Algérie

Les musées en attente d'une gestion spécialisée Le poids de l'administration pèse sur l'institution muséale



Les musées en attente d'une gestion spécialisée                                    Le poids de l'administration pèse sur l'institution muséale
La wilaya de Tizi Ouzou dispose d'un seul musée qui mérite d'être signalé en tant que tel. Et ce n'est plus l'annexe du musée El Moudjahid qui régnait en maître absolu dans cette région, il y a à peine une dizaine d'années, mais il s'agit du musée régional de la wilaya III historique, érigé à proximité de l'antenne susmentionnée depuis quelques années. Ce musée mieux loti que l'ancien et, semble-t-il, mieux doté, n'attire cependant toujours pas des visiteurs en grand nombre.Cette réalité n'est pas propre à la wilaya de Tizi Ouzou. C'est une situation que connaissent malheureusement toutes les institutions muséales d'Algérie, tant elles sont encore et toujours prisonnières de cette image rébarbative d'un établissement clos, sombre et exposant des vieilleries. A l'exception de quelques
étudiants et autres enseignants chercheurs, qui s'y rendent pour des missions précises et conjoncturelles, les musées ne reçoivent des visiteurs que rarement. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent dans ces musées, notamment celui régional de la wilaya III historique, qui dispose d'un personnel qualifié (son directeur est une véritable bibliothèque humaine), et de grands espaces pour des activités autres que l'exposition des objets relatifs à la guerre de libération nationale dans cette région du pays. La gestion des musées est du ressort de l'Etat qui reste encore centralisateur, alors que le domaine muséal est éminemment scientifique qui nécessite une certaine liberté d'initiative dans la gestion. De même, la gestion de ce genre d'institutions nécessite des moyens financiers pour accompagner cette liberté d'initiative et l'Etat ne peut pas toujours et tout le temps mettre la main à la poche au profit de tous les musées d'Algérie. Donc, les gestionnaires des musées ont besoin d'une certaine autonomie de décision pour mener à bien leur mission qui devrait inclure l'augmentation de l'attractivité des musées et assurer une certaine autonomie financière. Pour cela, deux conditions émergent : proposer des objets qui pourraient titiller la curiosité des gens et faire payer l'accès aux visiteurs, même si cela devra être symbolique.Cela ne peut être possible sans une décision politique qui donne la liberté aux gestionnaires d'agir dans le sens d'une amélioration constante du contenu des musées, à travers notamment la possibilité de s'approvisionner en objets historiques et archéologiques, y compris dans le cadre d'opérations d'achat. Les pouvoirs publics doivent, en conséquence, cesser de considérer les objets anciens découverts par les citoyens dans leurs villes et villages comme une propriété exclusive de l'Etat, pour encourager les citoyens à proposer leurs découvertes aux musées et même à des collectionneurs nationaux. Ces derniers pourront également solliciter des musées et autres espaces publics pour exposer leurs collections, moyennant une contrepartie financière que les gestionnaires des musées auront toute latitude de payer. Et si les collectionneurs ne viennent pas au musée, ça sera au musée d'aller vers les collectionneurs pour leur proposer l'organisation d'expositions, qu'il s'agira évidement de rentabiliser avec les visites. Et là intervient la stratégie de communication et de promotion du musée qui doit amener les visiteurs à lui. Combien d'objets archéologiques ont été découverts par des citoyens qui ont décidé de les garder chez eux pour une éventuelle commercialisation clandestine, notamment vers l'étranger où le paiement se fera en devises ' Aucun responsable détenteur de la décision politique ne pourra répondre à cette question tant les choses se font généralement à l'abri des regards. Combien de citoyens ayant découvert des objets archéologiques et historiques ont regretté de les avoir remis aux pouvoirs publics ' Là aussi personne ne peut donner une réponse exacte, même si beaucoup pensent qu'ils sont très nombreux et qu'ils ne feront plus jamais cette «erreur». Faire part de ses découvertes doit justement cesser d'être une erreur, sinon ce sera une aubaine pour les trafiquants de tout acabit qui n'hésiteront pas à expatrier les objets au profit d'un marché international avide de ces affaires juteuses. Les musées de ce fait doivent cesser d'être l'otage d'un pouvoir de décision administratif au détriment de la gestion scientifique.
M. B.


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