réussite de la mise en
place d'un système profitable à tous pour attirer à la fois une partie des
milliards flottants des pétrodollars et faciliter l'intégration de sa forte
population musulmane tout en respectant ses convictions religieuses et sa
devise républicaine de la liberté des croyances, de l'égalité des chances et de
traitement, et enfin, de la fraternité de tous les citoyens français. Les
populations musulmanes de France peuvent constituer une variable déterminante
dans les efforts de relance économique entrepris à tous les niveaux. Un marché
potentiel de l'immobilier de près d'un million de logements dont aura besoin cette
frange de la société française et des financements de la consommation sous
formes admises par ces populations ne manqueront pas de dynamiser à la fois la
production et la consommation globale en France. Cet argument à été poussé plus
loin encore par certains experts en prédisant un apport de stabilité et de
diversification au système bancaire et financier français (finance adossée à
des actifs réels et à une croissance souvent en sens inversé à celui de la
finance classique en temps de crise).
Enfin, un aspect
qui fâche souvent les parties concernées et fait l'objet de jeux et d'enjeux
douteux à savoir la sphère politique française que certains estiment exclusive
et discriminatoire de cette frange de la société vu l'absence de toute
représentativité objective des musulmans de France dans les instances
politiques de la République de Bonaparte. Malgré l'importance démographique de
cette frange de la société française, on ne compte que de rares figures
considérées par les concernés comme des marionnettes ne représentant aucunement
la population musulmane car à la solde du pouvoir et loin des réalités sociales
de la France. Cet aspect, souvent animé ou défendu par les mouvements
associatifs et les partis politiques, par ailleurs très dynamiques en France,
est quasiment absent envers les musulmans, si ce n'est quelques tentatives (les
plus osées étant initiées par l'UMP) rapidement éclipsées par les matraquages
médiatiques alarmistes et soupçonneux. Cet handicap de confiance disparaîtra et
se dissipera très vite en faveur du développement des trois autres aspects
cités ci-dessus. En effet, la démographie, la consommation et la finance sont
des fondamentaux structurants et stabilisants pour une meilleure prise en
charge de l'aspect politique et social des musulmans de France. Mais il se
développera également avec l'arrivée à maturité de nouvelles générations de
musulmans instruits au sein de l'école française, grandis au sein de la société
française, et activant au sein des mouvements associatifs et parfois de partis
politiques français. Ces générations, n'ayant aucun complexe à agir et à réagir
au sein de la société française, ont développé une certaine discipline et une
certaine culture politique, malgré leur exclusion presque totale des médias
dits lourds. Ils se sentent totalement français, capables d'argumenter, capable
de convaincre et de défendre leurs droits et leurs idées comme n'importe quel
citoyen français.
La participation
effective des musulmans dans la vie économique leur procurera les avantages
dont bénéficient tous les Français, donc des valeurs à partager et à défendre,
ce qui facilitera leur adoption au système français en entier y compris de ses
inconvénients. Leur intégration sera un lien réel et concret avec leur société
et non un risque ou un moyen de s'accaparer la République française ou changer
sa politique étrangère que les détenant du pouvoir craignent. Ceci mettra fin à
la situation actuelle où les musulmans ne se sentent souvent pas concernés par
ce que la France décide.
Hélas, des réalités dures et honteuses
existent et que tout un chacun connaît mais elles demeurent tributaires d'une
réelle volonté politique de la part des hautes sphères décisionnelles en France
et de l'évolution organisationnelle des musulmans eux-mêmes afin de pouvoir
trouver une combinaison juste entre, d'une part, aspirations des musulmans, par
ailleurs tout à fait objectives et accessibles, et de l'autre, craintes des
français dit laïcs souvent motivées par les expériences des autres notamment
des pays du tiers monde.
La première réalité concerne les difficultés,
malheureusement très médiatisées, de certains musulmans à adopter un système
dans lequel leurs règles n'ont pas cours. Autrement dit, leur fâcheuse tendance
à faire de leurs coutumes, de leurs traditions et de leurs habitudes voire même
de leurs croyances des axiomes admis et des dogmes immuables applicables à
l'ensemble des populations françaises. Une chose qui est fausse et inadmissible
sur tous les plans. Ils trouvent de grandes difficultés à faire la différence
entre tout ce qui est du domaine privé et tout ce qui est du domaine public. Ce
qui dénote un manque de connaissance de leur religion d'abord, des lois et des
règles sociales de la France ensuite, et de leur manque de respect parfois des
valeurs de leurs concitoyens d'autres confessions ou idéologies. Ceci constitue
une porte par laquelle toutes les mouches rentrent!!
Ensuite, les difficultés de certains milieux
en France à croire que les musulmans peuvent apporter quelque chose de bénéfique
à la France et leur tendance fâcheuse à confondre Islam et arabité, Islam et
terrorisme, Islam et prétendus musulmans. En effet, à chaque fois qu'un
attentat est commis quelque part, les médias s'en saisissent pour l'attribuer
systématiquement à l'Islam via l'utilisation massive du terme générique Islam
dans leurs commentaires (les autres variantes étant islamiques, islamiste ou
musulmans radicaux, islam fondamental, musulmans fondamentalistes, …etc.). A
chaque fois que l'occasion se présente, on évoque l'incohérence et
l'incompatibilité des valeurs et des pratiques musulmanes avec les valeurs de
la république française (port du foulard, sacrifice du mouton, jeune pour ceux
qui font du sport, prières dans les avions, … et les exemples sont nombreux).
Pourtant, des
pratiques différentes ne sont pas le fait des seuls musulmans: les juifs ont
les leurs, les Chinois également, les Indiens aussi. Ces populations ont des
pratiques différentes dont personne ne parle du moins comme on le fait avec les
pratiques musulmanes (port de tenues différentes, viandes spécifiques, écoles
privés, fêtes spécifiques, principes et pratiques religieuses bizarres pour les
Français). On ne traite pas les pratiques des musulmans comme une richesse
culturelle ou sociale de diversité mais comme un danger potentiel sur le mode
de vie des français. Alors que de l'aveu même des sociologues français, ces
populations ne sont pas porteuses de dangers ou de fléaux sociaux tel que la
drogue, la prostitution, le trafic d'armes et le grand banditisme.
Cette relation est faussement conflictuelle
et faussée intentionnellement par certains médias et un faux débat est orienté
volontairement vers l'incohérence du mode de vie des musulmans et son
incompatibilité avec les valeurs de la République. Peut-on, dans ce cas,
confondre une foi personnelle et passionnelle à une loi sociale et
organisationnelle? Peut-on mesurer une religion transnationale et universelle à
un Etat juridique et géographiquement positionné? Peut-on juger ou assimiler
une morale ancienne de plusieurs siècles aux actes commis par des prétendues
adeptes? Pourquoi utilise-t-on un terme générique pour un milliard et demi
d'individus afin de dénoncer des actes commis par des personnes ou des petits
groupes souvent fabriqués de toutes pièces par des services secrets de certains
Etats?
Malheureusement,
d'une part, l'opinion publique française reste fortement influencée voire même
largement endoctrinée par ce que rapportent les médias qui ne sont guère
sympathiques avec les musulmans. Ceci peut constituer un défi, une contrainte
ou un risque pour la France de la diversité et des droits de l'Homme. D'autre
part, les musulmans de France restent fortement attachés à leur pays d'origines
et presque totalement déconnectés des réalités de leur pays d'adoption. Ceci
peut constituer un défi, une contrainte ou un risque pour les musulmans de
l'universalité, de la tolérance. Pour conclure, je tiens à souligner que l'un
des esprits musulmans rescapés de la colonisation disait, non seulement, à ses
concitoyens, mais aussi à tous les esprits humanistes et universels: «La
civilisation n'est pas un entassement, mais une construction, une
architecture»,...» Nous sommes musulmans, donc, nous sommes parfaits.
Syllogisme funeste qui sape toute perfectibilité de l'individu» (6). La France
trouvera-t-elle, un jour, le plan de construction et d'architecture harmonieux
avec les aspirations de ses musulmans? Les musulmans de France sortiront-ils un
jour de ce syllogisme funeste pour retrouver leur vocation de citoyens
universels?
* Economiste,
chercheur et cadre de banque
Notes
(1) Philosophe et
écrivain français, 1884/1966 dans Civilisation, Edition Mercure de France,
1993.
(2) Même si
certains milieux politiques affirment que seuls près de 3 à 3,5 millions
musulmans résident en France (En 1996, Un dossier publié par le secrétariat des
relations avec l'islam avance un chiffre de 4,2 millions), certaines
statistiques, souvent qualifiées d'alarmistes évoquent un chiffre haut de plus
de 7 millions, voire même 8 millions de musulmans (extrême droite). Les
chiffres admis ou jugés crédibles estiment à plus de 5 millions le nombre de
musulmans de France (déclarations indiscrètes de certains officiels français,
Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua).
(3) La France a
légiféré, au nom de la laïcité, pour interdire les signes religieux
ostentatoires, tout en laissant la liberté d'appréciation aux commis de l'Etat.
Ceci en totale contradiction avec son principe de la liberté de culte et de
croyance. Sachant que la laïcité est une idéologie comme toutes les autres
idéologies, certains experts (notamment aux USA) estiment que c'est du
fondamentalisme laïc contreproductif et totalement éloigné des réalités
sociales de la France.
(4) Les
intellectuels musulmans de France ne jouent pas pleinement leur rôle et ne
peuvent le faire, surtout que les principaux médias lourds (radios, télévision
et journaux populaires) en France ne permettent pas l'émergence d'une autre
image des musulmans de France que celle qu'ils veulent véhiculer (religion
régressive, agressive voire même dangereuse et primitive).
(5) Le taux de
fécondité en milieu musulman de France est de 3,3 enfants par femme alors que
la moyenne nationale en France est de 2 enfants par femme. (Voir l'étude de la
démographe française Michèle Tribalat, revue Population de l'INED). Ceci
renseigne amplement sur le devenir des musulmans de France et leur poids dans
quelques décennies.
(6) Malek
Bennabi, intellectuel et philosophe algérien, 1905/1973 dans «Vocation de l'Islam».
Edition SEUIL,
1954.
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Posté Le : 24/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zerouali Mostefa *
Source : www.lequotidien-oran.com